L'Agora de la danse accueille des artistes migrateurs venus d'Allemagne.
20 octobre 2011
Critique de The Bog Forest de Helge Letonja.
-Oliver Koomsatira
«The Bog Forest» de Helge Letonja. Photo de Dieter Hartwig.
Regardez autour de vous. Si vous habitez Montréal, vous avez probablement déjà constaté que sa population est aussi diversifiée que les couleurs de l'arc-en-ciel. Que ce soit au niveau des races, des cultures, des religions, des traditions ou encore des préférences politiques, nous vivons présentement dans un tourbillon multicuturel issu de l'immigration constante qui a forgé ce qu'est le Québec d'aujourd'hui. Et bien sûr, comme dans presque tous les contextes d'immigration massive, l'ajustement au changement ne se réalise pas sans un certain degré de tension. Pensez par exemple aux soubresauts que causent les débats entourant les «accommodements raisonnables».
The Bog Forest traite justement de tout ce qu'implique et qu'engendre la migration humaine. Le chorégraphe d'origine autrichienne Helge Letonja fait d'ailleurs appel à des interprètes venant de partout dans le monde pour donner vie à son oeuvre; I-Fen Lin diplômée du Collège de Tainan, Wei Meng Poon né à Singapour, Leonardo Rodrigues formé au Brésil, Konan Dayot et Emilia Giudicelli de France ainsi que le chanteur Christian Wolz né à Berlin.
Au tout début du spectacle, nous avons l'impression d'entrer dans un monde mystérieux, post-apocalyptique. Les danseurs sont camouflés, l'éclairage est sombre, leurs visages sont masqués et ils bougent comme des créatures indomptables effrayées et effrayantes. La scénographie se dévoile petit à petit pour nous faire découvrir un bidonville en marge de la société. Les personnages n'interagissent pas entre eux, ils sont isolés, recroquevillés sur eux-mêmes. Nous avons l'impression qu'ils ont tous perdus leur famille et qu'ils n'ont pas été en mesure de nouer de liens avec personne d'autre.
Plus tard, un homme vêtu d'un long manteau s'infiltre dans le territoire vide de ces réfugiés tourmentés. Avec sa forte présence scénique, le chanteur Christian Wolz, qui est aussi responsable de la composition musicale de l'oeuvre, vient déranger le confort des squatteurs. Il semble exercer une domination sur eux, sans trop que l'on comprenne pourquoi. Sa voix résonnante ensorcelle les danseurs, les envoie dans des transes, les force à vibrer, à bouger. Les danseurs tentent de lui résister mais son emprise est trop grande.
Conçu comme un spectacle hybride alliant la danse, le jeu et le chant, nous avons parfois l'impression d'assister à une comédie musicale, parfois à un spectacle de danse contemporaine, parfois encore un film romantique japonais. Aussi, avec l'interprétation théâtrale prononcée des danseurs ainsi que le décor et les costumes évocateurs, nous devenons très curieux à propos de ces personnages sombres. Qui sont-ils? Pourquoi sont-ils si démunis? Comment sont-ils arrivés dans ce lieu déprimant? Nos questions se dissipent graduellement durant les séquences dansées qui sont imbriquées tout au long de la trame narrative.
Si vous avez déjà vécu le processus de migration ou connaissez quelqu'un de près qui l'a vécu, ce spectacle risque d'éveiller quelque chose d'assez particulier en vous. Autrement, vous pourrez certainement apprécier les chorégraphies interprétées avec vivacité par ces danseurs talentueux ainsi que les éclairages captivants de Laurent Schneegans. La pièce The Bog Forest n'est présentée que 2 fois de plus, soit jeudi le 20 et vendredi le 21 octobre à l'Agora de la danse. Pour plus de détails, visitez leur site web.
http://www.agoradanse.com/fr/spectacles/2011/the-bog-forest
Extraits vidéos de The Bog Forest
The Bog Forest traite justement de tout ce qu'implique et qu'engendre la migration humaine. Le chorégraphe d'origine autrichienne Helge Letonja fait d'ailleurs appel à des interprètes venant de partout dans le monde pour donner vie à son oeuvre; I-Fen Lin diplômée du Collège de Tainan, Wei Meng Poon né à Singapour, Leonardo Rodrigues formé au Brésil, Konan Dayot et Emilia Giudicelli de France ainsi que le chanteur Christian Wolz né à Berlin.
Au tout début du spectacle, nous avons l'impression d'entrer dans un monde mystérieux, post-apocalyptique. Les danseurs sont camouflés, l'éclairage est sombre, leurs visages sont masqués et ils bougent comme des créatures indomptables effrayées et effrayantes. La scénographie se dévoile petit à petit pour nous faire découvrir un bidonville en marge de la société. Les personnages n'interagissent pas entre eux, ils sont isolés, recroquevillés sur eux-mêmes. Nous avons l'impression qu'ils ont tous perdus leur famille et qu'ils n'ont pas été en mesure de nouer de liens avec personne d'autre.
Plus tard, un homme vêtu d'un long manteau s'infiltre dans le territoire vide de ces réfugiés tourmentés. Avec sa forte présence scénique, le chanteur Christian Wolz, qui est aussi responsable de la composition musicale de l'oeuvre, vient déranger le confort des squatteurs. Il semble exercer une domination sur eux, sans trop que l'on comprenne pourquoi. Sa voix résonnante ensorcelle les danseurs, les envoie dans des transes, les force à vibrer, à bouger. Les danseurs tentent de lui résister mais son emprise est trop grande.
Conçu comme un spectacle hybride alliant la danse, le jeu et le chant, nous avons parfois l'impression d'assister à une comédie musicale, parfois à un spectacle de danse contemporaine, parfois encore un film romantique japonais. Aussi, avec l'interprétation théâtrale prononcée des danseurs ainsi que le décor et les costumes évocateurs, nous devenons très curieux à propos de ces personnages sombres. Qui sont-ils? Pourquoi sont-ils si démunis? Comment sont-ils arrivés dans ce lieu déprimant? Nos questions se dissipent graduellement durant les séquences dansées qui sont imbriquées tout au long de la trame narrative.
Si vous avez déjà vécu le processus de migration ou connaissez quelqu'un de près qui l'a vécu, ce spectacle risque d'éveiller quelque chose d'assez particulier en vous. Autrement, vous pourrez certainement apprécier les chorégraphies interprétées avec vivacité par ces danseurs talentueux ainsi que les éclairages captivants de Laurent Schneegans. La pièce The Bog Forest n'est présentée que 2 fois de plus, soit jeudi le 20 et vendredi le 21 octobre à l'Agora de la danse. Pour plus de détails, visitez leur site web.
http://www.agoradanse.com/fr/spectacles/2011/the-bog-forest
Extraits vidéos de The Bog Forest