Les classes 2011 on de la classe.
19 septembre 2011
Critique du spectacle Danses Buissonnières - Classes 2011
-Oliver Koomsatira
Photo de «Une grande fente pour dire allô» d'Isabelle Boulanger. De gauche à droite: David Campbell, Noémie Dufour-Campeau, Kim Henry, Michelle Clermont-Daigneault.
Cette année, Danses Buissonnières en collaboration avec Tangente a accueilli 5 nouvelles créations dans le cadre du festival présenté à la salle Hydro-Québec du Monument National. Le comité de sélection, muni de Christiane Bourget, Annie Gagnon, Thierry Huard, Dany Desjardins et Andrew Turner a donc choisi les créations de finissants de plusieurs écoles de danse professionnelles. Chacune des pièces étaient d'une durée maximale de 10 minutes.
Tout d'abord, il y a eu la pièce D'où L'Heureuse d'Hélène Messier, finissante de l'université Concordia qui a à la fois créé et interprété la chorégraphie. Inspirée de la danse butô, cette pièce hypnotise le spectateur avec des images puissantes entrecoupées de courtes séquences chorégraphiques parfois saccadées, parfois douces. Avec un éclairage captivant, le personnage très théâtral d'Hélène Messier nous fait ressentir de la compassion et une certaine appréhension de par son comportement parfois sensible suivi par des tics troublants. Une pièce mystérieuse et dynamique portée par une trame sonore intense de Raphaël Arsenault.
En deuxième partie, nous avons vu la création House of Cards de Stéphanie Fortin, qui a collaboré avec des finissants de l'université Concordia et de l'UQAM. Encore une fois, le public fût choyé avec de fortes images dès le départ et ce jusqu'à la clôture de la pièce. Séparée en 3 parties, nous avons été témoins de solos et de duos dynamiques avec des translations de chaises et de table en arrière plan. Une pièce avec beaucoup de présence et d'élégance, qui frôle le film d'horreur ou du moins le thriller psychologique.
Sous un ton plus humoristique, Jade Marquis, finissante de l'UQAM, interpréta ensuite un solo dont elle signe la chorégraphie. Éclairage de départ très sobre, en silence, Jade danse une séquence chorégraphique tout en fixant le public d'un regard perçant. On a presque l'impression d'assister à une audition, nous sommes déstabilisés, intrigués, nerveux. Ensuite, une musique de cabaret (Bob Dylan) embarque et elle recommence son solo, maintenant avec une nuance plus sensuel. Nous comprenons maintenant les mouvements codifiés qui, il y a quelques instants, semblaient vide d'émotion. Le solo progresse vers la dérision, elle séduit les spectateurs, les fixe telle une dominatrice, se mets en positions osées. Un solo courageux, à la fois sensuel et humoristique.
Maintenant rendu au 3/4 du spectacle, le duo 33 Tours de Rémi Laurin Ouellette et Evelyne Laforest (LADMMI) prend la salle d'assaut avec des séquences très physiques, parfois acrobatiques, démontrant la virtuosité et la présence des 2 danseurs. Une pièce à la fois sensible, dynamique et créative, le public découvre séquence après séquence un univers intriguant. La prouesse physique est dosé par une utilisation intelligente de pauses, de respirations, de répétitions. Nous en restons à la fois bouche-bées et touchés.
La grande finale débute avec un éclairage vif de la salle pendant un long moment. Rien sur scène. Un grand carré vide. Pas de musique, pas de danseurs. Le malaise se transforme en rigolade, puis en hochement d'épaules. Que va t-il se passer? Les danseurs entrent finalement sur scène vêtus de costumes sortis des années soixante. La chorégraphe Isabelle Boulanger ainsi que les 7 danseurs finissants de LADMMI nous plongent dans le monde loufoque, attachant, vibrant et coloré de "Une grande fente pour dire allô". Particulièrement différent de la danse contemporaine qui est souvent intense et sérieuse, nous trouvons ici une pièce légère, drôle, amusante, munie de séquences chorégraphiques aussi bizarres qu'évocatrices. Les danseurs David Campbell, Michelle Clermont,-Daigneault, Joanie Deschatelets, Noémie Dufour-Campeau, Kim Henry, Audrey Rochette et Catherine St-Laurent interprètent la chorégraphie avec vivacité et intégrité du début à la fin, entraînant les spectateurs dans leur monde imaginatif.
5 pièces. 5 univers. 1 spectacle très inspirant qui donne beaucoup d'espoir pour la nouvelle génération de la danse contemporaine au Québec.