8 ans, 14 ans plus tard, 2 solos de maîtres sont redécouverts.
23 sept. 2011
Critique de "Sente" de Lucie Grégoire et "Cygn etc..." de Pedro Pauwels.
-Oliver Koomsatira
Lucie Grégoire dans «Sente». Photo de Angelo Barsetti.
Une grande chorégraphe et danseuse contemporaine de Montréal a présenté hier soir une oeuvre de son large répertoire de création. Lucie Grégoire, avec plus d'une trentaine de créations chorégraphiques à son actif a envoûté le public de la maison de la culture Côte-des-Neiges avec sa reprise de Sente, créée en 1994.
Accompagnée d'un poème enregistré, écrit et interprété par Denise Desautels, Lucie a interprété un solo inspiré des femmes qu'elle a observé durant ses recherches à l'étranger. Imbibée d'une gestuelle douce et sensuelle, elle se berce avec grâce et dignité. Les éclairages subtiles l'illuminent d'une façon telle qu'on a l'impression de voir son aura lorsqu'elle coupe l'air avec ses mains vivantes. Dansant à la fois sur la musique, sur les mots du poème, sur la voix de Denise, sur sa propre musicalité, elle a offert une interprétation mature et intrigante. Qui est ce personnage? À quoi pense-t-elle? Pourquoi danse-t-elle un «slow» toute seule? Est-ce un fantôme? Les questions s'évaporent et nous ne pouvons que l'observer et être nostalgique comme elle.
Véritablement une oeuvre intemporelle, comme elle l'a elle-même si bien mentionné par la suite durant la médiation culturelle. Une oeuvre pouvant être dansée par une femme de 30 ans, 50 ans, 70 ans, à l'intérieur, dans une cuisine, à l'extérieur, dans un jardin, peu importe. Où que se soit, l'esprit de cette femme mystérieuse continu son voyage à travers les époques. Un grand baume pour le coeur.
Par la suite, Pedro Pauwels, danseur et chorégraphe venu de la France, a livré sa première montréalaise de Cygn etc…. Dès le tout début de son entrée sur scène, nous sommes tout simplement captivé par son air tourmenté. Tout ce qu'on a vu avant qu'il entre sur scène est un vieux film en noir et blanc d'Ana Pavlova qui danse dans La Mort du cygne.
Pourquoi est-il donc si sombre? Il se place au sol et nous sommes soudainement bouleversé. Pour ceux qui ne le connaissent pas, c'est un choc total. Nous ressentons instinctivement un sentiment de compassion et de sympathie, à la fois par son interprétation, mais aussi par l'être qu'il est et le défi que la vie lui a apporté. Avec une toute nouvelle dimension ajouté à l'oeuvre, nous voyons maintenant beaucoup plus qu'un vétéran de la danse contemporaine, c'est un être humain en chair et en os qui nous dévoile la plus intime parcelle de son âme.
Le concept très original fût de se faire créer 8 solos par 8 chorégraphes, dont Anne-Marie Reynaud, Odile Duboc, Carolyn Carlson, Françoise Dupuy, Elsa Wolliaston, Wilfride Piollet, Patricia Karagozian et Zaza Disdier, toutes ayant pour mandat de créer sur le thème de "La Mort du Cygne". Chacun des solos, complètement différents les uns des autres, vient nous toucher, par son interprétation puissante et si authentique. Impossible de rester indifférent en observant cet être mourir injustement. L'injustice prend un tout autre sens lorsque l'un de ces solos semble révéler un évènement tragique de sa vie.
Construite en crescendo, chaque pièce s'intensifie de façon émotive et physique. On le voit récupérer son énergie et sa respiration entre chaque pièce et l'on se demande comment il va continuer après s'être vidé complètement. Il continue. Il danse avec émotion, avec fougue, avec une ouverture inspirante. On ne peut qu'en sortir ému.
Pour voir ces 2 icônes de la danse contemporaine, contactez la maison de la culture Rosemont-la-petite-patrie au 514-872-1730. Le spectacle est offert gratuitement ce soir. Pour plus de détails, visitez le site de Quartiers Danses.
http://www.quartiersdanses.com/2011/08/lucie-gregoire-montreal-pedro-pauwels-france/