Mélanie Demers, Peter Quanz et George Stamos présentent leur pièce de résistance
23 janvier 2018
Article à propos de l'événement Résistances plurielles présenté par l'Agora de la danse.
- Oliver Koomsatira
Un événement sans pareil prendra d’assaut le Wilder du 24 au 27 janvier. Non pas un, deux, mais bien trois chorégraphes ont été sélectionnés par la commissaire du projet, Frédérique Doyon. Elle nous explique comment cette série, intitulée Résistances plurielles, a pris forme alors que les chorégraphes Mélanie Demers, Peter Quanz et George Stamos nous en disent plus sur leur oeuvre respective. En premier lieu, Frédérique Doyon nous explique comment elle a amalgamé les oeuvres Icône Pop, Instant Community et Recurrent Measures pour cette soirée triple. « J’ai voulu rassembler des oeuvres qui reflètent selon moi un des développements de la danse contemporaine. Par définition, la danse contemporaine se réinvente constamment. Elle questionne donc ses propres codes. Mais plus récemment, cette résistance aux codes s'étend à ceux qui régissent nos sociétés. C'est cette manière de constamment remettre en question les perceptions communes, les conformismes, les courants de fond (la pensée mainstream) de la société, que j'ai voulu souligner avec cette série. » Pouvons-nous retrouver des liens entre ces trois oeuvres même si elles ont été créées séparément?
« Les trois pièces ont des formats atypiques. C'est leur première forme de résistance. Pas de sièges à l'italienne — Icône Pop ne se passe même pas dans une salle de spectacle mais dans un stationnement —, et dans deux cas, le public circule librement. C'est une manière selon moi de résister au spectacle, au spectaculaire, en invitant le public à prendre part plus activement à la lecture de l'oeuvre plutôt qu’à la recevoir passivement. »
« Les trois pièces ont des formats atypiques. C'est leur première forme de résistance. Pas de sièges à l'italienne — Icône Pop ne se passe même pas dans une salle de spectacle mais dans un stationnement —, et dans deux cas, le public circule librement. C'est une manière selon moi de résister au spectacle, au spectaculaire, en invitant le public à prendre part plus activement à la lecture de l'oeuvre plutôt qu’à la recevoir passivement. »
Plongeons maintenant au coeur des spectacles en commençant par la pièce de Mélanie Demers. La chorégraphe nous en dit plus sur l’historique de son oeuvre : « Créée dans les murs de la Chiesa dell’Annunziata dans la petite ville italienne de Bassano del Grappa à l’été 2016, Icône Pop poursuit dorénavant un itinéraire qui lui est propre. Low-tech, low-fi, low-budget. Petit objet volant non identifié, l’oeuvre est appelée à se créer et recréer selon les contextes de présentation. Dans l’arène, la compositrice et chanteuse Mykalle Bielinski convie la musique de Dvoràk et quelques envolées lyriques cheap. De mon côté, je combine les auras de la Vierge Marie et de Beyoncé. C’est une Barbie sous influence qui est inventée. Divine et prête-à-jeter. » Pour sa part Peter Quanz nous parle de son processus, chapeauté par Montréal Danse : « Notre processus a commencé avec deux semaines de jeux créatifs libres en compagnie de Brice et Peter. Il est devenu apparent que d’avoir accès à une communauté d’interprètes, danseurs, dramaturge et chorégraphe offrait du matériel riche pour la recherche. Bernard et Sylvain se sont ensuite joint au processus pour un total de quatre interprètes, sans compter Kathy et moi-même. » Sa pièce crée un espace où les spectateurs ont plus de liberté que d’habitude : « C’est un travail où les spectateurs sont mobiles et dans lequel on leur donne la permission d’utiliser leur propre technologie intelligente. Chaque moment dans le travail existe comme un jeu d’information entre le noyau du groupe, tout en restant ouvert à l’influence et à l’augmentation d’activité provenant du public. » Pour George Stamos, le processus a