L'École de danse contemporaine a du talent à revendre.
16 décembre 2011
Critique de Cru d'automne 2011 de l'École de danse contemporaine.
-Oliver Koomsatira
Photo de «Duet» de Sacha Ivanochko du spectacle «Cru d'automne 2011» de l'École de danse contemporaine. Photo de Luc Lavergne.
Depuis 1981, l'École de danse contemporaine, mieux connue sous le nom de LADMMI, forme des danseurs interprètes professionnels qui s'illustrent sur les scènes nationales et internationales. Elle a d'ailleurs formé plus de 200 danseurs qui oeuvrent aujourd'hui pour une quarantaine de chorégraphes et compagnies de danse reconnus comme O Vertigo, Cas Public, la Compagnie Marie Chouinard, le Cirque du Soleil, la Compagnie Flak et Le Carré des Lombes. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la danse contemporaine, L'École de danse contemporaine jouit présentement d'une notoriété importante, tout comme l'École nationale de théâtre ou l'École nationale de cirque, car elle est munie d'un corps professoral composé d'interprètes professionnels ainsi que de maîtres réputés qui sont en grande partie toujours actifs dans le domaine.
Les étudiants admis dans le programme sont donc formés à temps plein pendant trois ans, tant au niveau théorique que pratique, avec une multitude de cours qui touchent l'histoire de l'art, la technique de danse contemporaine, l'anatomie fonctionnelle, la recherche créative, la musique et plus encore. De plus, dans le cadre de leurs cours, ils doivent bien sûr apprendre à danser devant un vrai public. Ses jeunes artistes participent donc à la création de cinq spectacles, totalisant environ une trentaine de représentations. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Cru d'automne 2011 a eu lieu. Les élèves de troisième année ont été jumelés à trois chorégraphes professionnels afin de créer trois pièces originales dans lesquelles ils danseront jusqu'au 17 décembre.
La première pièce de la soirée fut créée par Lise Vachon, diplômée de P.A.R.T.S. en Belgique où elle travailla notamment pour Rosas, la compagnie d'Anne Teresa De Keersmaeker ainsi que pour l'Opéra National de Paris et à la Scala de Milan. Huit étudiantes ont fait partie de l'oeuvre intitulée Elles à l'infini, qui mit la technique de ces étudiantes à l'épreuve avec une chorégraphie très exigeante et complexe. Les jeunes danseuses ont d'ailleurs eu la chance d'avoir des solos de taille afin de pouvoir démontrer l'étendue de leur talent. Après plusieurs séquences impressionnantes, la pièce passa de la danse abstraite à un tableau plus théâtral appuyé par une chanson de Serge Gainsbourg qu'on pourrait qualifié de «pas mal quétaine, merci». Ce fut d'ailleurs la partie de la pièce qui évoqua le plus de rires et de réactions de la part des spectateurs. Huit jeunes demoiselles en robes noires nous parlaient directement toutes en même temps sans qu'on puissent comprendre quoique se soit, sauf qu'on était en train de se faire rejeter maladroitement pendant beaucoup trop longtemps. Bien que se n'était pas de notre faute, bien sûr, mais plutôt de la leur, dans le style «Ce n'est pas toi, c'est moi»…
La deuxième pièce, mettant en vedette l'autre moitié du groupe, avait une construction complètement différente. Plutôt que d'utiliser tous les interprètes en même temps pour faire de grandes séquences de groupe, Duet s'est enchaînée comme le titre l'indique, en duo. Sasha Ivanochko, interprète, enseignante, chorégraphe et directrice artistique de blackandblue dance projects, s'est inspirée des «complexités» et des «subtilités inhérentes à l'intimité à deux» pour créer cette oeuvre fracassante. Le résultat fut une dizaine de duos très comiques et robustes allant chercher autant les forces d'interprétation que les aptitudes physiques des élèves. On y retrouvait toutes les relations malsaines que vous pouvez imaginer; ils se veulent mais se détruisent, elle manipule l'autre comme une poupée sans colonne vertébrale, une mère prise au cou par sa progéniture hyper-active et ainsi de suite l'un après l'autre. Chaque élève a eu son moment de gloire pour mettre en valeur ses talents d'interprétation.
La dernière pièce, intitulée Partition rassembla cette fois-ci le groupe de troisième année en entier. Vous avez bien entendu: 16 danseurs sur une même scène. Si vous ça vous étourdi, c'est normal, ça fait beaucoup de corps à gérer en même temps. Le chorégraphe de l'oeuvre, Marc Boivin, reconnu à titre de danseur tant au Québec, au Canada et à l'international, danse depuis 25 ans avec de nombreux chorégraphes réputés. En plus d'avoir une carrière d'interprète très active, il est aussi le Président de la Fondation Jean-Pierre Perreault ainsi que le Président du Regroupement québécois de la danse. Vêtus de costumes éclatants conçus par Angela Rassenti, les élèves ont exécuté des portés et des séquences de trio impressionnants. C'est d'ailleurs dans ces duos et ces trios que Partition était à son summum. Après tout, sur la petite scène du Théâtre Rouge du Conservatoire d'art dramatique de Montréal, difficile de faire bouger 16 personnes simultanément sans que quelqu'un ne mange les orteils de son voisin pour souper. Marc Boivin exigea le meilleur de chaque élève en créant des séquences très précises et exigeantes sur le plan technique qui ne laissaient aucune place à l'imperfection. Avec ce niveau de difficulté à atteindre, les élèves de l'École de danse contemporaine ont bel et bien le meilleur environnement pour repousser leurs limites.
