Cette fois-ci, Beauty succeeds
8 novembre 2012
Critique du spectacle Usually Beauty Fails de Frédérick Gravel présenté par Danse Danse.
- Oliver Koomsatira
Danse Danse accueille nul autre que Frédérick Gravel, véritable rock star irrévérencieux de la danse contemporaine. D'accord, ça se peut qu'il préfère ne pas être connu de cette façon, mais reste que ses concerts chorégraphiques éclatés l'incriminent quelque peu. Avec Usually Beauty Fails, titre sur lequel il passa un petit moment intime et maladroit à tenter d'expliquer les origines, il présente une oeuvre tant musicale que dansée. En fait, l'ensemble du spectacle semble tourner autour des relations hommes-femmes avec toute la maladresse qui peut s'y retrouver. Ça fait beaucoup d'information pour commencer, je sais, allons-y une étape à la fois.
Ce qui est rafraîchissant de l'oeuvre c'est que son créateur semble aller dans la direction opposée de beaucoup de patrons ancrés dans la danse. Par exemple, l'esthétique de la danse semble souvent vouloir être ultra-polie et d'une précision quasiment inatteignable. Quoiqu'il y ait plusieurs sections du spectacle demandant une exactitude irréprochable de la part de ses interprètes, le créateur nous partage aussi plusieurs morceaux qui semblent être beaucoup plus organiques : d'une énergie hésitante, maladroite, amorphe ou du moins de formes et dynamiques atypiques et rarement exploitées. Bref, loin d'être prisonnier de codes classiques ou modernes, il est en train de développer un nouveau langage chorégraphique qui se distingue de toutes racines bien connues. Nous sommes très contents de ça parce que ça ouvre tout un monde de possibilités nous permettant de peindre le portrait d'humains dans des situations incapacitantes qui les rendent moins en possession de leurs moyens. Disons que c'est plus réaliste d'interpréter le malaise de ta première relation sexuelle avec ce langage qu'avec cinq pirouettes et un grand jeté.
Un autre contre-courant bien apprécié a quelque chose à voir avec son ouverture avec le public. Il n'a aucune gêne à échanger avec son public et à partager ses questionnements sur son travail, non pas son travail antérieur mais bel et bien le spectacle qu'il est en train de présenter ! Souvent, les chorégraphes sont érigés sur des piédestaux si hauts qu'ils mourraient si ils décidaient de descendre d'un seul saut pour prendre un café avec nous. Avec Frédérick Gravel, on a l'impression de prendre une bière avec lui dans son salon. Très sympathique, humain et vulnérable. D'ailleurs, un des moments les plus touchants du spectacle est lorsque celui-ci décide de chanter et jouer de l'harmonica. Ce qui est drôle c'est que juste avant la chanson, il nous explique justement ce qu'il va faire : « On va maintenant vous faire la partie touchante du spectacle […] parce que la vulnérabilité, ça nous rapproche tous. »
C'est peut-être très analytique tout ce que je vous dis jusqu'à maintenant mais je vous assure que le spectacle va vous ébranler, si non pas vous branler. Premièrement… si vous avez le goût de voir Jamie Wright mettre sa main sur le pénis dévêtu de Francis Ducharme, c'est inclus dans le « package ». Ou si vous voulez voir Francis Ducharme mettre la sienne sur le vagin nu de Jamie Wright, c'est à la même place. Si vous aimez la grosse bass, vous avez de la chance parce que Frédérick Gravel l'aime aussi… beaucoup… beaucoup beaucoup. Si vous aimez la danse très brute, technique et risquée, les danseurs talentueux de l'oeuvre vont certainement assouvir votre appétit. Je ne voudrais certainement pas oublier les musiciens Stéphan Boucher et Philippe Brault qui ont assuré l'aspect sonore de la soirée comme des chefs. Mention spéciale à Stéphan pour son interprétation brillante des chansons.
