Nouvelle oeuvre explorant les frontières
Article à propos du spectacle Lamelles de Cédric Delorme-Bouchard présenté à l'Usine C.
28 avril 2018
- Oliver Koomsatira
L’Usine C a l’habitude de présenter des oeuvres qui sortent des sentiers battus. Que ce soit à travers l’expérimentation ou le mélange de disciplines, il y a toujours un sentiment de liberté dans leur choix. Cette fois-ci, le diffuseur offre la chance à un artiste qui n'enfile pas normalement le chapeau de porteur de projet de signer une pièce. Généralement, Cédric Delorme-Bouchard a le rôle de concepteur d’éclairage et de scénographe. Maintenant qu’il a l’opportunité d’assurer la mise en scène de son oeuvre, il nous explique qu’elle différence il voit dans ce processus : « Concepteur lumière et scénographe, mon médium de création est l’espace et la lumière. C’est des plus manifestes avec Lamelles. La différence que cette œuvre revêt est le caractère très personnel de l’esthétique et de la thématique puisque je peux en diriger chaque facette. Avec ma formidable équipe de création, performeurs, espace, musique et costumes deviennent autant de langages différents qui s’ajoutent à ma maîtrise de la lumière pour créer une œuvre achevée. J’ai eu jusqu’à présent la chance de signer plus de 80 conceptions lumière et scénographiques entre Montréal, l’Amérique du Sud, l’Europe et l’Asie avec un éventail de metteurs en scène et de chorégraphes de renom. J’ai toujours su que viendrait le temps de m’attaquer à une création personnelle. La différence principale est que, comme metteur en scène / chorégraphe de cette œuvre, la lumière et l’espace ne sont pas au service des mots ou des mouvements d’un autre créateur, mais deviennent le moyen par lequel se développe l’œuvre. Dans un corps à corps incessant, la rencontre entre la lumière et les corps constitue le projet lui-même. »
Comment a débuté cette aventure qui risque d’avoir un impact important sur le reste de son cheminement artistique? « L’idée de ce projet est survenue en m’intéressant à la notion de seuil et de limite comme théorisé dans les écrits et essais sur l’architecture. Des réflexions sur le thème de frontière en lien avec les différents espaces de vie : espace intime, espace corporel, espace public, espace politique, espace architectural, espace onirique, etc. Les frontières entre l’ouvert et le fermé, entre l’intérieur et l’extérieur, le rapport avec l’autre, l’inconnu, l’étrange. J’ai puisé mes inspirations dans un long processus de documentation dans les textes d’architectes et penseurs tels Juhani Pallasmaa, Tadao Ando, Le Corbusier, Frank Lloyd Wright, Mies van der Rohe, Pierre von Meiss, Louis Kahn, Alvar Aalto. En tout, ce sont les écrits et réflexions d’une vingtaine d’architectes et philosophes de l’espace qui ont été à l’origine de la pulsion créatrice de ce projet chorégraphique, dans un désir de transposer poétiquement leurs questionnements par le travail du corps et de la lumière. »
Bien que l’art contemporain n’ait souvent pas de trame narrative précise comme le théâtre classique, le créateur de Lamelles a tout de même des thématiques définies qui englobent sa conception : « Le concept de frontière est le point de départ de la création, mais le travail chorégraphique entre corps et lumière a fait surgir une imagerie très forte relevant de la condition de l’être humain dans ce qu’elle a de plus fondamentale : naissance, communauté, solitude, peur, pulsion de vie, pulsion de mort. Cette relation chorégraphique entre chair et lumière a abouti à une trame chorégraphique imprégnée par la fragilité et la finitude de la condition humaine. Un équilibre entre l’être humain dans sa réalité biologique, animale, mortelle et son désir de transcendance, de sublime, de métaphysique. Le tout offre un tableau universel et sensible du concept de frontière, loin d’une approche froide ou intellectuelle. Lorsque je vois le résultat final de Lamelles, je ne peux m’empêcher de penser à la scène du rivage de Tree of Life de Terrence Malick où le temps est suspendu entre futur et passé avec hommes et femmes de toutes époques allant à la rencontre l’un de l’autre. »
Bien que l’art contemporain n’ait souvent pas de trame narrative précise comme le théâtre classique, le créateur de Lamelles a tout de même des thématiques définies qui englobent sa conception : « Le concept de frontière est le point de départ de la création, mais le travail chorégraphique entre corps et lumière a fait surgir une imagerie très forte relevant de la condition de l’être humain dans ce qu’elle a de plus fondamentale : naissance, communauté, solitude, peur, pulsion de vie, pulsion de mort. Cette relation chorégraphique entre chair et lumière a abouti à une trame chorégraphique imprégnée par la fragilité et la finitude de la condition humaine. Un équilibre entre l’être humain dans sa réalité biologique, animale, mortelle et son désir de transcendance, de sublime, de métaphysique. Le tout offre un tableau universel et sensible du concept de frontière, loin d’une approche froide ou intellectuelle. Lorsque je vois le résultat final de Lamelles, je ne peux m’empêcher de penser à la scène du rivage de Tree of Life de Terrence Malick où le temps est suspendu entre futur et passé avec hommes et femmes de toutes époques allant à la rencontre l’un de l’autre. »
Étant à ses débuts à titre de metteur en scène et chorégraphe, Cédric Delorme-Bouchard nous assure cependant que ça ne sera pas sa dernière pièce : « Ne pouvant en révéler davantage tant sur le lieu que sur le projet, je peux annoncer que je présenterai ma seconde création lors de la saison 2018-2019. À cela s’ajoutera une troisième création qui est en chantier pour 2019-2020. Bien que je continue à signer des projets comme concepteur lumière et scénographe, je considère être à un tournant dans ma carrière et j’ai très hâte de dévoiler mes prochaines créations. » Ce n’est pas tout, il continuera aussi de concevoir des éclairages pour d’autres en marquant une étape importante : « La saison prochaine, j’aurai encore la chance de signer la lumière pour plusieurs créations dont Candide d’après Voltaire présenté au TNM, mis en scène par Alice Ronfard et Ce qu’on attend de moi dirigé par les sublimes Philippe Cyr et Gilles Poulin-Denis au CNA. À cela s’ajoutera une quinzaine de conceptions entre Montréal et l’Europe. Lors de la saison 2018-2019, je signerai ma 100e conception pour la scène. » Lamelles est présenté du 2 au 5 mai. Pour plus de détails, visitez le site web de l’Usine C. http://usine-c.com/lamelles/
Interprètes : Laurence Castonguay Emery, Mélanie Chouinard, Jennyfer Desbiens, Danielle Lecourtois, Myriam Foisy, Emanuel Robichaud, Alexis Trépanier.
Interprètes : Laurence Castonguay Emery, Mélanie Chouinard, Jennyfer Desbiens, Danielle Lecourtois, Myriam Foisy, Emanuel Robichaud, Alexis Trépanier.