Vous avez jusqu'à samedi pour voir ces jeunes interprètes prometteurs au meilleur de leur forme. Pour plus de détails, visitez le site web de l'École de danse contemporaine. http://www.ladmmi.com/fr/spectacles-de-decembre
Extraits de répétitions de Cru d'automne 2011.
Les étudiants admis dans le programme sont donc formés à temps plein pendant trois ans, tant au niveau théorique que pratique, avec une multitude de cours qui touchent l'histoire de l'art, la technique de danse contemporaine, l'anatomie fonctionnelle, la recherche créative, la musique et plus encore. De plus, dans le cadre de leurs cours, ils doivent bien sûr apprendre à danser devant un vrai public. Ses jeunes artistes participent donc à la création de cinq spectacles, totalisant environ une trentaine de représentations. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Cru d'automne 2011 a eu lieu. Les élèves de troisième année ont été jumelés à trois chorégraphes professionnels afin de créer trois pièces originales dans lesquelles ils danseront jusqu'au 17 décembre.
La première pièce de la soirée fut créée par Lise Vachon, diplômée de P.A.R.T.S. en Belgique où elle travailla notamment pour Rosas, la compagnie d'Anne Teresa De Keersmaeker ainsi que pour l'Opéra National de Paris et à la Scala de Milan. Huit étudiantes ont fait partie de l'oeuvre intitulée Elles à l'infini, qui mit la technique de ces étudiantes à l'épreuve avec une chorégraphie très exigeante et complexe. Les jeunes danseuses ont d'ailleurs eu la chance d'avoir des solos de taille afin de pouvoir démontrer l'étendue de leur talent. Après plusieurs séquences impressionnantes, la pièce passa de la danse abstraite à un tableau plus théâtral appuyé par une chanson de Serge Gainsbourg qu'on pourrait qualifié de «pas mal quétaine, merci». Ce fut d'ailleurs la partie de la pièce qui évoqua le plus de rires et de réactions de la part des spectateurs. Huit jeunes demoiselles en robes noires nous parlaient directement toutes en même temps sans qu'on puissent comprendre quoique se soit, sauf qu'on était en train de se faire rejeter maladroitement pendant beaucoup trop longtemps. Bien que se n'était pas de notre faute, bien sûr, mais plutôt de la leur, dans le style «Ce n'est pas toi, c'est moi»…
La deuxième pièce, mettant en vedette l'autre moitié du groupe, avait une construction complètement différente. Plutôt que d'utiliser tous les interprètes en même temps pour faire de grandes séquences de groupe, Duet s'est enchaînée comme le titre l'indique, en duo. Sasha Ivanochko, interprète, enseignante, chorégraphe et directrice artistique de blackandblue dance projects, s'est inspirée des «complexités» et des «subtilités inhérentes à l'intimité à deux» pour créer cette oeuvre fracassante. Le résultat fut une dizaine de duos très comiques et robustes allant chercher autant les forces d'interprétation que les aptitudes physiques des élèves. On y retrouvait toutes les relations malsaines que vous pouvez imaginer; ils se veulent mais se détruisent, elle manipule l'autre comme une poupée sans colonne vertébrale, une mère prise au cou par sa progéniture hyper-active et ainsi de suite l'un après l'autre. Chaque élève a eu son moment de gloire pour mettre en valeur ses talents d'interprétation.
La dernière pièce, intitulée Partition rassembla cette fois-ci le groupe de troisième année en entier. Vous avez bien entendu: 16 danseurs sur une même scène. Si vous ça vous étourdi, c'est normal, ça fait beaucoup de corps à gérer en même temps. Le chorégraphe de l'oeuvre, Marc Boivin, reconnu à titre de danseur tant au Québec, au Canada et à l'international, danse depuis 25 ans avec de nombreux chorégraphes réputés. En plus d'avoir une carrière d'interprète très active, il est aussi le Président de la Fondation Jean-Pierre Perreault ainsi que le Président du Regroupement québécois de la danse. Vêtus de costumes éclatants conçus par Angela Rassenti, les élèves ont exécuté des portés et des séquences de trio impressionnants. C'est d'ailleurs dans ces duos et ces trios que Partition était à son summum. Après tout, sur la petite scène du Théâtre Rouge du Conservatoire d'art dramatique de Montréal, difficile de faire bouger 16 personnes simultanément sans que quelqu'un ne mange les orteils de son voisin pour souper. Marc Boivin exigea le meilleur de chaque élève en créant des séquences très précises et exigeantes sur le plan technique qui ne laissaient aucune place à l'imperfection. Avec ce niveau de difficulté à atteindre, les élèves de l'École de danse contemporaine ont bel et bien le meilleur environnement pour repousser leurs limites.
Vous avez jusqu'à samedi pour voir ces jeunes interprètes prometteurs au meilleur de leur forme. Pour plus de détails, visitez le site web de l'École de danse contemporaine. http://www.ladmmi.com/fr/spectacles-de-decembre
Extraits de répétitions de Cru d'automne 2011.