3 univers à des années lumières illuminent la scène.
27 sept. 2011
Critique de Dédale de Françoise Sullivan, Et si c'était tout simple... de Georges-Nicolas Tremblay, et Les belles en guerre de Geneviève Bolla.
-Oliver Koomsatira
Ginette Boutin dans «Dédale» de Françoise Sullivan. Crédit de la photo: François Lafrance.
Noir dans la salle. On entend des pieds se déplacer rapidement côté jardin. Lumière. Une femme vêtue d'une robe blanche fixe l'horizon. Sa main commence à balancer lentement. Le geste est répété…encore et encore, il est amplifié…encore et encore. Tout comme ce geste repris et revitalisé, l'oeuvre Dédale créée en 1948 par Françoise Sullivan, a été remontée 63 ans plus tard pour le public montréalais d'aujourd'hui. Eh oui, vous avez bien lu, la danse contemporaine existe au Québec depuis les années 4o.
C'est Ginette Boutin qui a interprété en solo l'oeuvre intemporelle de Françoise Sullivan. Vous avez rarement la chance de voir danser des femmes plus âgées sur scène. Les années d'expérience se sentent instantanément en présence de Ginette Boutin. On ne ressent pas d'anxiété pour l'interprète, on est en pleine confiance. Son énergie mature rayonne jusqu'au fin fond de la salle. Si vous avez assisté à un autre spectacle dans le cadre de Quartiers Danses cette année, vous avez peut-être eu l'opportunité de voir le vidéo enregistré de cette même oeuvre. Il y a une magie présente avec la danse vu en direct. Quoique la pièce était intéressante sur vidéo, devant nous elle est encore plus puissante, plus vraie, plus captivante. Nous voyons en chair et en os la danseuse se donner corps et âme à son art et à cette oeuvre. Nous sommes imprégnés de son énergie vitale, de son esprit, de son souffle.
Être sur scène pour interpréter un solo de 9 minutes peut sembler facile, après tout ce n'est que 9 minutes! Par contre, n'importe qui travaillant dans les arts de la scène sait qu'une minute peut sembler comme une éternité si l'on est pas bien centré. Surtout que Ginette n'était même pas appuyer par de la musique, le tout se déroulant dans le silence complet. Tout se qu'on entendait était son souffle, ses pieds qui atterrissaient, ses genoux qui cognaient contre le sol. Avec son regard concentré et sa robe blanche, on avait l'impression qu'elle était possédée par un esprit. Elle était projetée d'un côté à l'autre de la scène comme si elle n'était pas en contrôle de son corps. Une oeuvre interprétée avec force, intégrité et authenticité.
En deuxième partie, nous avons été transportés dans un monde totalement différent. Loin de l'abstrait, nous sommes plongés dans le quotidien de deux hommes. L'oeuvre qui s'intitule Et si c'était tout simple... de Georges-Nicolas Tremblay traite de la vie quotidienne d'un couple. Tout dépendant de qui vous êtes, d'où vous venez et de quelle religion vous pratiquez, ce spectacle vous affecte différemment. Pour certains, l'amour romantique de deux hommes est un sujet banal, pour d'autres il est inacceptable, pour d'autres encore il est tabou. Le fait est qu'aujourd'hui, avec les opinions extrêmes qui polarisent le sujet, il y a encore beaucoup de controverse. Et si c'était tout simple? Aimer, être aimé.
Dans une oeuvre intime et très touchante, les danseurs Alexandre Carlos et Philippe Poirier dansent avec grâce et tendresse. L'amour profonde qui les lient est plus forte que les tracas quotidiens qui les éloignent. Construite de façon théâtrale, nous suivons très facilement la trame narrative de la pièce. À travers des solos et des duos, le chorégraphe exprime de façon très technique mais ressentie, la réconciliation, le bien-être amoureux, la douceur, le plaisir du couple. Une pièce touchante, dansée avec passion, emblème d'amour qui pourra un jour apporter plus de tolérance dans notre monde parfois insensé.
