It's sexy time !
30 novembre 2012
Critique du spectacle Projet Harlequin de Nancy Leduc présenté par Danse-Cité.
- Oliver Koomsatira
Projet Harlequin - Crédit photo : Nicolas Ruel.
Parlons de sexe un petit moment. Depuis l'hyper-sexualisation des femmes dans les médias, la pornographie et la prostitution de tous genres, il est fort probable que plusieurs d'entre nous ayons des opinions diamétralement opposées sur ce qui « turn on » les femmes. En général, il est dit que la pornographie n'est que pour les gars, tandis que les femmes… Tiens donc… qu'est-ce que les femmes font pour s'exciter? Mais voyons donc, les femmes n'ont pas besoin de quoi que ce soit pour s'exciter, elles le sont tout le temps, n'est-ce pas? Du moins, c'est comme ça dans les films de fesses: qui sont eux bien sûr les miroirs de la réalité secrète non-avouée. Hm… explorons cette zone plutôt grise et taboue qu'est le désir féminin, pour voir. Les femmes sont généralement contre la pornographie, avec raison; cette forme d'exploitation sexuelle est assez dégradante surtout quand on sait que la majorité des actrices, qui ont pour la plupart de 18 à 25 ans, ont des dépendances accrues à l'alcool et à la drogue, et que la majorité des intervenants du milieu pornographique sont porteurs de maladies transmises sexuellement. Donc, qu'est-ce qu'une femme peut bien faire pour monter le thermostat de sa libido? Nancy Leduc, directrice artistique de Projet Harlequin en sait probablement plus que nous… hommes.
Comme elle le partage dans la description de la soirée, bien que les romans Harlequin soient souvent décriés et qualifiés de littérature dégradante, 250 millions de copies ont été vendues et ces livres ont été traduits dans plus de 24 langues ! Qu'est-ce que la collection Harlequin? Pour ceux qui ne la connaisse pas ou qui n'ont jamais lu un de ces romans, je tente de vous expliquer… en parlant à travers mon chapeau car je ne savais que vaguement qu'ils existaient. Je vous le jure, j'en lis pas en cachette à chaque soir ! D'après l'interprétation des chorégraphes de Projet Harlequin, on a l'impression que ce sont des livres érotiques doux avec des histoires particulièrement médiocres. Tiens tiens, ça ressemble un peu à ce qu'on connait de la pornographie, non? Genre… Ding Dong. Homme: « Vous avez appelé le plombier? » Femme en chaleur: « Oui, mon lavabo coule abondamment… » Homme: « D'accord… je vais sortir mon gros tournevis pour boucher votre trou très mouillé… » Femme: « Hm… peut-être que je pourrais huiler votre gros tournevis dur pour que ça glisse un peu mieux?… » Ainsi de suite jusqu'à la ligne d'arrivée. Prémisse de matière fécale bien sûr parce qu'on a pas vraiment le temps ou le goût de s'accrocher à l'intrigue, mais ça fait quand même la « job ». On ne recherche pas du Shakespeare après tout.
Avec cette proposition très olé olé, Nancy Leduc a invité quatre artistes non-chorégraphes pour assurer l'aspect chorégraphique de l'oeuvre: Évelyne de la Chenelière qui est femme de théâtre ainsi que Mario Calvé, Alain Desrochers et Michel Lam qui sont tous trois cinéastes. Chaque chorégraphe en herbe s'est donc attaqué à une histoire et l'a mise en scène en disposant de 7 danseurs pour donner vie à son élan créatif. En général, le ton de la soirée était plutôt léger, mystérieux et ridiculement érotique. Pas dans le sens extrêmement érotique… je vous assure, pas un seul frisson sexuel n'est au rendez-vous. Je veux plutôt dire complètement absurde. Par exemple, on pense à Benoît Leduc dans la peau de Dimitri du roman La cascadeuse et le cowboy, qui s'amuse à se regarder danser lui-même, ses muscles, ses bijoux de famille serrés par son équipement d'escalade, complètement absorbé par sa personne… ne portant ainsi aucune attention à la présence de la cascadeuse désespérée qu'est Géraldine, interprétée par Nancy Leduc, qui attend patiemment d'être rescapée par son Lucky Luc, pour ensuite… ben… baiser. Duh !
On comprend ainsi que d'un livre à l'autre, les histoires ne sont finalement pas vraiment supposées être bonnes. Seules les intentions sexuelles parfois tordues sont nécessaires pour allumer la chandelle féminine des lectrices anonymes. Une autre lacune générale d'un Harlequin est sans doute ses personnages unidimensionnels comme Michel Lam nous l'a fait comprendre en mettant en scène le roman Au grand galop d'une roulotte. Les interprètes ont présentés leurs personnages un après l'autre, suscitant plusieurs rires de la part du public. Par exemple, Dany Desjardins incarnera le rôle d'Ivanov: le méchant soldat soviétique, sans émotion… on a besoin de lui comme antagoniste… c'est tout. Ou David Pressault qui jouera lui le rôle de Rom Boro… Rom Boro ! Oui, le seul et unique… Rom Boro ! Cours Rom Boro ! Galope ! Rom Boroooo ! Désolé, c'est un petit « inside »… il faut aller voir le spectacle pour comprendre. Ça vaut la peine, c'est une des sections les plus drôles de la soirée.
