Du butô à Verdun?
18 septembre 2011
Critique du spectacle À ciel ouvert de Lucie Grégoire
-Oliver Koomsatira
Photo de «À ciel ouvert» de Lucie Grégoire. Avec les danseuses Stéphanie Bernard, Lucie Carmen Grégoire, Rosie Contant, Marilyn Daoust, Joanie Deschatelets, Zeena Dotiwalla, Erin Drumheller, Kim Henry, Joanie Leblanc-Proulx, Audrey Rochette et Catherine St-Laurent.
Dans le cadre de la 9e édition de Quartiers Danses du festival Transatlantique Montréal dirigé par Rafik Hubert Sabbagh, Lucie Grégoire présenta samedi le 17 septembre sa toute nouvelle création À ciel ouvert avec plusieurs finissantes de LADMMI dont Rosie Contant, Joanie Deschatelets, Zeena Dotiwalla, Erin Drumheller, Kim Henry, Joanie Leblanc-Proulx, Audrey Rochette et Catherine St-Laurent, une graduée de l'UQAM, soit Marilyn Daoust, une graduée de York University à Toronto, Lucie Carmen Grégoire, ainsi qu'une graduée du Toronto Dance Theatre, Stéphanie Bernard.
Sur le bord d'une piste cyclable qui longe le fleuve dans le Parc de l'Honorable-George-O'Reilly à Verdun, une petite foule observe au loin les danseuses qui font face à l'eau. La pièce commence doucement avec les interprètes qui se laissent bercer tout en regardant au loin. Le public se dépose lentement dans le monde paisible de Lucie Grégoire, alimenté par la nature qui les entoure. Assez rapidement, les danseuses se dirigent à la course, au galop, au prochain point de rencontre à quelques mètres, dans un espace sur asphalte. Avec un tout autre rythme, le publique assiste à une courte séquence chorégraphique épurée mais puissante. Nous ressentons dès le départ la force du groupe qui, sans musique, s'écoute, se sent, se concentre, se synchronise. Tout au long du parcours, le public suit, sans guide, les danseuses à une dizaine de points dans le parc; contre du béton, dans des feuilles d'arbres, sous un saule pleureur, contre des troncs d'érables, dans des pentes qui mènent au bord du fleuve. Nous découvrons ainsi de belles images de groupe, une présence puissante venant des danseuses, l'univers profond et créatif de Lucie Grégoire et les beaux sites de Verdun.
Comme le directeur général et artistique du festival le mentionne avant le spectacle, le mandat de l'évènement est de faire connaître la danse à un plus large public. Mission accomplie à Verdun, en voyant les cyclistes, les piétons, les jeunes sur planches à roulettes, sur scooter, ralentir et observer les personnes bizarres en blanc qui déambulent, suivies d'un troupeau de gens qui prennent des photos et les regardent en silence. Certains de ces individus non-avertis se joignent aux spectateurs, d'autres continus leur route. Par contre, ils ont maintenant été exposés à de la danse butô et de la danse contemporaine. Et ce sans avoir payé. Peut-être sera t-il éveillé chez eux un intérêt pour la danse? Ou peut-être auront-ils simplement une bonne histoire à raconter à leurs amis. Peu importe, c'était gratuit.
La force du spectacle provenait de l'équilibre entre la lenteur et le dynamisme. Lucie Grégoire a bien choisi les moments pour briser les images faisant en sorte que le public ne ressente pas de longueurs. C'était aussi très courageux de sa part de faire le tout en silence pendant une heure complète. Ce qui fût encore plus ingénieux était que les déplacements des danseuses se trouvaient à être aussi intéressants et captivants que les images et les séquences chorégraphiques. Un point très important car la pièce consistait à 50% de changements de lieux.
De belles images, de la gestuelle intéressante, des chorégraphies bien interprétées, des interprètes talentueuses avec une grande présence et une belle marche le long du fleuve. Pour ceux qui penseraient aimer ce type de spectacle, la chorégraphe Lucie Grégoire dansera elle-même dans plusieurs maisons de la culture du 19 au 23 septembre avec sa pièce Sente. Voir le site de Quartiers Danses.
http://www.quartiersdanses.com/2011/08/lucie-gregoire-montreal-2/