Théâtre, danse contemporaine et gigue au Théâtre Prospéro
9 février 2015
Article sur la pièce de théâtre Le chemin des passes dangereuses de Michel Marc Bouchard, mis en scène et chorégraphié par Menka Nagrani.
- Oliver Koomsatira
Avez-vous déjà vu un spectacle qui fusionne la danse contemporaine, la gigue et le théâtre? Eh bien, vous avez la chance d'en voir un avec l'oeuvre Le chemin des passes-dangereuses, écrite par Michel Marc Bouchard, mise en scène et chorégraphiée par Menka Nagrani. Le spectacle a lieu au Théâtre Prospéro jusqu'au 28 février. Nous nous sommes entretenus avec la chorégraphe pour en savoir un peu plus sur l'oeuvre et son processus de création. Premièrement, d'où lui est venue l'idée de présenter une pièce déjà existante à l'aide de la gigue et de la danse contemporaine? « Ma création est à la fois une recherche esthétique mais aussi une prise de position qui, au lieu d'être exprimée par les mots, sera véhiculée par la danse. Comme dans chacune de mes pièces, je souhaite à travers mon oeuvre soulever des questions. Celles-ci portent sur notre sentiment identitaire en tant que Québécois et notre unicité en cette ère de mondialisation. Je vise également à transformer le spectateur afin qu'il ressorte avec une nouvelle image de la gigue québécoise et qu'il constate que c'est un matériau riche et complexe, encore peu exploité par les artistes de chez nous, que la tradition n'est ni morte ni obsolète, et qu'elle peut s'incarner dans une démarche actuelle. »
Pour la chorégraphe, son travail artistique va au-delà du simple divertissement. Elle en fait de l'art engagé : « Cette création est encore une fois pour moi du théâtre engagé, voir politique, car la mémoire collective c'est aussi de l'ordre du politique. » Elle souhaite traiter entre autres d'identité, d'appartenance et de préservation de la culture traditionnelle : « Concernant la danse et la musique traditionnelle au Québec, nous pourrions parler d'une sorte d' « autodestruction identitaire et culturelle ». Bien que nous aillons résisté, tant bien que mal, en tant que peuple canadien-français à une assimilation de la part des Britanniques et des loyalistes, nous n'avons conservé que très peu de fierté face à notre identité artistique traditionnelle. Pourtant, nous n'avons pas été brimés comme les Acadiens qui, en plus d'avoir été déportés, ont vu brûler tous leurs instruments de musique et ont dû se rabattre sur la chanson comme seul moyen de sauvegarder leur culture et leur folklore. Nous avons nous-mêmes, en tant que peuple, rejeté nos traditions culturelles, ce qui rend la dissolution de nos traditions encore plus aberrante. »
La chorégraphe partage ses influences artistiques pour la création du spectacle Le chemin des passes-dangereuses : « Ayant été interprète en danse pour la chorégraphe Marie-Soleil Pilette, laquelle allie la gigue traditionnelle québécoise et la danse percussive à la danse contemporaine, j'ai été à même de constater que la fusion de ces matériaux dansants peut constituer un nouveau langage chorégraphique complexe, raffiné et actuel. Je me suis inspirée de ce métissage chorégraphique afin de créer ma propre esthétique théâtrale dans la mise en scène d'une pièce originalement écrite pour le théâtre. » Qu'en est-il de la pièce de théâtre dont elle signe la mise en scène? « Cette oeuvre de Bouchard, à la fois rurale et urbaine, abstraite et réaliste, semble tout indiquée pour créer une mise en scène où se rencontrent la tradition et la modernité. Elle touche à l'essence même de la culture québécoise en décrivant la réalité du Québec rural dans la langue orale. La pièce, traditionnelle par ses thèmes et le contexte de son histoire, mais contemporaine dans sa forme et son écriture, rejoint l'esprit de la gigue contemporaine, forme de danse inspirée de la gigue traditionnelle mais contemporaine dans son traitement. » En parlant du fait qu'elle signe à la fois la chorégraphie et la mise en scène, trouve-t-elle qu'il y a des similitudes entre ces deux rôles? « Oui tout à fait, la danse et le jeu sont deux formes de langages. L'un nourrit l'autre. Dans les deux cas le défi est le même : la recherche de justesse. J'ai trop de choses à dire pour n'utiliser que la danse, en même temps je ne peux me contenter que du théâtre car le corps est aussi tellement parlant. »
Suite à son passage au Théâtre Prospéro, quels seront les projets à venir pour la compagnie? « La tournée du spectacle Le chemin des passes-dangereuses et aussi la sortie d'un film de danse Eurêka que j'ai co-réalisé avec le réalisateur David Ricard. C'est un court-métrage dansé dans lequel la comédienne montante Maryline Castonguay jouera une danseuse automate contrôlée par des personnages trisomiques. Un film osé et touchant qui requestionne les normes. » Pour plus de détails sur le spectacle, visitez le site web du Théâtre Prospéro. http://www.theatreprospero.com/spectacle/chemin-passes-dangereuses/
Interprètes dans le spectacle : Arnaud Gloutnez, Félix Monette-Dubeau et Dominic St-Laurent.