Dans une oeuvre intime et très touchante, les danseurs Alexandre Carlos et Philippe Poirier dansent avec grâce et tendresse. L'amour profonde qui les lient est plus forte que les tracas quotidiens qui les éloignent. Construite de façon théâtrale, nous suivons très facilement la trame narrative de la pièce. À travers des solos et des duos, le chorégraphe exprime de façon très technique mais ressentie, la réconciliation, le bien-être amoureux, la douceur, le plaisir du couple. Une pièce touchante, dansée avec passion, emblème d'amour qui pourra un jour apporter plus de tolérance dans notre monde parfois insensé.
En dernière partie, nous sommes encore emmenés dans un univers à des années lumières des deux pièces précédentes. Cette fois-ci, c'est dans celui de trois jeunes femmes que nous sommes plongés. Aveuglés par la lumière d'un stroboscope, nous apercevons, image par image, les trois danseuses couchées sur leur flanc, dos au public. L'image nous rappelle l'insomnie, l'inconfort. Elles ne sont pas bien dans leur peau. Les belles en guerre de Geneviève Bolla explore la relation torturée des femmes avec la beauté. Sujet complexe…comment sait-on la vérité sur la question "qu'est-ce que la beauté"? Certaines femmes pensent que c'est la minceur, d'autres les gros seins, d'autres la santé, d'autres le charme, d'autres d'être bien dans sa peau, d'autres encore pensent que c'est la symétrie du visage. Mystère. Peut-être est-ce la raison pour laquelle ces trois femmes sont si confuses et accablées.
Leur costume? Des cuissards rouges brillants et…de la pellicule de plastique collée avec du bon vieux «Duck Tape» rouge. Un beau haut transparent. En voilà un autre aspect de la beauté: la nudité. Dans ce contexte, les seins, symboles de beauté féminine, sont écrasés sous le «Saran Wrap». La chorégraphie est violente, risquée, saccadée, à l'opposé de la sensualité typiquement attribuée aux femmes. Les danseuses Sarah Desrosiers et Émilie Gratton, accompagnées de la chorégraphe Geneviève Bolla, qui danse également dans son oeuvre, attaquent la demie-heure avec une énergie impressionnante. Les séquences sont complexes, rythmées, intenses, physiques et parfois acrobatiques. La répétition bien employée des mouvements évocateurs est dosée pour qu'on ne soit pas ennuyé de revoir les mêmes séquences. Avec une rapidité fulgurante, elles passent d'une séquence à l'autre; nous n'avons pas le moindre instant pour tomber dans la lune.
Un programme triple voyageant à travers le temps, les générations, les sexes, les problèmes. Un après-midi réussi, nous en sortons remplis de vitalité et d'espoir pour le futur de la danse contemporaine à Montréal.
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Leur costume? Des cuissards rouges brillants et…de la pellicule de plastique collée avec du bon vieux «Duck Tape» rouge. Un beau haut transparent. En voilà un autre aspect de la beauté: la nudité. Dans ce contexte, les seins, symboles de beauté féminine, sont écrasés sous le «Saran Wrap». La chorégraphie est violente, risquée, saccadée, à l'opposé de la sensualité typiquement attribuée aux femmes. Les danseuses Sarah Desrosiers et Émilie Gratton, accompagnées de la chorégraphe Geneviève Bolla, qui danse également dans son oeuvre, attaquent la demie-heure avec une énergie impressionnante. Les séquences sont complexes, rythmées, intenses, physiques et parfois acrobatiques. La répétition bien employée des mouvements évocateurs est dosée pour qu'on ne soit pas ennuyé de revoir les mêmes séquences. Avec une rapidité fulgurante, elles passent d'une séquence à l'autre; nous n'avons pas le moindre instant pour tomber dans la lune.
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