débuté il y a plus de quatre ans : « Recurrent Measures (RM) a commencé comme un solo de tour (durational spinning) dans des galleries et des espaces publics de 2013 à 2016. Pendant ces années, j’ai consulté un neuroscientifique afin de mieux comprendre ce qui se passe dans le cerveau quand on tourne et j’ai examiné les pratiques Sufi pour m’assurer que je ne reproduisais pas leurs rituels. Je pouvais tourner continuellement, à une vitesse assez rapide, jusqu’à 45 minutes et, pour être honnête, ce type de solo (héroïsme de l’homme contre la machine) a nourri la dramaturgie de la recherche dans les premières étapes. Ceci dit, je ne trouvais pas qu’il était juste de continuer dans cette direction, tant au niveau politique qu’artistique. Je voulais que le travail évoque l’humanité et des dynamiques interpersonnelles positives, donc j’ai invité des artistes à tourner avec moi. »
Abordons maintenant comment leurs oeuvres s’inscrivent dans le reste de leur répertoire. Pour Mélanie Demers, on parle ici d’un changement significatif : « Icône Pop fait partie avec Animal Triste d’un nouveau cycle de travail que je nomme le cycle de la chair car depuis 2016, je m’attarde à redonner à la danse toute sa puissance d’évocation. Il y a quelque chose de plus dépouillé que dans les créations précédentes. Même si l’approche est très performative, c’est le corps qui est au centre des préoccupations. Exit la théâtralité exacerbée. Exit le militantisme frontal. Exit les rapports de force unidimensionnels. Il y un désir de liberté. Et avec cela, une complexité nouvelle, plus marécageuse. » Pour sa part, Peter Quanz attaque aussi sa pièce différemment : « Instant community est différente de toute autre création dont j’ai fait partie. Collaborant avec Montréal Danse, j’ai eu la chance de passer beaucoup de temps en Chine où je travaillais avec des compagnies de danse et de ballet chinoises. Leur travail est très structuré avec un vocabulaire de mouvement connu en plus d’être surveillé par le gouvernement Chinois. C’est ainsi que la pollinisation de ces deux réalités m’a poussé à favoriser un espace sécuritaire pour la génération d’idées dans une culture où l’individu n’a traditionnellement aucun incitatif d’aller au-delà des directives de l’autorité. » Pour sa part, George Stamos estime que cette création ouvre une nouvelle porte dans son travail : « Même si ce travail est basé sur une recherche solo antérieure, de bien des façons, il ouvre un nouveau chapitre dans mon répertoire, spécialement dans mon approche au travail de groupe. Depuis 2007, une grande partie de mon travail était d’une façon ou d’une autre directement reliée à l’investigation des genres. Bien que le genre soit toujours présent, (RM) n’est pas préoccupé par une interrogation de ce dernier ou par sa fluidité. Ce qui est plutôt à l’avant-plan de la pièce est la détermination et la persistance qui sont nécessaires pour continuer d’exister ou de coexister avec de l’optimisme pour l’humanité. Comment pouvons-nous équilibrer la résistance avec compassion et comment pouvons-nous gagner le marathon? Ce n’est pas une petite tâche. »
Pour la commissaire, réaliser ce genre d’événement est à la fois palpitant tout en comportant plusieurs défis. Elle nous explique comment elle envisage le futur de cette formule : « J’aime beaucoup l’idée de mettre en lumière un enjeu chorégraphique en réunissant deux ou trois pièces. Mais quand on monte des programmations sur une année entière (et non à dates fixes comme un festival), avec essentiellement des nouvelles créations (et non des commandes ou des œuvres existantes, puisque c’est le mandat de l’Agora) et parce que notre salle de spectacle principale, au WILDER, est partagée (avec Tangente), c’est difficile de mettre en place ce type de série. C’est pourquoi celles à venir dans les prochaines saisons seront probablement réparties sur plus d’une semaine de programmation.»
