Séjour grandiose et tragique de l'humanité à l'Usine C
8 décembre 2015
Article à propos du spectacle Au sein des plus raides vertus de Catherine Gaudet, présenté par l'Usine C.
- Oliver Koomsatira
La chorégraphe Catherine Gaudet présentera sa pièce Au sein des plus raides vertus à l'Usine C du 8 au 10 décembre. Comme le titre le mentionne si bien, le spectacle traite entre autres des vertus que l'on s'efforce parfois farouchement d'entretenir. La créatrice de l'oeuvre nous en dit un peu plus long sur le processus de création. Tout d'abord, d'où proviennent ses inspirations? « Même si j’ai certaines intuitions, je ne décide pas du thème à exploiter en amont du processus de création car je veux laisser place à l’inattendu. Lors de la création, je demeure à l’écoute de ce qui est latent en chacun de nous et dans le frottement de nos personnalités; à l’écoute de ce qui veut naître. Au fur et à mesure de nos explorations, nous choisissons celles qui nous semblent les plus intéressantes. Ce n’est qu’ensuite, lorsque ce tri est fait, que nous pouvons déceler plus exactement la ligne thématique qui traverse la pièce. Nous réussissons donc seulement vers la fin de la création à cerner davantage de quoi parle la pièce. » Étant des créatures complexes, nous vivons parfois notre existence avec certaines contradictions psychologiques. La chorégraphe n'a pas hésité à s'en inspirer afin de donner forme à la pièce : « Dans Au sein des plus raides vertus, nous avons réalisé que les danseurs oscillaient entre tentatives d’élévation et de régulation de leur être et pulsions souterraines inavouées et inapprivoisées qui les font dérailler. Pour pallier à leur insécurité, ils tentent de correspondre à un idéal normé, mais des forces, des pulsions ressurgissent constamment, et d’autant plus monstrueusement qu’ils s’en croient protégés. La foi a ici plusieurs visages; elle correspond à une tentative de se sécuriser, elle est leur rempart voué à craquer sous la force de leur « démons » intérieurs méconnus. »
En traitant d'un sujet plutôt concret, Catherine Gaudet berce-t-elle un peu dans l'univers théâtral? Elle nous explique comment l'aspect rationnel se mêle à l'abstrait de la danse : « Je m’intéresse aux multiples intentions qui nous traversent, plus ou moins consciemment, au sein d’une situation précise. Par exemple, dans la pièce, les interprètes tentent de créer du beau, ou de faire preuve de bons sentiments. Je me suis alors intéressée aux forces qui pouvaient faire craquer ce voile lisse. À l’intérieur de ces situations que nous avons d’abord mis en place, nous avons investi le corps et l’esprit de forces contraires; de forces qui menacent l’ordre établi. Cela se traduit par des corps qui sont bougés d’intentions contradictoires; pris en tension. Cela se révèle parfois de manière plus physique, parfois de manière plus théâtrale. » Dans le même ordre d'idées, la créatrice a lancé plusieurs défis à ses interprètes, notamment en leur demandant de chanter et d'utiliser leur voix de manière théâtrale. Elle nous en dit plus sur ce cheminement particulier : « Le processus s’est étendu sur une année où nous avons exploré et cherché tous ensemble la dramaturgie de la pièce. Plusieurs défis importants se sont présentés, oui. Je pense entre autres à l’aspect très sombre de la pièce. Pour moi, il est très intéressant de toucher à ces zones d’ombres, ces zones troubles. Mais cela fait aussi en sorte que ce n’est pas un spectacle « feel good ». À cause de ça, la réaction du public est plus incertaine, et c’est parfois insécurisant pour nous. Sinon, plusieurs défis se sont présentés au niveau technique : les danseurs chantent dans la pièce; il a donc fallu obtenir un coaching spécialisé. C’est aussi une pièce avec un aspect théâtral où la voix a une place importante; il a donc fallu travailler cet aspect avec attention. »
Ayant présenté ses oeuvres au Danemark, en Belgique, ainsi qu'en France, nous lui avons demandé de nous parler des différences qu'elle observe dans les courants d'Europe : « Il m’est difficile de répondre à cette question. Je ne connais pas assez les courants européens. Mais je peux dire que je perçois une aisance plus grande face à l’art conceptuel en général. Je dirais qu’ici, le travail chorégraphique est plus brut, plus émotif, moins cérébral. Mais c’est une bien grosse généralité qui ne s’appuie pas sur beaucoup de preuves. J’ai aussi senti, à Berlin entre autres, une plus grande valorisation de la recherche, et moins d’inquiétude, chez les artistes, à présenter des œuvres risquées, fragiles, difficiles, parfois même inachevées. Comme si l’intérêt n’était pas le produit fini et léché, mais l’exploration et la recherche. C’est une grande leçon. » En parlant d'Europe, Catherine Gaudet n'a pas fini de la visiter car son travail s'y retrouvera une fois de plus très bientôt : « Pour Au sein des plus raides vertus, nous attendons des confirmations de dates pour l’Europe, notamment pour présenter la pièce chez un de nos coproducteurs; le Théâtre le Phénix, en France. Sinon, ma prochaine pièce La très excellente et lamentable tragédie de Roméo et Juliette, conçue avec le metteur en scène Jérémie Niel en co-création avec Francis Ducharme et Clara Furey, sera présentée en première à l’Usine C en janvier 2016 et au Théâtre de Chaillot (Paris) en avril 2016. D’autres dates sont à suivre. »
Vous savez maintenant où ça se passe, ne manquez pas la chance de voir le spectacle, trois soirs seulement! Pour plus de détails, visitez le site web de l'Usine C. http://usine-c.com/spectacles/ausein/
Interprètes dans le spectacle : Dany Desjardins, Francis Ducharme, Caroline Gravel et Annik Hamel.