Usually Beauty Fails est présenté jusqu'au 17 novembre à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Pour plus de détails, visitez le site web de Danse Danse.
http://www.dansedanse.net/DDA_1213/fr/compagnie.php?idcompagnie=21
Usually Beauty Fails est dansé par Frédérick Gravel, Francis Ducharme, Kim de Jong, Brianna Lombardo, Frédéric Tavernini et Jamie Wright.
Frédérick Gravel vu par Danse Danse.
Ce qui est rafraîchissant de l'oeuvre c'est que son créateur semble aller dans la direction opposée de beaucoup de patrons ancrés dans la danse. Par exemple, l'esthétique de la danse semble souvent vouloir être ultra-polie et d'une précision quasiment inatteignable. Quoiqu'il y ait plusieurs sections du spectacle demandant une exactitude irréprochable de la part de ses interprètes, le créateur nous partage aussi plusieurs morceaux qui semblent être beaucoup plus organiques : d'une énergie hésitante, maladroite, amorphe ou du moins de formes et dynamiques atypiques et rarement exploitées. Bref, loin d'être prisonnier de codes classiques ou modernes, il est en train de développer un nouveau langage chorégraphique qui se distingue de toutes racines bien connues. Nous sommes très contents de ça parce que ça ouvre tout un monde de possibilités nous permettant de peindre le portrait d'humains dans des situations incapacitantes qui les rendent moins en possession de leurs moyens. Disons que c'est plus réaliste d'interpréter le malaise de ta première relation sexuelle avec ce langage qu'avec cinq pirouettes et un grand jeté.
Un autre contre-courant bien apprécié a quelque chose à voir avec son ouverture avec le public. Il n'a aucune gêne à échanger avec son public et à partager ses questionnements sur son travail, non pas son travail antérieur mais bel et bien le spectacle qu'il est en train de présenter ! Souvent, les chorégraphes sont érigés sur des piédestaux si hauts qu'ils mourraient si ils décidaient de descendre d'un seul saut pour prendre un café avec nous. Avec Frédérick Gravel, on a l'impression de prendre une bière avec lui dans son salon. Très sympathique, humain et vulnérable. D'ailleurs, un des moments les plus touchants du spectacle est lorsque celui-ci décide de chanter et jouer de l'harmonica. Ce qui est drôle c'est que juste avant la chanson, il nous explique justement ce qu'il va faire : « On va maintenant vous faire la partie touchante du spectacle […] parce que la vulnérabilité, ça nous rapproche tous. »
C'est peut-être très analytique tout ce que je vous dis jusqu'à maintenant mais je vous assure que le spectacle va vous ébranler, si non pas vous branler. Premièrement… si vous avez le goût de voir Jamie Wright mettre sa main sur le pénis dévêtu de Francis Ducharme, c'est inclus dans le « package ». Ou si vous voulez voir Francis Ducharme mettre la sienne sur le vagin nu de Jamie Wright, c'est à la même place. Si vous aimez la grosse bass, vous avez de la chance parce que Frédérick Gravel l'aime aussi… beaucoup… beaucoup beaucoup. Si vous aimez la danse très brute, technique et risquée, les danseurs talentueux de l'oeuvre vont certainement assouvir votre appétit. Je ne voudrais certainement pas oublier les musiciens Stéphan Boucher et Philippe Brault qui ont assuré l'aspect sonore de la soirée comme des chefs. Mention spéciale à Stéphan pour son interprétation brillante des chansons.
Usually Beauty Fails est présenté jusqu'au 17 novembre à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Pour plus de détails, visitez le site web de Danse Danse.
http://www.dansedanse.net/DDA_1213/fr/compagnie.php?idcompagnie=21
Usually Beauty Fails est dansé par Frédérick Gravel, Francis Ducharme, Kim de Jong, Brianna Lombardo, Frédéric Tavernini et Jamie Wright.
Frédérick Gravel vu par Danse Danse.