Fleuve | Espace Danse : Chronique de mon voyage à Dorval
19 août 2012
Critique du spectacle 1.2.3. les pieds dans l'eau de Chantal Caron.
- Dominique Thomas (Bio)
1.2.3. les pieds dans l'eau. Sur la photo : Karine Gagné, Masaharu Imazu, Geneviève Boulet, Tom Casey et Oliver Koomsatira.
La compagnie Fleuve | Espace Danse s’est invitée sur les berges de Dorval pour présenter 1.2.3 les pieds dans l’eau, créée par Chantal Caron en 2010 à St-Jean-Port-Joli. Compte-rendu d’une expérience à l’essence même de la danse in situ.
Après un périple à travers châteaux et manoirs dominant un quartier cossu de Dorval, le fleuve s’offre à ma vue. Le dépaysement exerce déjà son effet – même en plein sol montréalais. Le parc Pine Beach (le nom n’inspire-t-il pas déjà l’exotisme?), où se tiendra la représentation, longe le fleuve St-Laurent et offre une vue à époustouflante sur... Châteauguay. Les deux pieds dans la métropole, et pourtant, je me sens ailleurs. Quelques chaises de jardin et un petit attroupement hétéroclite m’indiquent où se déroulera le spectacle. J’aperçois ensuite la « scène » gazonnée, délimitée par des pierres. Les danseurs s’échauffent au loin, mais le spectacle est déjà commencé : sur le fleuve flottent les voiliers, glissent les canots et planent les oiseaux.
La musique démarre et les danseurs prennent place pour un marathon de 30 minutes. 1.2.3 les pieds dans l’eau est une pièce qui a émergé de la nature et où les formes sont celles des vagues et des oiseaux qui peuplent le quotidien de Chantal Caron. La chorégraphie est convenue; la structure, éparpillée. Pourtant, rien de cela n’a réussi à me faire décrocher puisque la magie du lieu m’a tout simplement envoûtée. L’athlétisme des danseurs tient le public en haleine, je m’incline d’ailleurs bien bas devant cette exigeante performance extérieure. Danser dehors requiert le double d’effort : l’air est mouvant, les repères absents, le sol inégal. L’espace de représentation étant ouvert, n’importe quoi − ou n’importe qui — peut arriver, comme cette fillette de deux ans qui a couru bras ouverts et fesses à l’air vers l’une des danseuses, en plein milieu d’un solo, et l’a serrée dans ses bras. C’est ce qu’on appelle la « proximité du public ». Adiós, le quatrième mur!
La danse in situ demande aussi un effort supplémentaire à nous, public. Les salles de spectacle nous choient en étouffant les sons extérieurs et en dirigeant notre regard à l’aide de l’éclairage. Le défi de Chantal Caron est de créer une pièce qui non seulement se marie avec la nature, mais qui lui vole la vedette afin de diriger notre regard qui, autrement, fuit vers la beauté du fleuve. Je dirais que la chorégraphie en soi y parvient surtout grâce aux danseurs qui, si vrais dans la lumière du coucher de soleil, interpellent le regard.
Les danseurs de Fleuve | Espace danse ont animé avec cette oeuvre les rives de plusieurs villes et villages québécois dont Sept-Îles, Péribonka, Tadoussac et Petite-Vallée. À la lumière de mon expérience de ce soir, nul besoin cependant de faire des heures de route pour vivre la danse dans ce qu’elle a de plus naturel à offrir. Sous le ciel de Dorval où les oiseaux côtoient... les avions, la danse m’a fait vibrer en harmonie avec la nature et m’a rappelé avec ravissement que cette dernière, même en ville, est à portée de main.
Pour plus d’informations sur la compagnie Fleuve | Espace Danse :
http://fleuveespacedanse.wordpress.com/
1.2.3. les pieds dans l'eau dansé avec les interprètes Daniel Firth, Ellen Furey, Gabriel Painchaud, Karine Gagné, Oliver Koomsatira ainsi qu'Ariane Marois, Angélique Caron-St-Pierre, Mélanie Bourgault (École de danse Chantal Caron).
Après un périple à travers châteaux et manoirs dominant un quartier cossu de Dorval, le fleuve s’offre à ma vue. Le dépaysement exerce déjà son effet – même en plein sol montréalais. Le parc Pine Beach (le nom n’inspire-t-il pas déjà l’exotisme?), où se tiendra la représentation, longe le fleuve St-Laurent et offre une vue à époustouflante sur... Châteauguay. Les deux pieds dans la métropole, et pourtant, je me sens ailleurs. Quelques chaises de jardin et un petit attroupement hétéroclite m’indiquent où se déroulera le spectacle. J’aperçois ensuite la « scène » gazonnée, délimitée par des pierres. Les danseurs s’échauffent au loin, mais le spectacle est déjà commencé : sur le fleuve flottent les voiliers, glissent les canots et planent les oiseaux.
La musique démarre et les danseurs prennent place pour un marathon de 30 minutes. 1.2.3 les pieds dans l’eau est une pièce qui a émergé de la nature et où les formes sont celles des vagues et des oiseaux qui peuplent le quotidien de Chantal Caron. La chorégraphie est convenue; la structure, éparpillée. Pourtant, rien de cela n’a réussi à me faire décrocher puisque la magie du lieu m’a tout simplement envoûtée. L’athlétisme des danseurs tient le public en haleine, je m’incline d’ailleurs bien bas devant cette exigeante performance extérieure. Danser dehors requiert le double d’effort : l’air est mouvant, les repères absents, le sol inégal. L’espace de représentation étant ouvert, n’importe quoi − ou n’importe qui — peut arriver, comme cette fillette de deux ans qui a couru bras ouverts et fesses à l’air vers l’une des danseuses, en plein milieu d’un solo, et l’a serrée dans ses bras. C’est ce qu’on appelle la « proximité du public ». Adiós, le quatrième mur!
La danse in situ demande aussi un effort supplémentaire à nous, public. Les salles de spectacle nous choient en étouffant les sons extérieurs et en dirigeant notre regard à l’aide de l’éclairage. Le défi de Chantal Caron est de créer une pièce qui non seulement se marie avec la nature, mais qui lui vole la vedette afin de diriger notre regard qui, autrement, fuit vers la beauté du fleuve. Je dirais que la chorégraphie en soi y parvient surtout grâce aux danseurs qui, si vrais dans la lumière du coucher de soleil, interpellent le regard.
Les danseurs de Fleuve | Espace danse ont animé avec cette oeuvre les rives de plusieurs villes et villages québécois dont Sept-Îles, Péribonka, Tadoussac et Petite-Vallée. À la lumière de mon expérience de ce soir, nul besoin cependant de faire des heures de route pour vivre la danse dans ce qu’elle a de plus naturel à offrir. Sous le ciel de Dorval où les oiseaux côtoient... les avions, la danse m’a fait vibrer en harmonie avec la nature et m’a rappelé avec ravissement que cette dernière, même en ville, est à portée de main.
Pour plus d’informations sur la compagnie Fleuve | Espace Danse :
http://fleuveespacedanse.wordpress.com/
1.2.3. les pieds dans l'eau dansé avec les interprètes Daniel Firth, Ellen Furey, Gabriel Painchaud, Karine Gagné, Oliver Koomsatira ainsi qu'Ariane Marois, Angélique Caron-St-Pierre, Mélanie Bourgault (École de danse Chantal Caron).