Cinq oeuvres originales présentées à Danses Buissonnières
21 septembre 2014
Article sur l'événement Danses Buissonnières présenté par Tangente.
- Oliver Koomsatira
Comme à chaque début de saison, Tangente offre une opportunité en or à plusieurs jeunes chorégraphes afin qu'ils puissent présenter une courte pièce de 10 minutes lors de l'événement Danses Buissonnières. Cette année, les cinq créateurs sélectionnés sont Gabrielle Bertrand-Lehouillier de l'UQAM, Chloé Bourdages-Roy de Concordia, Marie Lambin-Gagnon de l'École Divertimento et TDT, Jason Martin de l'École de danse contemporaine de Montréal et Nathan Yaffe de Purchase College à New York. Les représentations auront lieu du 25 au 27 septembre à 19h30 ainsi que le 28 septembre à 16h au Studio Hydro-Québec du Monument National. Danse Nouvelles Montréal s'entretient avec les chorégraphes pour en savoir plus sur leurs oeuvres.
En premier lieu, nous avons demandé à chaque créateur de nous expliquer l'origine de sa pièce. Gabrielle Bertrand-Lehouillier nous en dit plus sur « Naïve ? » : « La pièce s'est élaborée à partir d'un essai personnel de définition sur la naïveté et il a généré beaucoup de questions. Quel est donc cet état de l'être humain que certains gardent plus que d'autres au sortir de l'enfance ? Et comment pouvons-nous retrouver le sentiment de cet état ? » Pour sa part, Chloé Bourdages-Roy nous partage quelques mots sur « Je fuis, j’oublie, je reste » : « Huit femmes forment un groupe uni; ensemble par choix, par paresse, par habitude... » Marie Lambin-Gagnon s'inspire quant à elle d'un voyage pour sa pièce «WTF» : « Après un séjour à Berlin, j'ai été émerveillée par l'omniprésence du mouvement communément appelé «Street Art» ou «Art de Rue». Les qualités distinctives de ce mouvement ont éveillées en moi un désir d'apporter les mêmes qualités dans ma démarche artistique. Mon attirance pour le «Street Art» se situe dans son accessibilité pour un large public et dans son contenu qui semble sans prétention, mais dont le message reste fort. «WTF», s'agit d'une pièce inspirée de l'influence qu'à eu la culture populaire nord américaine dans la vie des danseuses et la mienne depuis notre enfance et encore aujourd'hui. » Pour Jason Martin, l'inspiration provient plutôt de la sensation qu'il souhaite générer chez les spectateurs et ses interprètes : « Garder en haleine, voilà la maxime qui sert de base fondamentale à ce projet. En fait, le but premier était de procurer autant chez les interprètes que les spectateurs, l'état de vigilance permanent qui existe lorsque l'être humain se retrouve devant l'inconnu. C'est d'ailleurs à ce moment que celui-ci se laisse habiter pleinement par ses instincts, ce qui l'amène à réagir de manière spontanée en réponse à ce qui lui est proposé. » Finalement, Nathan Yaffe s'appuie principalement sur le phénomène tabou du voyeurisme dans notre société : « Mon processus de création pour «The Johnsons» a commencé en trouvant des images surréalistes et des juxtapositions qui donnent une impression d'un étrange, possiblement extraterrestre, couple voisin. Je voulais exciter le public de la même façon dont un voyeur ressent l'obligation d'espionner son voisin par la fenêtre. La version «in-situ» de cette pièce a eu lieu à l'intérieur du garage d'un immeuble à appartements. Avec le public verrouillé à l'extérieur, ils ont été obligés de regarder à travers les fenêtres pour voir ce qui se passait à l'intérieur. Quand j'ai commencé à adapter «The Johnsons» pour la boîte noire du théâtre, j'ai trouvé qu'il était difficile de cultiver ce même sentiment de voyeurisme qu'on retrouvait naturellement dans l'appartement. Le théâtre est déjà, en quelque sorte, un espace de voyeurisme socialement accepté; le public est assis dans l'obscurité, regardant des drames se dérouler entre des étrangers sur scène. »
Maintenant que nous sommes familiarisés avec la prémisse de base de chaque oeuvre, apprenons-en plus sur le processus de création ainsi que sur les défis que chaque artiste a rencontré sur son passage. Pour Gabrielle, le plus grand défi fut le tiraillement entre le cerveau et le corps : « Le fait d'avoir un écrit à l'origine d'une pièce chorégraphique a été dangereux, mais d'autant plus intéressant. Le danger est de laisser le cerveau tout contrôler, alors qu'en danse, c'est le corps qui doit se faire le véhicule de cette pensée. Il s'agit d'un beau défi de transposition entre deux arts. » Du côté de Chloé, le processus fut plutôt coopératif en compagnie de ses interprètes : « Beaucoup de questions ont été soulevées pendant les répétitions, et nous tentions toujours d'y trouver une réponse ensemble. C'est un travail de collaboration entre mes interprètes et moi. » Pour Marie, quoique la création fut très agréable, un remplacement d'une danseuse fut le plus grand de ses défis : « Le processus créatif a été très agréable, enrichissant et drôle par moment. Je crois que le défi le plus grand durant le processus a été de remplacer une de mes danseuses quelques semaines avant le spectacle (Kristen Carcone en remplacement de Erin Poole). Comme je prends en considération la personnalité et l'histoire de chacune des danseuses dans mon processus créatif, j'avais le défi d'intégrer un nouveau personnage dans un monde qui était déjà établi. La collaboration avec Kristen Carcone m'a amené à découvrir différents aspects dans ma pièce et de travailler encore plus en profondeur dans l'univers de «WTF». Merci à toutes mes danseuses pour leur travail extraordinaire et leur générosité! » En ce qui concerne Jason, les contraintes de temps et de ressources furent les obstacles les plus grands du processus : « Ce fut un processus de création qui se devait d'être extrêmement efficace, puisque le temps alloué à la création ne fut pas terriblement grand; l'argent est un facteur qui fait parfois défaut en art... Dès lors, il fallait être pragmatique en tout temps et croire rapidement en la tangente que prenait la pièce. Heureusement, j'étais admirablement bien entouré avec mes collaborateurs Kim Henry et PACLOW (Étienne Vézina). En outre, le seul fait de créer et d'ensuite avoir la chance de présenter son œuvre est sans nul doute un incontournable en ce qui a trait à l’enrichissement personnel. » Finalement, pour Nathan, il fut principalement important de sortir des sentiers battus : « Je recherche l'impulsion derrière le désir humain d'espionner les étrangers. J'ai trouvé que toute l'imagerie du couple se lisait comme étant « étrange » et « étranger » si la nature de leur relation restait ambiguë. J'ai recentré toutes les idées de mouvement à travers le prisme du « suspect vs ordinaire » et j'ai cherché à placer chaque moment sur la ligne entre les deux, la dynamique de leur relation vacillant continuellement entre ce qui est blessant et ce qui est inoffensif. J'ai également fait attention de ne pas mettre le personnage féminin dans le rôle traditionnel de la femme soumise sexuellement ou de la victime de force physique. Ceci est important non seulement parce que ces images sont beaucoup trop courantes dans notre société, et en particulier dans la danse, mais parce qu'elles placent la relation des Johnsons dans un cadre confortable et reconnaissable, ce qui est exactement ce que j'essaie d'éviter. »
Voilà ce qui conclu le survol des oeuvres qui sont présentées cette semaine. Vingt artistes vous attendent au Monument National pour vous présenter le fruit de leurs efforts créatifs. Si vous hésitez encore, voici quelques mots des chorégraphes qui pourront peut-être piquer votre curiosité sur ce qui vous attend : « Surprise! » « Les artistes de danses buissonnières cette année partent dans cinq directions complètement différentes. Le public peut s'attendre à tout! » « J'ai l'espoir que le public se tiendra au bout de son siège... en transe. » « Un coup d'oeil dans le monde privé de ceux qui vivent juste à côté de nous; il pourrait vous en dire plus sur vous que sur eux. » « Le mieux, c'est d'être réceptif et de ne pas trop se poser de questions… » À vous de découvrir à quel chorégraphe appartient chacune de ces phrases…
Lien au site web de Tangente pour plus de détails :
http://www.tangente.qc.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=120
Lien au site web de Tangente pour plus de détails :
http://www.tangente.qc.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=120
Artistes dans les pièces présentées :
Je fuis, j'oublie, je reste
Chorégraphe : Chloé Bourdages-Roy
Interprétes : Andrée-Anne Giasson, Catherine Laframboise Desjardins, Élise Landry, Roxanne Larochelle-Mosseau, Cassandre Lescarbeau, Rebecca Rehder, Anne-Marie Rosa, Kim L. Rouchdy
Naïve
Chorégraphe : Gabrielle Bertrand-Lehouillier
Raw
Chorégraphe et interprète : Jason Martin
Interprète : Kim Henry
Interprète, musicien : Étienne Vézina
The Jonhsons
Chorégraphe et interprète : Nathan Yaffe
Interprète : Angie Cheng
Musicien et interprète : Patrick Conan
WTF
Chorégraphe : Marie Lambin-Gagnon
Interprètes : Kristen Carcone, Michelle Zimmerman, Kathia Wittenborn
Je fuis, j'oublie, je reste
Chorégraphe : Chloé Bourdages-Roy
Interprétes : Andrée-Anne Giasson, Catherine Laframboise Desjardins, Élise Landry, Roxanne Larochelle-Mosseau, Cassandre Lescarbeau, Rebecca Rehder, Anne-Marie Rosa, Kim L. Rouchdy
Naïve
Chorégraphe : Gabrielle Bertrand-Lehouillier
Raw
Chorégraphe et interprète : Jason Martin
Interprète : Kim Henry
Interprète, musicien : Étienne Vézina
The Jonhsons
Chorégraphe et interprète : Nathan Yaffe
Interprète : Angie Cheng
Musicien et interprète : Patrick Conan
WTF
Chorégraphe : Marie Lambin-Gagnon
Interprètes : Kristen Carcone, Michelle Zimmerman, Kathia Wittenborn