Grande probabilité d'averses de danse contemporaine
6 septembre 2012
Article de l'événement Les Escales Improbables.
- Oliver Koomsatira
Mandoline Hybride (les danseuses Harmonie Fortin-Leveillé et Priscilla Guy). Crédits : Antoine Quirion Couture.
Depuis 2004, les co-fondateurs Sylvie Teste et Mustapha Terki présentent le festival international Les Escales Improbables de Montréal, mettant en vedette des artistes de toutes sortes de disciplines. Heureusement pour les artistes de la danse, l'événement annuel inclus plusieurs chorégraphes à chaque édition. Cette année, le festival accueille trois spectacles de danse montréalais qui auront lieu dans des espaces qui sortent de l'ordinaire. Au lieu d'essayer d'attirer des spectateurs vers une boîte noire, pourquoi ne pas simplement aller directement là où les gens sont? Pour ceux qui sont nouveaux dans l'univers de la danse contemporaine, on parle ici du travail «in situ», qui signifie plus ou moins l'art de créer une oeuvre pour un lieu spécifique, qui n'est généralement pas un lieu de diffusion traditionnel tel un théâtre. Vous avez tout compris, ça peut avoir lieu n'importe où, n'importe quand! Dans un restaurant, une rue, un stationnement, un arrêt d'autobus, etc… Excitant, n'est-ce pas?
Et qui sont les heureux élus cette année? Trois chorégraphes ingénieux: Emmanuel Jouthe, Milan Gervais ainsi que Priscilla Guy du Collectif Mandoline Hybride. Danse Nouvelles Montréal a eu la chance de s'entretenir avec ces jeunes chorégraphes pour en savoir plus sur ce qui les attire dans la danse «in situ».
En premier lieu, Emmanuel Jouthe nous a partagé pourquoi il fait de la danse «in situ»: «L'In Situ est pour moi un appel et une nécessité pour traduire l'environnement autrement. En mon sens, la danse peut-être partout. Raison de plus pour susciter l'imaginaire des gens, autant à l'intérieur qu'en extérieur.» En effet, lorsque vous voyez un spectacle dans un espace public, il est fort probable que des images puissantes refassent surface à chaque fois que vous repasserez à cet endroit. Rien de mieux pour revitaliser notre architecture! Outre les caprices de Dame Nature tel que la pluie, M. Jouthe dit que les défis rencontrés dans ce type de création diffèrent d'une fois à l'autre. Par contre, il dit apprécier l'importance de l'inhabituel de la danse «in situ» : «Comment bien le suggérer et avoir la chance d'être témoin des réactions de l'auditoire et des passants.» conclu-t-il.
De son côté, la chorégraphe du Collectif Mandoline Hybride nous partagea pourquoi elle fait de la danse dans ces lieux qui sortent de l'ordinaire, c'est-à-dire de l'ordinaire de la scène, pour s'intégrer dans le quotidien de monsieur-madame tout le monde: «Si la danse naît d'un langage du corps qu'on dit universel et si le mouvement est un point commun entre nos enveloppes charnelles qui vieillissent ensemble, il me semble naturel d'envisager mon art dans un contexte qui soit accessible à mes semblables, amateurs de danse ou néophytes. Aller rejoindre un public par le biais de ce qu'il connaît (contextes quotidiens, lieux et espaces partagés en société) est pour moi une façon de démocratiser la danse, de questionner l'art dans un rapport à la communauté et d'inscrire le langage de la danse dans l'imaginaire des gens par nos références communes.»
En effet, le langage universel de la danse a souvent une qualité sacrée assez puissante qui alimente l'imaginaire des gens. Quoi de mieux que de la partager avec des personnes que l'on croise par hasard? Elle continua: «Quel est le point d'intersection entre le témoin de l'oeuvre et son créateur? Le «connu» ou le «reconnaissable» devient une courroie de transmission pour établir un rapport de réciprocité entre le lieu, les artistes et leur public. On accède à l'oeuvre par l'entremise de son propre historique d'un lieu ou d'un espace, d'un contexte familier. J'aime à penser que mes oeuvres sont des épisodes tissés d'humanité, qui viennent accrocher le spectateur là où il se reconnaît, mais qui le transportent là où mon récit prend vie.»
Vous avez envie d'être témoin d'une expérience dans laquelle l'art sort dans la rue et rencontre le quotidien? Attention, vous pourriez être surpris à vous trouver sur le lieu d'une prestation sans même le savoir! Pour ceux et celles qui voudraient préméditer cette rencontre, sachez qu'il y aura des spectacles du 7 au 9 septembre. Pour plus d'information sur la programmation, rendez-vous sur le site internet du festival.
http://www.escalesimprobables.com/2012/spectacles/
Entrevue avec Milan Gervais qui présentera un spectacle dans le cadre des Escales Improbables.