Superposer le numérique à l'organique
23 avril 2012
Critique de Haptic et Holistic Strata, par Hiroaki Umeda.
Dominique Thomas (Bio)
Hiroaki Umeda dans «Holistic Strata».
Le Japonais Hiroaki Umeda donne le coup d’envoi au festival Temps d’Images avec ses créations Haptic et Holistic Strata. Manipulant la matière numérique, le créateur construit des univers au visuel percutant où le corps se synchronise à la technologie.
Artiste multidisciplinaire, Hiroaki Umeda utilise le corps, la lumière et les projections vidéos d’abord pour bâtir un espace. Son intérêt est plastique, et il cherche à « vider [ses pièces] de tout ce qui fait sens » afin de donner au public une expérience purement sensorielle, esthétique. Ses dernières créations présentées hier soir à l’Usine C s’inscrivent dans cette démarche, d’une part en insistant sur la couleur, d’autre part en créant des illusions grâce à l’utilisation de projections.
Haptic amorce un dialogue entre le danseur et les couleurs de la lumière. Umeda cherche à s’éloigner des habituelles préconceptions qu’on associe à certaines couleurs, comme lier le rouge et la colère, ou le bleu et l’apaisement. Son travail se situe au-delà de ces perceptions, dans la sensation physique, dans le visuel. Sa gestuelle fluide et bien ancrée, inspirée tantôt du hip-hop, tantôt du butô, se superpose au jeu de couleurs que forment les éclairages au sol et sur l’écran en fond de scène, où le bleu, le vert et le rouge dominent. Le soliste est une ombre sur un tableau de couleurs et il réagit aux différentes atmosphères.
Holistic Strata s’attaque quant à elle à la « numérisation » de l’espace. Les projections vidéos jouent sur l’illusion : l’espace semble se dilater, se concentrer, s’étirer ou basculer. Umeda, au centre de la tempête électronique, est le noyau autour duquel gravitent des électrons virtuels. Il est en effet impossible d’assister à ce spectacle numérique, pixélisé, sans y voir une réflexion sur la dualité entre l’art et la science. Dans ce voyage électronique, le danseur se pose face à la science et forme le contrepoids à la technologie qui l’environne. Le fait qu’Umeda soit toujours au centre de la scène ramène justement le spectacle à une échelle humaine.
L’ensemble du spectacle est, sans aucun doute, pertinent : la question de la « technologisation » de l’art mérite d’être explorée à fond, en particulier dans le domaine de la danse, où les limites du corps posent d’intéressantes contraintes. L’expérience visuelle, bien qu’étonnante, manque parfois de chair, et les deux œuvres restent plutôt impersonnelles. Umeda tire cependant son épingle du jeu grâce à une gestuelle qui lui est propre et à son travail réussi sur le visuel.
Plateforme pour les créateurs qui transcendent les genres artistiques, le festival Temps d’Images en est à sa 7e édition et sera présenté à l’Usine C du 19 au 27 avril. Artistes internationaux et locaux se côtoient et y présentent des créations fusionnant, entre autres, la danse, les arts visuels et le cinéma, dans l’optique de revisiter les rapports à la scène. Le festival Temps d’Images fait partie d’un réseau international qui regroupe la France, le Portugal, l’Allemagne, la Hongrie et la Roumanie.
Pour plus de détails sur le Festival, visitez le site web de l'Usine C.
http://www.usine-c.com/fr/09-tempsdimages.html
Vidéo du Festival Temps d'Images.
Artiste multidisciplinaire, Hiroaki Umeda utilise le corps, la lumière et les projections vidéos d’abord pour bâtir un espace. Son intérêt est plastique, et il cherche à « vider [ses pièces] de tout ce qui fait sens » afin de donner au public une expérience purement sensorielle, esthétique. Ses dernières créations présentées hier soir à l’Usine C s’inscrivent dans cette démarche, d’une part en insistant sur la couleur, d’autre part en créant des illusions grâce à l’utilisation de projections.
Haptic amorce un dialogue entre le danseur et les couleurs de la lumière. Umeda cherche à s’éloigner des habituelles préconceptions qu’on associe à certaines couleurs, comme lier le rouge et la colère, ou le bleu et l’apaisement. Son travail se situe au-delà de ces perceptions, dans la sensation physique, dans le visuel. Sa gestuelle fluide et bien ancrée, inspirée tantôt du hip-hop, tantôt du butô, se superpose au jeu de couleurs que forment les éclairages au sol et sur l’écran en fond de scène, où le bleu, le vert et le rouge dominent. Le soliste est une ombre sur un tableau de couleurs et il réagit aux différentes atmosphères.
Holistic Strata s’attaque quant à elle à la « numérisation » de l’espace. Les projections vidéos jouent sur l’illusion : l’espace semble se dilater, se concentrer, s’étirer ou basculer. Umeda, au centre de la tempête électronique, est le noyau autour duquel gravitent des électrons virtuels. Il est en effet impossible d’assister à ce spectacle numérique, pixélisé, sans y voir une réflexion sur la dualité entre l’art et la science. Dans ce voyage électronique, le danseur se pose face à la science et forme le contrepoids à la technologie qui l’environne. Le fait qu’Umeda soit toujours au centre de la scène ramène justement le spectacle à une échelle humaine.
L’ensemble du spectacle est, sans aucun doute, pertinent : la question de la « technologisation » de l’art mérite d’être explorée à fond, en particulier dans le domaine de la danse, où les limites du corps posent d’intéressantes contraintes. L’expérience visuelle, bien qu’étonnante, manque parfois de chair, et les deux œuvres restent plutôt impersonnelles. Umeda tire cependant son épingle du jeu grâce à une gestuelle qui lui est propre et à son travail réussi sur le visuel.
Plateforme pour les créateurs qui transcendent les genres artistiques, le festival Temps d’Images en est à sa 7e édition et sera présenté à l’Usine C du 19 au 27 avril. Artistes internationaux et locaux se côtoient et y présentent des créations fusionnant, entre autres, la danse, les arts visuels et le cinéma, dans l’optique de revisiter les rapports à la scène. Le festival Temps d’Images fait partie d’un réseau international qui regroupe la France, le Portugal, l’Allemagne, la Hongrie et la Roumanie.
Pour plus de détails sur le Festival, visitez le site web de l'Usine C.
http://www.usine-c.com/fr/09-tempsdimages.html
Vidéo du Festival Temps d'Images.