En somme, on retrouve dans Projet Harlequin un humour physique absurde au style Le coeur à ses raisons, tout en ayant plus de danse et de prouesses. Je vous conseille tous de passer à la bibliothèque vous chercher un petit Harlequin, en feuilleter le plus possible et puis d'aller voir Projet Harlequin, ça risque de vous chatouiller quand même beaucoup. Voici donc la liste des histoires employées dans le spectacle: Mara la cruelle de Janet Dailey, Dans l'autre du fauve d'Anne Mather, La cascadeuse et le cowboy de Patti Beckman et Au grand galop d'une roulotte de Margaret Rome. Peut-être sera-t-il le petit « boost » que votre vie sexuelle avait tant de besoin… Pour plus de détails sur le spectacle, visitez le site web de Danse-Cité. http://www.danse-cite.org/fr/spectacles/2012/projet-harlequin
Projet Harlequin est dansé par Guillaume Chouinard, Dany Desjardins, Annik Hamel, Benoît Leduc, Nancy Leduc, Mathilde Monnard et David Pressault.
Vidéo du processus de création de Projet Harlequin
Comme elle le partage dans la description de la soirée, bien que les romans Harlequin soient souvent décriés et qualifiés de littérature dégradante, 250 millions de copies ont été vendues et ces livres ont été traduits dans plus de 24 langues ! Qu'est-ce que la collection Harlequin? Pour ceux qui ne la connaisse pas ou qui n'ont jamais lu un de ces romans, je tente de vous expliquer… en parlant à travers mon chapeau car je ne savais que vaguement qu'ils existaient. Je vous le jure, j'en lis pas en cachette à chaque soir ! D'après l'interprétation des chorégraphes de Projet Harlequin, on a l'impression que ce sont des livres érotiques doux avec des histoires particulièrement médiocres. Tiens tiens, ça ressemble un peu à ce qu'on connait de la pornographie, non? Genre… Ding Dong. Homme: « Vous avez appelé le plombier? » Femme en chaleur: « Oui, mon lavabo coule abondamment… » Homme: « D'accord… je vais sortir mon gros tournevis pour boucher votre trou très mouillé… » Femme: « Hm… peut-être que je pourrais huiler votre gros tournevis dur pour que ça glisse un peu mieux?… » Ainsi de suite jusqu'à la ligne d'arrivée. Prémisse de matière fécale bien sûr parce qu'on a pas vraiment le temps ou le goût de s'accrocher à l'intrigue, mais ça fait quand même la « job ». On ne recherche pas du Shakespeare après tout.
Avec cette proposition très olé olé, Nancy Leduc a invité quatre artistes non-chorégraphes pour assurer l'aspect chorégraphique de l'oeuvre: Évelyne de la Chenelière qui est femme de théâtre ainsi que Mario Calvé, Alain Desrochers et Michel Lam qui sont tous trois cinéastes. Chaque chorégraphe en herbe s'est donc attaqué à une histoire et l'a mise en scène en disposant de 7 danseurs pour donner vie à son élan créatif. En général, le ton de la soirée était plutôt léger, mystérieux et ridiculement érotique. Pas dans le sens extrêmement érotique… je vous assure, pas un seul frisson sexuel n'est au rendez-vous. Je veux plutôt dire complètement absurde. Par exemple, on pense à Benoît Leduc dans la peau de Dimitri du roman La cascadeuse et le cowboy, qui s'amuse à se regarder danser lui-même, ses muscles, ses bijoux de famille serrés par son équipement d'escalade, complètement absorbé par sa personne… ne portant ainsi aucune attention à la présence de la cascadeuse désespérée qu'est Géraldine, interprétée par Nancy Leduc, qui attend patiemment d'être rescapée par son Lucky Luc, pour ensuite… ben… baiser. Duh !
On comprend ainsi que d'un livre à l'autre, les histoires ne sont finalement pas vraiment supposées être bonnes. Seules les intentions sexuelles parfois tordues sont nécessaires pour allumer la chandelle féminine des lectrices anonymes. Une autre lacune générale d'un Harlequin est sans doute ses personnages unidimensionnels comme Michel Lam nous l'a fait comprendre en mettant en scène le roman Au grand galop d'une roulotte. Les interprètes ont présentés leurs personnages un après l'autre, suscitant plusieurs rires de la part du public. Par exemple, Dany Desjardins incarnera le rôle d'Ivanov: le méchant soldat soviétique, sans émotion… on a besoin de lui comme antagoniste… c'est tout. Ou David Pressault qui jouera lui le rôle de Rom Boro… Rom Boro ! Oui, le seul et unique… Rom Boro ! Cours Rom Boro ! Galope ! Rom Boroooo ! Désolé, c'est un petit « inside »… il faut aller voir le spectacle pour comprendre. Ça vaut la peine, c'est une des sections les plus drôles de la soirée.
En somme, on retrouve dans Projet Harlequin un humour physique absurde au style Le coeur à ses raisons, tout en ayant plus de danse et de prouesses. Je vous conseille tous de passer à la bibliothèque vous chercher un petit Harlequin, en feuilleter le plus possible et puis d'aller voir Projet Harlequin, ça risque de vous chatouiller quand même beaucoup. Voici donc la liste des histoires employées dans le spectacle: Mara la cruelle de Janet Dailey, Dans l'autre du fauve d'Anne Mather, La cascadeuse et le cowboy de Patti Beckman et Au grand galop d'une roulotte de Margaret Rome. Peut-être sera-t-il le petit « boost » que votre vie sexuelle avait tant de besoin… Pour plus de détails sur le spectacle, visitez le site web de Danse-Cité. http://www.danse-cite.org/fr/spectacles/2012/projet-harlequin
Projet Harlequin est dansé par Guillaume Chouinard, Dany Desjardins, Annik Hamel, Benoît Leduc, Nancy Leduc, Mathilde Monnard et David Pressault.
Vidéo du processus de création de Projet Harlequin