The Tempest Replica à guichet fermé à l'Agora de la danse
11 octobre 2011
Critique du spectacle The Tempest Replica de Crystal Pite.
- Oliver Koomsatira
Crédits Photo : Jörg Baumann. Danseurs : Yannick Matthon, Jermaine Maurice Spivey et Peter Chu.
Suite au succès fulgurant du spectacle The You Show de Crystal Pite la saison passée, le diffuseur Agora de la danse a invité de nouveau la compagnie pour qu'elle présente sa nouvelle oeuvre The Tempest Replica. Rares sont les premières de spectacles de danse si populaires. Nous nous serions crus à un concert de Madonna avec cette file d'attente longeant deux étages jusqu'à la porte d'entrée principale. Qu'est-ce qui génère tant d'enthousiasme pour cette jeune compagnie qui a été fondée en 2002? Peut-être que ça a quelque chose à voir avec sa chorégraphe. Crystal Pite a remporté le prix Clifford E. Lee du Banff Centre en 1995, le Bonnie Bird North American Choreography Award en 2004, le prix Isadora en 2005, le Jacob's Pillow Dance Award en 2011 et le prix Jacqueline Lemieux du Conseil des Arts du Canada en 2012. De plus, ses créations ont été couronnées de plusieurs prix Dora Mavor Moore en 2009 et 2012 ainsi que d'un prix Jessie Richardson pour le théâtre en 2006. Disons qu'elle se débrouille pas si mal…
Pour ceux qui avaient l'intention d'aller voir le spectacle et qui n'ont pas encore acheté de billets, désolé mais c'est complet. C'est dans des cas pareils qu'on a besoin que la danse se moule au système du théâtre pour que les représentations durent deux à trois semaines. Soit ça, ou on loue un plus grand théâtre. Ça commence à être pas mal à la mode la danse contemporaine.
Si il y a un département qui vole définitivement la vedette haut la main dans cette production, c'est sans aucun doute celui des costumes. Les vêtements passent souvent inaperçus ou sont d'une importance moindre dans les spectacles de danse, peut-être parfois faute de budget. On s'en tient souvent à des morceaux très neutres ou des éléments qui ressemblent à ce que l'on met tous les jours. Par contre, dans ce spectacle, on peut difficilement s'imaginer quoique ce soit sans leurs complets d'un blanc pur et éclatant. Conçus par Nancy Bryant, les costumes, minutieusement élaborés du haut de la tête jusqu'aux orteils, nous transportent à eux seuls dans un monde mystérieux et indéchiffrable. Les personnages de l'histoire sont masqués tels des fourmis sans yeux mais quand même dotés d'une perception sensorielle leur permettant de se déplacer avec grâce et précision. Des éléments spécifiques viennent par ailleurs nous guider et inspirer la gestuelle théâtrale de l'oeuvre. Par exemple, on pense aux cornes pointues qui sortent du dos du monstre Caliban, venant ainsi donner tout le sens à sa démarche animale et désarticulée. Ou bien les longs doigts lézard d'un des ennemis de Prospero, qui nous évoque clairement que cet homme risque de faire du grabuge irréparable. Bref, les costumes sont fantastiques et essentiels à l'oeuvre.
Vous êtes peut-être déjà au courant que le succès vient parfois avec un degré de pression incapacitant. En tant qu'artiste, on veut toujours faire au moins aussi bien que son dernier hit. Quand on créer une oeuvre qui est reçue comme un cadeau de Dieu, on peut tenter de comparer tout ce qui suit avec ce monstre à double-tranchant. Un peu comme Angelina Jolie qui a longtemps été dans l'ombre de son père John Voight, par exemple. C'est sûr que quand on pense à The You Show, on a des souvenirs quasiment nostalgiques, comme un enfant qui veut revoir les aventures de son émission préférée. Par contre, la danse n'est pas une télé-série alors il faut oublier le passé afin de pouvoir recevoir la nouveauté avec un esprit ouvert. Pas facile lorsque notre cerveau compare automatiquement les deux pièces, mais c'est quand même essentiel. Si Crystal Pite a créé The You Show en mettant un grand accent sur le divertissement et tout ce qui est spectaculaire, elle a plutôt créé The Tempest Replica en se concentrant sur la poésie et l'esthétisme. Si The You Show est humoristique et contemporain, The Tempest Replica se voit tragique et classique. Classique au sens théâtral, pas dans le sens ballet classique mais plutôt théâtre Shakespearien. Comme vous pouvez le constater, ce sont deux pièces et deux mondes complètement différents, à la fois dans l’approche et dans l’effet.
