Au plus loin de notre kinésphère, qui serions-nous,
où serions-nous?
28 septembre 2012
Critique du spectacle Solitudes solo de Daniel Léveillé présenté à l'Agora de la danse.
- Mandana Anahita (Bio)
Lucie Vigneault, Justin Gionet, Manuel Roque, Gaetan Viau, Emmanuel Proulx. Cinq interprètes de haut calibre travailleront assidûment, avec dévotion pour la danse, pour nous permettre de nous subjuguer devant leur performance soliste. Cinq solos, Cinq chapitres d’une « Solitude » incarnée.
Cette pièce chorégraphique convoite le déséquilibre dans une recherche de l’absolu, de l’infiniment grand, une irrésistible imperfection mais si parfaitement réalisée par nos cinq danseurs de talents. Solitudes solo de Daniel Léveillé vient défier les plus grands maîtres de yoga en défiant les lois de la gravité. Une superbe prestation de la part des interprètes dans des figures signées par le ballet classique et d’autres fidèlement traditionnelles au yoga. Un excellent travail d’alignement postural enchaîné subitement par des tracés de ballet ou encore des figures à l’effigie de ces athlètes grecques, soit un phrasé chorégraphique très loin de l’éventail stylisé des grands ballets. En effet, Daniel Léveillé admet ce point : « ma recherche, très esthétique, conventionnelle d’une certaine manière se situe à l’opposé du ballet, où il faut réussir parfaitement ce qui est
demandé (…) » Nous sommes dans une écriture intime de l’auteur, une écriture prédestinée à éventrer l’insurmontable, par des prouesses éprouvantes et athlétiques. Chacun de ces acteurs nous présentera son interprétation unique d’une écriture chorégraphique commune. Chaque instant est un témoignage, d’une force imperceptible, invisible, une énergie littéralement spatiale.
Chaque moment demeure un instant plein, chaque mouvement recherche sa plus grande amplitude, sa plus forte résistance, sa propre densité, dans sa plus haute fragilité. Toutes les lois kinesthésiques sont étudiées et performées. Que leurs restent-ils de plus à exprimer, tout nous serait-il dévoilé? Quelque part le chorégraphe nous raconte que le moment est accessible, dans sa plus grande vérité, lorsque les limites sont poussées à l’extrême. Là, il ne reste qu’une profonde intimité, un son, un souffle, un regard, un geste.
Cette nouvelle création réclame une attention particulière à l’insularité de l’être humain, ces moments où la vraie gratitude pour la vie ne se révèle qu’en dépassant l’insurmontable, là à cet instant où le temps s’arrête, où la source se révèle, tel qu’ont pu en témoigner entre autres les plus grands maîtres yogis de tous siècles confondus.
Tout honneur à l’éclairagiste Marc Parent, qui grâce à son expertise, a réussi à nous faire ressentir un moment au-delà du réel.
Un portrait de la solitude à cinq pétales, jusqu’au 29 septembre à L’Agora de la Danse.
Pour plus de détails, visitez le site web de l'Agora de la danse.
http://www.agoradanse.com/fr/spectacles/2012/solitudes-solo
Solitudes solo est dansé par Justin Gionet, Emmanuel Proulx, Manuel Roque, Gaëtan Viau et Lucie Vigneault.
Extraits du spectacle.