L'âme de Nijinski ressuscitée par Danse-Cité
16 octobre 2013
Article du spectacle Je ne tomberai pas - Vaslav Nijinski de Bernard Meney avec la chorégraphie d'Estelle Clareton.
- Oliver Koomsatira
Vous connaissez le Sacre du printemps? Pour ceux qui sont familiers avec la danse, vous êtes probablement au courant du fait que la musique de cette œuvre a été reprise maintes et maintes fois par des chorégraphes depuis que Vaslav Nijinski a scandalisé le public en 1913. Qui donc a osé reprendre la pièce musicale à sa façon? Mary Wigman, Maurice Béjart, Pina Bausch, Paul Taylor, Martha Graham, Mats Ek, Jorge Lefebre, Marie Chouinard, Angelin Preljocaj, Régis Obadia, Doug Varone, Emmanuel Gat, Heddy Maalem, Xavier Le Roy, Marguerite Donlon, Ginette Laurin, Jean-Claude Gallotta et Sasha Waltz.
Pourquoi donc ce rituel de reprendre la musique du compositeur Igor Stravinsky? Nous l'avons demandé à la chorégraphe Estelle Clareton qui signe la chorégraphie du spectacle Je ne tomberai pas portant sur Vaslav Nijinski. « La musique est puissante, complexe, narrative, impossible à compter ou presque, et elle est comme une énigme, un volcan. Je crois que le défi du chorégraphe (et je ne me compte pas parmi ceux-là car je n’ai pas travaillé sur la musique complète mais nous sommes partis avec Eric Forget, compositeur, de quelques mesures seulement) est de développer un univers visuel et chorégraphique qui viendra s’unir à la musique avec une force égale. »
La chorégraphe qui a été approchée par le comédien Bernard Meney pour la création, c'est inspirée des Cahiers de Nijinski pour alimenter le travail. Voici comment leur collaboration a commencé : « C’est Bernard Meney qui m’a approché car ce spectacle trottait dans sa tête depuis des années. Il est fasciné par le personnage et m’a demandé de l’aider à concevoir le spectacle avec lui. C’est ainsi que Nijinski est entré dans ma vie, pour ne pas en ressortir! Je me suis beaucoup inspirée des Cahiers et de certaines obsessions qui s’y retrouvent. Nous avons composé, lors d’un atelier sur le spectacle, des poèmes d’après les mots utilisés par Nijinski et puis ces poèmes ont inspiré quelques moments de la chorégraphie. »
La chorégraphe nous explique alors comment ces poèmes ont alimenté la création : « Je me suis inspirée de ces courtes images pour créer un solo. Je pars du mot, de ce qu’il m’inspire au niveau du sens ou du rythme et puis je laisse mon corps traduire la sensation que m’inspire le mot. Ça donne des petites danses qui veulent parler, qui veulent dire mais qui semblent chercher la bonne manière d’exprimer. Le danseur doit d’abord se souvenir du mot et de l’ordre dans lequel il est placé puis se souvenir du geste qui va avec ce mot. Et donc, ça donne un corps qui se questionne et qui cherche. J’aime beaucoup cette qualité de mouvement et de présence chez l’interprète. »
Au niveau de la distribution, la chorégraphe a décidé de se munir d'une distribution entièrement masculine, elle nous explique comment elle en est venue à ce choix :
« D’abord nous aurions voulu avoir un cast de 50 danseurs! Un monologue de Bernard suivi de l’entrée de 50 interprètes, hommes et femmes. Et puis, le budget nous permettait d’avoir seulement 4 danseurs en plus de Bernard. Nous avons donc dû faire un choix quant à ces danseurs et ce qu’ils représenteraient. Étant donné que le personnage de Nijinski semble se fractionner au moment de l’entrée en scène des danseurs, nous avons décidé de ne prendre que des hommes, pour rester dans l’univers intérieur de Nijinski. La présence d’une femme sur scène aurait amené des questions qui ne seraient pas légitimes avec l’axe de notre regard posé sur le personnage. »
Vous en savez maintenant un peu plus sur l'œuvre qui est présentée au Théâtre de Quat'Sous du 16 au 25 octobre. Vous aurez peut-être la chance de croiser Estelle Clareton et de discuter avec elle puisqu'elle vous invite personnellement. Dans ses propres mots :
« Venez voir le spectacle… on s’en reparle! »
http://www.danse-cite.org/fr/spectacles/2013/je-ne-tomberai-pas-vaslav-nijinski
Interprètes dans le spectacle : Thomas Casey, Simon-Xavier Lefebvre, Bernard Meney, Brice Noeser et Daniel Soulières.