Nous pourrions évidemment continuer cet entretien pendant des heures, mais les arts de la scène sont conçus pour être vécus. Voici donc ce que ces artistes feront suite à la présentation de leurs oeuvres à l’Agora de la danse. Pour Mélanie Demers, son travail l’apporte un peu partout sur la planète : « En mars, Animal Triste part en tournée au Brésil. Et en avril, MAYDAY lance son tout nouveau projet appelé Danse Mutante. Le projet Danse Mutante est un relais chorégraphique prenant racine à Montréal et se déployant sur plusieurs scènes du monde. […] Après que j’aurai créé la version originale du duo à Montréal, l’oeuvre voyagera vers Ann Liv Young (New York), Kettly Noël (Bamako) et Ann Van den Broek (Anvers/Rotterdam). Avec les mêmes paramètres à respecter chaque chorégraphe est invitée à créer sa propre mutation de la pièce en remixant, corrompant et réinventant à sa guise la dernière version créée. » Pour Peter Quanz, en plus de créer pour Ballet Victoria, Winnipeg’ School of Contemporary Dancers et Beijing Dance Academy, il sera aussi juge pour une compétition de ballet internationale (Youth America Grand Prix) ainsi que mentor chorégraphique pour le Royal Winnipeg Ballet. Du côté de George Stamos, en plus d’être étudiant à temps plein à l’université Concordia dans le département de Communication Studies, il est aussi en création pour un trio : « Je développe un trio qui s’intitule One Kind Favor avec la danseuse incroyable Karla Etienne (danseuse principale de Nyata Nyata), le musicien et performeur Radwan Ghazi Moumneh de Jerusalem in My Heart, et moi-même à titre de performeur. One Kind Favor sera présenté par le MAI en 2019 et co-produit par Danse-Cité. Pour plus de détails, visitez le site web de l’Agora de la danse. http://agoradanse.com/evenement/type/resistances-plurielles/
Les propos de Peter Quanz et George Stamos font l’objet de traduction libre.
Nous pourrions évidemment continuer cet entretien pendant des heures, mais les arts de la scène sont conçus pour être vécus. Voici donc ce que ces artistes feront suite à la présentation de leurs oeuvres à l’Agora de la danse. Pour Mélanie Demers, son travail l’apporte un peu partout sur la planète : « En mars, Animal Triste part en tournée au Brésil. Et en avril, MAYDAY lance son tout nouveau projet appelé Danse Mutante. Le projet Danse Mutante est un relais chorégraphique prenant racine à Montréal et se déployant sur plusieurs scènes du monde. […] Après que j’aurai créé la version originale du duo à Montréal, l’oeuvre voyagera vers Ann Liv Young (New York), Kettly Noël (Bamako) et Ann Van den Broek (Anvers/Rotterdam). Avec les mêmes paramètres à respecter chaque chorégraphe est invitée à créer sa propre mutation de la pièce en remixant, corrompant et réinventant à sa guise la dernière version créée. » Pour Peter Quanz, en plus de créer pour Ballet Victoria, Winnipeg’ School of Contemporary Dancers et Beijing Dance Academy, il sera aussi juge pour une compétition de ballet internationale (Youth America Grand Prix) ainsi que mentor chorégraphique pour le Royal Winnipeg Ballet. Du côté de George Stamos, en plus d’être étudiant à temps plein à l’université Concordia dans le département de Communication Studies, il est aussi en création pour un trio : « Je développe un trio qui s’intitule One Kind Favor avec la danseuse incroyable Karla Etienne (danseuse principale de Nyata Nyata), le musicien et performeur Radwan Ghazi Moumneh de Jerusalem in My Heart, et moi-même à titre de performeur. One Kind Favor sera présenté par le MAI en 2019 et co-produit par Danse-Cité. Pour plus de détails, visitez le site web de l’Agora de la danse. http://agoradanse.com/evenement/type/resistances-plurielles/
Les propos de Peter Quanz et George Stamos font l’objet de traduction libre.