La compagnie Voetvolk offre une fusion sublime de danse et de musique live
24 février 2012
Critique de Birth of Prey de Lisbeth Gruwez.
- Oliver Koomsatira
Photo de Birth of Prey de la compagnie Voetwolk.
Après la comédie musicale contemporaine Merry Age à l'Agora de la danse, Montréal reçoit le show pop rock contemporain Birth of Prey à l'Usine C ! Créée par Lisbeth Gruwez, cette œuvre danse/concert explore « les rituels et le langage corporel de nos pulsions animales. » Animal ? C'est le moins qu'on puisse dire. Dès le début de la pièce, nous avons l'impression de voir naître un extraterrestre et de le voir sortir de son cocon visqueux. Comme une larve perçant la coquille molle qui l'emprisonne, Lisbeth s'ondule en déchirant son nid maternel, image vivement créée par les pulsions hypnotisantes de son dos. Nous avons même droit à une sorte de dislocation de ses omoplates à la Bruce Lee… pour ceux qui ont déjà vu n'importe lequel de ses films.
Passant de larve à primate, Lisbeth se lance avec fougue et agressivité dans une personnification d’une justesse spectaculaire de nos ancêtres plus poilus et nettement plus agiles que nous. Pour quelqu'un qui n'a jamais vu danser Lisbeth Gruwez, c'est à ce moment là que l'on constate exactement à qui on a affaire. Sans l'ombre d'un doute, c'est une danseuse de haut calibre, tant au niveau de la technique qu'au niveau de l'interprétation. Ce qui la rend si captivante à regarder à première vue, c'est son imprévisibilité. Elle passe d'un mouvement à l'autre avec deux qualités distinctes de manière à nous surprendre à tout coup. C'est le genre de danseuse que nous pourrions observer pendant des heures sans nous lasser.
Guidée par le rythme entraînant de son batteur et les mélodies dynamisantes de son guitariste, Dave Schroyen et Maarten Van Cauwenberghe, la soliste se lance dans une prestation de rock impromptue. Ainsi, de façon plutôt comique et dérangeante, elle détient pour un moment le rôle de la chanteuse rock étoile sur la voie de la déchéance totale.
Subitement ensanglantée de la nuque au sacrum, la danseuse incarne finalement une femme follement amoureuse, ou définitivement en chaleur. Qui en est la cause ? Difficile à dire puisque ses paroles chantées sont dirigées tantôt vers son guitariste, tantôt vers son batteur, plus tard encore vers aucune personne en particulier. Tout ce que l'on comprend en la voyant danser avec autant de sensualité, et si parfaitement d'ailleurs, c'est que personne ne lui renvoie son désir brûlant. En fait, on a presque l'impression d'assister à une scène de film, prenant place dans un bar miteux, dans laquelle une chanteuse/effeuilleuse has-been fait une overdose. Cette dernière scène est si bien interprétée qu'on aurait envie que ça dure encore et encore.
La durée de la pièce, soit 50 minutes, est parfaite pour les propositions qui sont offertes dans le spectacle. Ça nous donne le goût d'aller le revoir une deuxième fois avant qu'elle ne reparte à l'autre bout du monde après sa dernière ce samedi. Vous n'avez seulement que deux représentations de plus pour voir cette artiste qui a dansé pour Wim Van Der Keybus, Jan Fabre ainsi que Sidi Larbi Sherkaoui. Si vous ne connaissez pas ces derniers, ce n'est pas grave. Sachez simplement que ce sont des chorégraphes renommés très convoités par l'espèce des danseurs contemporains de ce monde.
http://www.usine-c.com/fr/11-birth-of-prey.html
Extraits de Birth of Prey.