En traitant d'un sujet plutôt concret, Catherine Gaudet berce-t-elle un peu dans l'univers théâtral? Elle nous explique comment l'aspect rationnel se mêle à l'abstrait de la danse : « Je m’intéresse aux multiples intentions qui nous traversent, plus ou moins consciemment, au sein d’une situation précise. Par exemple, dans la pièce, les interprètes tentent de créer du beau, ou de faire preuve de bons sentiments. Je me suis alors intéressée aux forces qui pouvaient faire craquer ce voile lisse. À l’intérieur de ces situations que nous avons d’abord mis en place, nous avons investi le corps et l’esprit de forces contraires; de forces qui menacent l’ordre établi. Cela se traduit par des corps qui sont bougés d’intentions contradictoires; pris en tension. Cela se révèle parfois de manière plus physique, parfois de manière plus théâtrale. » Dans le même ordre d'idées, la créatrice a lancé plusieurs défis à ses interprètes, notamment en leur demandant de chanter et d'utiliser leur voix de manière théâtrale. Elle nous en dit plus sur ce cheminement particulier : « Le processus s’est étendu sur une année où nous avons exploré et cherché tous ensemble la dramaturgie de la pièce. Plusieurs défis importants se sont présentés, oui. Je pense entre autres à l’aspect très sombre de la pièce. Pour moi, il est très intéressant de toucher à ces zones d’ombres, ces zones troubles. Mais cela fait aussi en sorte que ce n’est pas un spectacle « feel good ». À cause de ça, la réaction du public est plus incertaine, et c’est parfois insécurisant pour nous. Sinon, plusieurs défis se sont présentés au niveau technique : les danseurs chantent dans la pièce; il a donc fallu obtenir un coaching spécialisé. C’est aussi une pièce avec un aspect théâtral où la voix a une place importante; il a donc fallu travailler cet aspect avec attention. »
Ayant présenté ses oeuvres au Danemark, en Belgique, ainsi qu'en France, nous lui avons demandé de nous parler des différences qu'elle observe dans les courants d'Europe : « Il m’est difficile de répondre à cette question. Je ne connais pas assez les courants européens. Mais je peux dire que je perçois une aisance plus grande face à l’art conceptuel en général. Je dirais qu’ici, le travail chorégraphique est plus brut, plus émotif, moins cérébral. Mais c’est une bien grosse généralité qui ne s’appuie pas sur beaucoup de preuves. J’ai aussi senti, à Berlin entre autres, une plus grande valorisation de la recherche, et moins d’inquiétude, chez les artistes, à présenter des œuvres risquées, fragiles, difficiles, parfois même inachevées. Comme si l’intérêt n’était pas le produit fini et léché, mais l’exploration et la recherche. C’est une grande leçon. » En parlant d'Europe, Catherine Gaudet n'a pas fini de la visiter car son travail s'y retrouvera une fois de plus très bientôt : « Pour Au sein des plus raides vertus, nous attendons des confirmations de dates pour l’Europe, notamment pour présenter la pièce chez un de nos coproducteurs; le Théâtre le Phénix, en France. Sinon, ma prochaine pièce La très excellente et lamentable tragédie de Roméo et Juliette, conçue avec le metteur en scène Jérémie Niel en co-création avec Francis Ducharme et Clara Furey, sera présentée en première à l’Usine C en janvier 2016 et au Théâtre de Chaillot (Paris) en avril 2016. D’autres dates sont à suivre. »
Vous savez maintenant où ça se passe, ne manquez pas la chance de voir le spectacle, trois soirs seulement! Pour plus de détails, visitez le site web de l'Usine C. http://usine-c.com/spectacles/ausein/
Interprètes dans le spectacle : Dany Desjardins, Francis Ducharme, Caroline Gravel et Annik Hamel.