Mélanie Demers lève la barre de l'excellence artistique à la hauteur du paradisus.
1 décembre 2011
Critique de Junkyard/Paradis de Mélanie Demers.
-Oliver Koomsatira
Jacques Poulin-Denis dans «Junkyard / Paradis» de Mélanie Demers. Photo de Larry Dufresne.
La plupart des scientifiques de la cosmologie croient que l'univers a commencé il y a huit à quinze milliards d'années. La terre se serait formée il y a environ 4.6 milliards d'années et les homo sapiens auraient vu le jour il y a 100 000 ans. La planète serait donc passée d'une boule de feu volcanique aux ères de glaciations avant de miraculeusement atteindre les conditions parfaites dans lesquelles l'humain puisse survivre. Malheureusement, dans l'espace de 100 ans seulement, ce paradis s'est transformé en véritable dépotoir menaçant maintenant d'extinction définitive l'espèce humaine. Les grandes extinctions d'espèces ont eu lieu à plusieurs reprises, mais les humains semblent souffrir d'une pensée magique d'invincibilité les convaincant qu'ils sont supérieurs aux dinosaures disparus il y a 66 millions d'années, aux crétacés ou aux espèces de l'ère tertiaire. Bref, il y aurait eu plusieurs époques où toutes les espèces vivantes seraient disparues abruptement et la plupart des environnementalistes prédisent maintenant le même sort pour l'espèce humaine, grâce à notre surconsommation polluante.
Comme Jacques Poulin-Denis l'a si bien mentionné durant son brillant monologue, pas nécessairement dans cet ordre: «Génocide. Pédophilie. Famine. Viol. Trafic d'organes. Enfants soldats.» Etc. La liste des atrocités humaines est longue et c'est malheureusement la réalité que nous avons collectivement créé à partir de ce paradis parfait dont nous avons gracieusement hérité. Dépotoir. Paradis. Deux mots définissant ces deux mondes qui se côtoient intimement aujourd'hui dans notre société. Mélanie Demers a puisé dans la polarité de ces deux états coexistants pour créer Junkyard/Paradis, qui a été présenté à l'Usine C hier soir.
Une oeuvre sublime dans tous les sens du mot, c'est sans aucun doute un des spectacles les plus divertissants auquel j'ai assisté cette année. La chorégraphe a vraiment le don de créer des tableaux qui engagent et stimulent l'attention du spectateur sans jamais nous laisser tomber dans l'ennui. Autant humoristique que touchante, la pièce n'a pas cessé de nous surprendre, de nous agiter, de nous faire rire, nous tenant ainsi sur le bout de notre siège du début à la fin. Les interprètes talentueux ont créé des univers captivants à l'aide d'accessoires simples mais évocateurs. Une petite mise en garde. Si jamais vous apportez un enfant influençable à la représentation de ce soir, cachez tout-de-suite le pot de Nutella, les cannes de tomates et le pot de beurre d'arachide. On vous aura prévenu!
Le cynisme absurde que nous retrouvons dans Junkyard/Paradis est probablement la perception la plus saine qu'une personne informée peut avoir face aux défis que nous avons à notre époque. Si nous laissions tout ce que nous apprenons aux nouvelles nous démoraliser, nous nous serions tous déjà lancés du toit d'un immeuble. Mais nous pouvons toujours remédier à ces abus psychologiques en hurlant «I don't care» en boucle. Si vous n'êtes pas habitués de dire ça, Brianna Lombardo pourra certainement vous inspirer de le faire. Parlant d'elle, Brianna est une danseuse impeccable dotée d'une puissance, d'une robustesse et d'une précision exceptionnelles, la faisant briller pendant qu'on l'observe se donner corps et âme aux séquences chorégraphiques férocement physique de Mélanie Demers.
La gestuelle et le vocabulaire uniques de la chorégraphe sont tout simplement époustouflants. Tant dans les duos de partenaires que dans les trios synchronisés, la construction unique et percutante de ceux-ci nous laisse absolument éberluée. Non seulement certaines sections semblent physiquement impossibles à accomplir mais les interprètes les font couler comme si de rien était. Chaque interprète est d'ailleurs digne de mention dans Junkyard/Paradis, incluant Angie Cheng, qui possède une fougue insatiable ainsi qu'un jeu hilarant. Jacques Poulin-Denis, toujours aussi charismatique et intrigant. Sans oublier l'imposant Nicolas Patry qui manipule ses petites partenaires comme des poupées, ou qui crépite intensément tout en ressemblant curieusement à Sideshow Bob de la série Les Simpson. Vous savez le personnage aux longs cheveux frisés? C'est peut-être juste moi…
En fait, le seul point faible du spectacle c'est qu'il n'est présenté que deux soirs. C'est-à-dire rien qu'une fois de plus, ce soir. Quoiqu'il arrive, on espère que cette oeuvre phénoménale sera reprise encore et encore à travers le Canada et le reste de la planète. Pour plus de détails sur Junkyard/Paradis, visitez le site web de l'Usine C.
