Soirée triple à Tangente
31 octobre 2016
Article à propos des spectacles Faille : deux corps sur le comptoir, Shudder et Untamed.
- Oliver Koomsatira
Tangente vous propose une soirée triple du 3 au 6 novembre au Monument National avec les nouvelles créations de Jessica Serli, Louise Michel Jackson/Ben Fury/Rodolphe Coster ainsi que celle de Jason Martin. Nous nous sommes entretenus avec eux pour en savoir un peu plus sur leurs oeuvres et leurs processus de création. Tout d’abord, Faille de Jessica Serli met au coeur de la recherche le thème du système nerveux. : « L'intérêt de créer un parcours chorégraphique hyperactif qui explore à la fois le tic, les pathologies, les gestes involontaires et qui dévoile un monde d'instabilité et d'agitation. Inspirée de l'espace laboratoire, la pièce propose un lieu d'observation où le corps est soumis à des tensions ou des charges afin d'aller au-delà de ses limites pour le montrer lorsqu'il est dépassé par une force qui l'anime ou le secoue. » La chorégraphe a eu recours à des épreuves tout au long du processus (entrevue filmée, test d'évaluation, stimulation musculaire électrique, isoloir, etc.) qui révèlent le stress de l’interprète dans l’immédiat et « déclenchent un processus d'identification et de conscientisation des schèmes de réactions nerveuses chez les danseurs permettant l'établissement des bases d'un répertoire commun et à la fois distinct. »
Le spectacle Shudder, du trio de créateurs Jackson/Fury/Coster a pris forme sur deux continents sur une période de quatre ans : « Initié avec Ben Fury en 2012, nous avons été accueillis sur plusieurs lieux de résidence en Europe, surtout des endroits « in situ », comme une gare abandonnée en France, qui à été retapée en petit théâtre par un ami, ou une énorme ancienne imprimerie à Bruxelles, un squat aux propriétaires créatifs, etc. À chaque fin de résidence, on présentait une nouvelle étape de travail devant un petit public critique qui as grandement contribué à notre cheminement … » Leur processus a d’ailleurs évolué au fil des années : « Tout était à créer et définir, notre méthode de recherche, notre façon d’articuler le projet, trouver les bons collaborateurs, l’argent minimum pour le faire, la délicatesse d’une bonne communication entre l’équipe etc.. »
Pour sa part, Jason Martin approche ses créations en portant une attention particulière aux différents éléments tout au long du processus : « Mes premières expériences de création m’ont toutes confirmées mon souci d’appliquer une méthode de travail qui part du corps. Une fois en studio, je laisse ce dernier s’exprimer et rapidement le fil conducteur de la pièce se dessine. Je laisse carte blanche à mon instinct, en ne délaissant pas pour autant mon côté rationnel qui sert à donner un sens à la création. En outre, il est impératif pour moi que les différents acteurs principaux (danse, musique, éclairage) soient intimement liés, je m’assure que tout soit pensé au fur et à mesure que l’œuvre avance. Ce fut un processus de création simple, mais efficace. » Pour Jessica Serli, il s'avère très important de prendre le temps nécessaire pour la recherche : « Je préfère d'abord et avant tout la recherche fondamentale en studio. J'aime prendre le temps de questionner, de développer des concepts et des méthodes pour générer du langage gestuel. Cependant, après plusieurs périodes d'expérimentation, j'avais le goût de me mettre au défi de rassembler mon matériel et de le présenter. Tangente m'offre la chance de dévoiler une première étape de création avec Faille: deux corps sur le comptoir, une pièce de 30 minutes. »
D’où vient l’idée du spectacle Shudder? « La prémisse était inspirée par notre envie personnelle et partagée de s’élever, de façon profonde, mystique ou vulgairement superficielle, et d’accéder temporairement (mais le plus souvent possible! et « utopiquement » parlant de façon permanente) à un genre d’état de grâce ultime, ou de sentiment euphorique qui peut se manifester sous forme d’adrénaline, frisson, vertige, ou quelque chose qui bouscule jusqu’aux entrailles, nous fait rêver, ou nous procure un moment hors du commun, pour nous rapprocher du vivant. » Du côté de Jason Martin, son spectacle Untamed provient d’une création antérieure qu’il a décidé d’approfondir :
« Comme il s’agit d’une version allongée de la pièce Raw (Danses Buissonnières 2014), j’avais déjà un point de départ solide avec lequel travailler. J’ai donc repris l’idée de procurer autant chez les interprètes que les spectateurs, l'état de vigilance permanent qui existe lorsque l'être humain se retrouve devant l'inconnu. C'est d'ailleurs à ce moment que celui-ci se laisse guider par ses instincts, ce qui l'amène à réagir de manière spontanée en réponse à ce qui lui est proposé. Pleinement habité par cet état, l’être s'abandonne généralement à une sorte de transe qui le domine totalement, et de cette transe jaillit invariablement une vérité primaire. J’aime l’idée de se sentir libre, défait de toutes chaînes. »
D’où vient l’idée du spectacle Shudder? « La prémisse était inspirée par notre envie personnelle et partagée de s’élever, de façon profonde, mystique ou vulgairement superficielle, et d’accéder temporairement (mais le plus souvent possible! et « utopiquement » parlant de façon permanente) à un genre d’état de grâce ultime, ou de sentiment euphorique qui peut se manifester sous forme d’adrénaline, frisson, vertige, ou quelque chose qui bouscule jusqu’aux entrailles, nous fait rêver, ou nous procure un moment hors du commun, pour nous rapprocher du vivant. » Du côté de Jason Martin, son spectacle Untamed provient d’une création antérieure qu’il a décidé d’approfondir :
