Folie, quand tu nous tiens...
10 août 2012
Critique de Recycled Instances (Did you remember to forget me?), Alexandre Morin et On sait jamais deux, Emmalie Ruest et Karenne Gravel.
- Dominique Thomas (Bio)
Élise Boileau, Vincent-Nicolas Provencher dans Recycled Instances (Did you remember to forget me?)
Photographie: Edwin Isford
Le festival Zone Homa poursuit sa mission en offrant la scène de la Maison de la culture Maisonneuve à trois jeunes chorégraphes enthousiastes. Recycled Instances (Did you remember to forget me?), d’Alexandre Morin, et On sait jamais deux, d’Emmalie Ruest et Karenne Gravel, proposent des univers personnels qui esquissent de nouvelles signatures chorégraphiques dans le paysage montréalais de la danse.
Le quatuor Recycled Instances... a d’abord ouvert la soirée en immergeant le public, dès l’entrée en salle, dans une ambiance mystérieuse, voire inquiétante. Comme seule scénographie, quatre téléviseurs placés en avant-scène projettent des images alternant entre le visage des interprètes et de la distorsion. Les quatre danseurs qui apparaissent ensuite semblent avoir été catapultés sur scène en provenance d’une autre dimension : ils tâtonnent, cherchent, mais ne se rappellent plus. Quatre corps perdus. Une montée dramatique se construit alors qu’un interprète est en proie à un accès de folie, mais celui-ci est aussitôt calmé par les autres danseurs. S’ensuit une légèreté bienvenue amenée par une exploration du poids à l’aide de ballons gonflés à l’hélium attachés au corps du danseur – exploration intéressante qu’on aurait certainement voulu voir prendre son « envol ».
Plutôt que d’imposer sa signature gestuelle, Alexandre Morin mise sur la sensation du geste et semble avoir guidé ses danseurs dans une interprétation toute personnelle du mouvement. L’écoute des interprètes envers leurs sensations crée des moments d’intimité touchants, particulièrement vers la fin de la pièce. Alexandre Morin, dans sa recherche de la mémoire corporelle, tente de rendre visible la sensation du souvenir. Tâche ardue, certes, mais impossible? Surtout pas pour un jeune chorégraphe animé par l’urgence de la création!
La soirée se poursuit dans un ton tout à fait opposé avec deux chorégraphes-interprètes issues de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). On sait jamais deux, c’est un univers déjanté, des costumes extravagants, des accessoires inusités et une bonne dose d’humour! Emmalie Ruest et Karenne Gravel se préparent, s’entraînent. Pour quelle occasion? Au spectateur d’imaginer! Accoutrées de leurs robes de soirée et d’accessoires incongrus tels qu’un sac à dos de plein air ou un rouleau de papier hygiénique, les danseuses caricaturent des mouvements inspirés des arts martiaux et de la danse aérobique. Pendant qu’elles exécutent des séquences tirées tout droit d’un cours d’aérobie des années 90 — musique à l’appui —, leur visage impassible trahit l’absurde de la situation. Les transitions fluides, marquées à trois reprises par la trouvaille d’un accessoire inédit sorti d’une boîte de litière pour chats (!), rythment la pièce.
Les danseuses sont visiblement à l’aise dans leur rôle et on les sent prendre plaisir à faire rire – ce qu’elles réussissent la plupart du temps grâce à un sens bien aiguisé du timing, essentiel en humour. Le tandem n’en est pas à sa première collaboration et la chimie entre les interprètes est palpable. En outre, leur univers comico-asburde est pleinement assumé. Sympathique, estival... réjouissant! On souhaite que les chorégraphes-interprètes poursuivent dans leur créneau et continuent de miser sur l’équilibre entre humour et séquences dansées solidement exécutées.
Envie d’assister à d’autres expérimentations audacieuses? Le festival Zone Homa poursuivra sa programmation alliant théâtre, lecture, musique et danse jusqu’au 24 août à la Maison de la culture Maisonneuve.
http://www.zonehoma.com/
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Le quatuor Recycled Instances... a d’abord ouvert la soirée en immergeant le public, dès l’entrée en salle, dans une ambiance mystérieuse, voire inquiétante. Comme seule scénographie, quatre téléviseurs placés en avant-scène projettent des images alternant entre le visage des interprètes et de la distorsion. Les quatre danseurs qui apparaissent ensuite semblent avoir été catapultés sur scène en provenance d’une autre dimension : ils tâtonnent, cherchent, mais ne se rappellent plus. Quatre corps perdus. Une montée dramatique se construit alors qu’un interprète est en proie à un accès de folie, mais celui-ci est aussitôt calmé par les autres danseurs. S’ensuit une légèreté bienvenue amenée par une exploration du poids à l’aide de ballons gonflés à l’hélium attachés au corps du danseur – exploration intéressante qu’on aurait certainement voulu voir prendre son « envol ».
Plutôt que d’imposer sa signature gestuelle, Alexandre Morin mise sur la sensation du geste et semble avoir guidé ses danseurs dans une interprétation toute personnelle du mouvement. L’écoute des interprètes envers leurs sensations crée des moments d’intimité touchants, particulièrement vers la fin de la pièce. Alexandre Morin, dans sa recherche de la mémoire corporelle, tente de rendre visible la sensation du souvenir. Tâche ardue, certes, mais impossible? Surtout pas pour un jeune chorégraphe animé par l’urgence de la création!
La soirée se poursuit dans un ton tout à fait opposé avec deux chorégraphes-interprètes issues de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). On sait jamais deux, c’est un univers déjanté, des costumes extravagants, des accessoires inusités et une bonne dose d’humour! Emmalie Ruest et Karenne Gravel se préparent, s’entraînent. Pour quelle occasion? Au spectateur d’imaginer! Accoutrées de leurs robes de soirée et d’accessoires incongrus tels qu’un sac à dos de plein air ou un rouleau de papier hygiénique, les danseuses caricaturent des mouvements inspirés des arts martiaux et de la danse aérobique. Pendant qu’elles exécutent des séquences tirées tout droit d’un cours d’aérobie des années 90 — musique à l’appui —, leur visage impassible trahit l’absurde de la situation. Les transitions fluides, marquées à trois reprises par la trouvaille d’un accessoire inédit sorti d’une boîte de litière pour chats (!), rythment la pièce.
Les danseuses sont visiblement à l’aise dans leur rôle et on les sent prendre plaisir à faire rire – ce qu’elles réussissent la plupart du temps grâce à un sens bien aiguisé du timing, essentiel en humour. Le tandem n’en est pas à sa première collaboration et la chimie entre les interprètes est palpable. En outre, leur univers comico-asburde est pleinement assumé. Sympathique, estival... réjouissant! On souhaite que les chorégraphes-interprètes poursuivent dans leur créneau et continuent de miser sur l’équilibre entre humour et séquences dansées solidement exécutées.
Envie d’assister à d’autres expérimentations audacieuses? Le festival Zone Homa poursuivra sa programmation alliant théâtre, lecture, musique et danse jusqu’au 24 août à la Maison de la culture Maisonneuve.
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