http://www.usine-c.com/fr/11-junkyard-paradise.html
Extraits de Junkyard/Paradis (Version 2010)
Comme Jacques Poulin-Denis l'a si bien mentionné durant son brillant monologue, pas nécessairement dans cet ordre: «Génocide. Pédophilie. Famine. Viol. Trafic d'organes. Enfants soldats.» Etc. La liste des atrocités humaines est longue et c'est malheureusement la réalité que nous avons collectivement créé à partir de ce paradis parfait dont nous avons gracieusement hérité. Dépotoir. Paradis. Deux mots définissant ces deux mondes qui se côtoient intimement aujourd'hui dans notre société. Mélanie Demers a puisé dans la polarité de ces deux états coexistants pour créer Junkyard/Paradis, qui a été présenté à l'Usine C hier soir.
Une oeuvre sublime dans tous les sens du mot, c'est sans aucun doute un des spectacles les plus divertissants auquel j'ai assisté cette année. La chorégraphe a vraiment le don de créer des tableaux qui engagent et stimulent l'attention du spectateur sans jamais nous laisser tomber dans l'ennui. Autant humoristique que touchante, la pièce n'a pas cessé de nous surprendre, de nous agiter, de nous faire rire, nous tenant ainsi sur le bout de notre siège du début à la fin. Les interprètes talentueux ont créé des univers captivants à l'aide d'accessoires simples mais évocateurs. Une petite mise en garde. Si jamais vous apportez un enfant influençable à la représentation de ce soir, cachez tout-de-suite le pot de Nutella, les cannes de tomates et le pot de beurre d'arachide. On vous aura prévenu!
Le cynisme absurde que nous retrouvons dans Junkyard/Paradis est probablement la perception la plus saine qu'une personne informée peut avoir face aux défis que nous avons à notre époque. Si nous laissions tout ce que nous apprenons aux nouvelles nous démoraliser, nous nous serions tous déjà lancés du toit d'un immeuble. Mais nous pouvons toujours remédier à ces abus psychologiques en hurlant «I don't care» en boucle. Si vous n'êtes pas habitués de dire ça, Brianna Lombardo pourra certainement vous inspirer de le faire. Parlant d'elle, Brianna est une danseuse impeccable dotée d'une puissance, d'une robustesse et d'une précision exceptionnelles, la faisant briller pendant qu'on l'observe se donner corps et âme aux séquences chorégraphiques férocement physique de Mélanie Demers.
La gestuelle et le vocabulaire uniques de la chorégraphe sont tout simplement époustouflants. Tant dans les duos de partenaires que dans les trios synchronisés, la construction unique et percutante de ceux-ci nous laisse absolument éberluée. Non seulement certaines sections semblent physiquement impossibles à accomplir mais les interprètes les font couler comme si de rien était. Chaque interprète est d'ailleurs digne de mention dans Junkyard/Paradis, incluant Angie Cheng, qui possède une fougue insatiable ainsi qu'un jeu hilarant. Jacques Poulin-Denis, toujours aussi charismatique et intrigant. Sans oublier l'imposant Nicolas Patry qui manipule ses petites partenaires comme des poupées, ou qui crépite intensément tout en ressemblant curieusement à Sideshow Bob de la série Les Simpson. Vous savez le personnage aux longs cheveux frisés? C'est peut-être juste moi…
En fait, le seul point faible du spectacle c'est qu'il n'est présenté que deux soirs. C'est-à-dire rien qu'une fois de plus, ce soir. Quoiqu'il arrive, on espère que cette oeuvre phénoménale sera reprise encore et encore à travers le Canada et le reste de la planète. Pour plus de détails sur Junkyard/Paradis, visitez le site web de l'Usine C.
http://www.usine-c.com/fr/11-junkyard-paradise.html
Extraits de Junkyard/Paradis (Version 2010)