Par contre, pour les amateurs de son style chorégraphique, par-ci par-là à travers l'histoire complexe de Shakespeare, on a quand même droit à des solos et duos Pite-esque qui viennent assouvir notre soif de danse virtuose. Comme toujours, ses danseurs sont précis, charismatiques et imprévisibles. Ils arrivent à jumeler théâtralité et virtuosité comme très peu savent le faire. Pour plus de détails sur l'oeuvre, visitez le site web de l'Agora de la danse. http://www.agoradanse.com/fr/spectacles/2012/the-tempest-replica
La pièce The Tempest Replica est dansée par Bryan Arias, Éric Beauchesne, Sandra Marín Garcia, Yannick Matthon, Jiří Pokorný, Cindy Salgado et Jermaine Maurice Spivey.
Extraits du spectacle.
Pour ceux qui avaient l'intention d'aller voir le spectacle et qui n'ont pas encore acheté de billets, désolé mais c'est complet. C'est dans des cas pareils qu'on a besoin que la danse se moule au système du théâtre pour que les représentations durent deux à trois semaines. Soit ça, ou on loue un plus grand théâtre. Ça commence à être pas mal à la mode la danse contemporaine.
Si il y a un département qui vole définitivement la vedette haut la main dans cette production, c'est sans aucun doute celui des costumes. Les vêtements passent souvent inaperçus ou sont d'une importance moindre dans les spectacles de danse, peut-être parfois faute de budget. On s'en tient souvent à des morceaux très neutres ou des éléments qui ressemblent à ce que l'on met tous les jours. Par contre, dans ce spectacle, on peut difficilement s'imaginer quoique ce soit sans leurs complets d'un blanc pur et éclatant. Conçus par Nancy Bryant, les costumes, minutieusement élaborés du haut de la tête jusqu'aux orteils, nous transportent à eux seuls dans un monde mystérieux et indéchiffrable. Les personnages de l'histoire sont masqués tels des fourmis sans yeux mais quand même dotés d'une perception sensorielle leur permettant de se déplacer avec grâce et précision. Des éléments spécifiques viennent par ailleurs nous guider et inspirer la gestuelle théâtrale de l'oeuvre. Par exemple, on pense aux cornes pointues qui sortent du dos du monstre Caliban, venant ainsi donner tout le sens à sa démarche animale et désarticulée. Ou bien les longs doigts lézard d'un des ennemis de Prospero, qui nous évoque clairement que cet homme risque de faire du grabuge irréparable. Bref, les costumes sont fantastiques et essentiels à l'oeuvre.
Vous êtes peut-être déjà au courant que le succès vient parfois avec un degré de pression incapacitant. En tant qu'artiste, on veut toujours faire au moins aussi bien que son dernier hit. Quand on créer une oeuvre qui est reçue comme un cadeau de Dieu, on peut tenter de comparer tout ce qui suit avec ce monstre à double-tranchant. Un peu comme Angelina Jolie qui a longtemps été dans l'ombre de son père John Voight, par exemple. C'est sûr que quand on pense à The You Show, on a des souvenirs quasiment nostalgiques, comme un enfant qui veut revoir les aventures de son émission préférée. Par contre, la danse n'est pas une télé-série alors il faut oublier le passé afin de pouvoir recevoir la nouveauté avec un esprit ouvert. Pas facile lorsque notre cerveau compare automatiquement les deux pièces, mais c'est quand même essentiel. Si Crystal Pite a créé The You Show en mettant un grand accent sur le divertissement et tout ce qui est spectaculaire, elle a plutôt créé The Tempest Replica en se concentrant sur la poésie et l'esthétisme. Si The You Show est humoristique et contemporain, The Tempest Replica se voit tragique et classique. Classique au sens théâtral, pas dans le sens ballet classique mais plutôt théâtre Shakespearien. Comme vous pouvez le constater, ce sont deux pièces et deux mondes complètement différents, à la fois dans l’approche et dans l’effet.
Par contre, pour les amateurs de son style chorégraphique, par-ci par-là à travers l'histoire complexe de Shakespeare, on a quand même droit à des solos et duos Pite-esque qui viennent assouvir notre soif de danse virtuose. Comme toujours, ses danseurs sont précis, charismatiques et imprévisibles. Ils arrivent à jumeler théâtralité et virtuosité comme très peu savent le faire. Pour plus de détails sur l'oeuvre, visitez le site web de l'Agora de la danse. http://www.agoradanse.com/fr/spectacles/2012/the-tempest-replica
La pièce The Tempest Replica est dansée par Bryan Arias, Éric Beauchesne, Sandra Marín Garcia, Yannick Matthon, Jiří Pokorný, Cindy Salgado et Jermaine Maurice Spivey.
Extraits du spectacle.