« Comme il s’agit d’une version allongée de la pièce Raw (Danses Buissonnières 2014), j’avais déjà un point de départ solide avec lequel travailler. J’ai donc repris l’idée de procurer autant chez les interprètes que les spectateurs, l'état de vigilance permanent qui existe lorsque l'être humain se retrouve devant l'inconnu. C'est d'ailleurs à ce moment que celui-ci se laisse guider par ses instincts, ce qui l'amène à réagir de manière spontanée en réponse à ce qui lui est proposé. Pleinement habité par cet état, l’être s'abandonne généralement à une sorte de transe qui le domine totalement, et de cette transe jaillit invariablement une vérité primaire. J’aime l’idée de se sentir libre, défait de toutes chaînes. »
Qui dit artistes émergents dit défis à surmonter. À quel genre d’obstacle se sont-ils butés en pondant leurs créations? Le grand intérêt de Jessica Serli pour la recherche fondamentale est la source même d’un défi, soit celui de structurer et mettre en forme les concepts élaborés : « J'aime laisser les choses se transformer et évoluer à travers des improvisations, [...]. Il fallait prendre des décisions, laisser des parties plus improvisées et d'autres plus structurées à travers la pièce. Dans les 2 cas, quelque chose se perdait. Aussi, je dirais que le manque de temps en création est toujours un défi !! » Les créateurs de Shudder nous ont quant à eux partagé ceci : « C’est un projet créé entre la Belgique et le Québec et nous avons été confrontés par certaines limites de déplacement. Les restrictions de capacité de voyager et créer sur les 2 continents… pas toujours évident à cause des limites de séjours –visa permis à l’étranger. » Pour sa part, Jason Martin fait face à un défi récurrent pour la plupart des artistes, soit le nerf de la guerre : « Lorsqu’il s’agit de créer en studio, j’adore tous les défis qui me sont lancés et cela me stimule à créer davantage. Le véritable défi repose sur la charge exponentielle de travail à faire à l’extérieur du studio : campagne de financement, communication, horaire, diffuseurs, producteurs, montage vidéos, dépôts de projet, demandes de bourses… C’est sans fin. »
La musique a une place très importantes dans les oeuvres Shudder et Untamed, quoiqu’elle soit abordée de manière très différente : « La musique fait partie intégrante du projet et depuis que Rodolphe Coster a rejoint le projet en 2014, nous avons évolué ensemble à travers une intime et étroite collaboration, un genre de ping pong fusionnel et dynamique. Nous sommes 3 porteurs dans ce projet et notre façon de s’investir et de l’alimenter est démocratique et équilibré. Rodolphe est souvent avec nous en studio, il nous regarde, on discute, il balance du son, on écoute, on essaye, on efface, on recommence, on trouve ensemble. » Dans le travail de Jason Martin, la musique est tout aussi importante : « La trame musicale est l’épine dorsale de mes œuvres et Untamed ne fait pas exception. La musique est composée par le musicien Étienne Vézina (Paclow), qui faisait déjà partie intégrante de RAW (2014) et de US (2015). En optant d’emblée pour une musique rythmée, je m'assure de donner une ligne directrice claire, un pouls constant qui permet de mieux structurer le thème de l'instinct, qui peut parfois se montrer incontrôlable. De plus, notre choix commun de créer une musique à la fois tribale et électrique, nous permet de raviver définitivement l'état de transe tant recherché. Je me permets d'impliquer le musicien sur scène, afin que celui-ci serve davantage à nourrir l'état de transe dans un rapport de proximité avec les danseurs; l’idée est de former un tout. Le public se sent à la fois transporté dans un concert rock et dans un spectacle de danse grâce à une trame sonore très solide et proche du mouvement. »
Pour ceux et celles qui veulent suivre les prochaines étapes de ces artistes, voici ce qui se trame pour eux. Jason Martin fera l‘équilibre entre sa carrière d’interprète et celle de chorégraphe : « En plus de ma carrière d’interprète qui se poursuit, je débute une co-création avec la chorégraphe et interprète Janelle Hacault qui sera présentée à Winnipeg en avril 2017. Je travaille également sur la mise en scène d’un spectacle solo avec le comédien Julien Lemire. J’ai par ailleurs une importante commande chorégraphique en janvier 2017. » Jessica Serli aimerait pour sa part continuer de faire vivre son oeuvre à son plein potentiel : « Retourner au travail !!! et faire une pièce d'une plus longue durée. Beaucoup de matériel a été mis de côté. Je souhaite aussi pousser les possibilités de diffusion de cette forme de 30 minutes. » Pour plus de détails sur les spectacles, visitez le site web de Tangente. http://www.tangente.qc.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=196&Itemid=&lang=fr
Pour ceux et celles qui veulent suivre les prochaines étapes de ces artistes, voici ce qui se trame pour eux. Jason Martin fera l‘équilibre entre sa carrière d’interprète et celle de chorégraphe : « En plus de ma carrière d’interprète qui se poursuit, je débute une co-création avec la chorégraphe et interprète Janelle Hacault qui sera présentée à Winnipeg en avril 2017. Je travaille également sur la mise en scène d’un spectacle solo avec le comédien Julien Lemire. J’ai par ailleurs une importante commande chorégraphique en janvier 2017. » Jessica Serli aimerait pour sa part continuer de faire vivre son oeuvre à son plein potentiel : « Retourner au travail !!! et faire une pièce d'une plus longue durée. Beaucoup de matériel a été mis de côté. Je souhaite aussi pousser les possibilités de diffusion de cette forme de 30 minutes. » Pour plus de détails sur les spectacles, visitez le site web de Tangente. http://www.tangente.qc.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=196&Itemid=&lang=fr