Pour la chorégraphe, son travail artistique va au-delà du simple divertissement. Elle en fait de l'art engagé : « Cette création est encore une fois pour moi du théâtre engagé, voir politique, car la mémoire collective c'est aussi de l'ordre du politique. » Elle souhaite traiter entre autres d'identité, d'appartenance et de préservation de la culture traditionnelle : « Concernant la danse et la musique traditionnelle au Québec, nous pourrions parler d'une sorte d' « autodestruction identitaire et culturelle ». Bien que nous aillons résisté, tant bien que mal, en tant que peuple canadien-français à une assimilation de la part des Britanniques et des loyalistes, nous n'avons conservé que très peu de fierté face à notre identité artistique traditionnelle. Pourtant, nous n'avons pas été brimés comme les Acadiens qui, en plus d'avoir été déportés, ont vu brûler tous leurs instruments de musique et ont dû se rabattre sur la chanson comme seul moyen de sauvegarder leur culture et leur folklore. Nous avons nous-mêmes, en tant que peuple, rejeté nos traditions culturelles, ce qui rend la dissolution de nos traditions encore plus aberrante. »
La chorégraphe partage ses influences artistiques pour la création du spectacle Le chemin des passes-dangereuses : « Ayant été interprète en danse pour la chorégraphe Marie-Soleil Pilette, laquelle allie la gigue traditionnelle québécoise et la danse percussive à la danse contemporaine, j'ai été à même de constater que la fusion de ces matériaux dansants peut constituer un nouveau langage chorégraphique complexe, raffiné et actuel. Je me suis inspirée de ce métissage chorégraphique afin de créer ma propre esthétique théâtrale dans la mise en scène d'une pièce originalement écrite pour le théâtre. » Qu'en est-il de la pièce de théâtre dont elle signe la mise en scène? « Cette oeuvre de Bouchard, à la fois rurale et urbaine, abstraite et réaliste, semble tout indiquée pour créer une mise en scène où se rencontrent la tradition et la modernité. Elle touche à l'essence même de la culture québécoise en décrivant la réalité du Québec rural dans la langue orale. La pièce, traditionnelle par ses thèmes et le contexte de son histoire, mais contemporaine dans sa forme et son écriture, rejoint l'esprit de la gigue contemporaine, forme de danse inspirée de la gigue traditionnelle mais contemporaine dans son traitement. » En parlant du fait qu'elle signe à la fois la chorégraphie et la mise en scène, trouve-t-elle qu'il y a des similitudes entre ces deux rôles? « Oui tout à fait, la danse et le jeu sont deux formes de langages. L'un nourrit l'autre. Dans les deux cas le défi est le même : la recherche de justesse. J'ai trop de choses à dire pour n'utiliser que la danse, en même temps je ne peux me contenter que du théâtre car le corps est aussi tellement parlant. »
Suite à son passage au Théâtre Prospéro, quels seront les projets à venir pour la compagnie? « La tournée du spectacle Le chemin des passes-dangereuses et aussi la sortie d'un film de danse Eurêka que j'ai co-réalisé avec le réalisateur David Ricard. C'est un court-métrage dansé dans lequel la comédienne montante Maryline Castonguay jouera une danseuse automate contrôlée par des personnages trisomiques. Un film osé et touchant qui requestionne les normes. » Pour plus de détails sur le spectacle, visitez le site web du Théâtre Prospéro. http://www.theatreprospero.com/spectacle/chemin-passes-dangereuses/
Interprètes dans le spectacle : Arnaud Gloutnez, Félix Monette-Dubeau et Dominic St-Laurent.