Tangente nous fait voyager de Montréal à New York
24 novembre 2012
Critique des spectacles Rôleplay de Raphaëlle Perreault et Big City, I'm Going to Explode, Descent et Motor de Brian Brooks, présentés par Tangente.
- Oliver Koomsatira
RAPHAËLLE PERREAULT - RÔLEPLAY
Interprètes | Sophie Breton, Miriah Brennan, Laurence Fournier Campeau, Corinne Crane-Desmarais
(©) Copyright 2012 by Anne-Flore de Rochambeau
Le diffuseur de danse Tangente, toujours fidèle à son mandat d'encourager la relève artistique à se produire sur scène, a donné l'opportunité à Raphaëlle Perreault de présenter sa nouvelle oeuvre Rôleplay. À l'aide de quatre interprètes montréalaises, soit Miriah Brennan, Sophie Breton, Corinne Crane-Desmarais et Laurence Fournier Campeau, la chorégraphe semble avoir fait une recherche pointue sur l'art de la répétition. L'être humain est après tout une créature de rituels et de cycles. Par exemple, à chaque jour, nous répétons le cycle de la respiration à peu près 18 000 fois, le coeur bat à peu près 100 000 fois, nous clignons des yeux 17 000 fois… c'est une bonne chose qu'on ait pas à y penser ! Sinon on aurait probablement pas le temps de créer beaucoup de danse.
« Attends, j'ai oublié de faire battre mon coeur ! »
Dans Rôleplay, la chorégraphe a pris le soin d'explorer toutes les facettes de la répétition à l'aide de quelques séquences chorégraphiques réutilisées encore et encore un peu comme un réalisateur décide de tourner une scène : sous tous les angles possibles, tous les agencements d'interprètes réalisables, tous les éclairages imaginables. D'ailleurs, une mention particulière doit être attribuée au concepteur d'éclairage Paul Chambers qui a joué un rôle majeur en accentuant le propos de l'oeuvre et en rendant l'expérience vivace et saisissante. Ayant un propos très abstrait et un vocabulaire de mouvements très sélectif, on peut dire que les interprètes se sont bien débrouillées afin d'infuser la présence et l'intensité requises pour maintenir l'intérêt de leur public. On avait parfois l'impression d'assister à un concours physique de « qui lâchera en premier », tel un défi d'endurance physique et psychologique. La chorégraphe fait preuve de beaucoup de courage en adhérant à sa formule risquée jusqu'au bout du processus.
« Attends, j'ai oublié de faire battre mon coeur ! »
Dans Rôleplay, la chorégraphe a pris le soin d'explorer toutes les facettes de la répétition à l'aide de quelques séquences chorégraphiques réutilisées encore et encore un peu comme un réalisateur décide de tourner une scène : sous tous les angles possibles, tous les agencements d'interprètes réalisables, tous les éclairages imaginables. D'ailleurs, une mention particulière doit être attribuée au concepteur d'éclairage Paul Chambers qui a joué un rôle majeur en accentuant le propos de l'oeuvre et en rendant l'expérience vivace et saisissante. Ayant un propos très abstrait et un vocabulaire de mouvements très sélectif, on peut dire que les interprètes se sont bien débrouillées afin d'infuser la présence et l'intensité requises pour maintenir l'intérêt de leur public. On avait parfois l'impression d'assister à un concours physique de « qui lâchera en premier », tel un défi d'endurance physique et psychologique. La chorégraphe fait preuve de beaucoup de courage en adhérant à sa formule risquée jusqu'au bout du processus.
En deuxième partie, le public montréalais a eu la chance de recevoir la Brian Brooks Moving Company. J'aimerais mentir et dire qu'elle appartient aux montréalais, mais non… la compagnie vient de New York… C'est correct, les new yorkais ont aussi le droit d'avoir des génies de la danse. Tout d'abord, je dois avouer que l'oeuvre présentée par Brian Brooks et son interprète Bryan Strimpel est probablement la meilleure que j'ai vu à Tangente, en compétition directe avec les meilleures oeuvres qui ont été présentées à Montréal en général. C'est certain qu'on ne parle pas du même genre de travail car ce n'était que des duos et un solo, mais au niveau des facteurs divertissement, originalité, créativité, interprétation, construction chorégraphique, précision, humanité et j'en passe, eh bien c'est une note quasi parfaite !
Pour n'importe qui souhaitant voir un vraiment bon spectacle, ou faire une étude sur ce qu'est un bon spectacle, je crois que les extraits de Big City, I'm Going to Explode, Descent et Motor sont idéaux à cet égard. Ce qui est le plus ingénieux de l'agencement du spectacle est probablement sa durée expéditive. Le chorégraphe ne tente pas d'allonger ses oeuvres afin de remplir une durée spécifique, il se rend droit au but de ce qu'il a à dire et lorsque c'est terminé, c'est tout. Point final. Pas besoin de faire un 20 minutes avec 5 minutes de contenu. Non, on a fait le tour en 5 minutes, c'est tout. Next ! Cette formule est fantastique et ça a l'impact de nous ouvrir l'appétit au lieu de nous donner une indigestion. D'ailleurs, je crois que je n'aurais aucune misère à revoir le spectacle encore et encore, il était si riche dans sa gestuelle, si captivant. Je n'exagère pas quand je dis que c'était tout simplement phénoménal.
En plus de détails, voici quelques passages qui étaient particulièrement fracassants. Le tout début de la première oeuvre commence avec des virevoltes de bras synchronisées au centimètre/seconde près; absolument hypnotisant. À vrai dire, la pièce commence en nous déboîtant carrément la mâchoire. Elle continue avec une idée brillante : Bryan Strimpel se met les deux pieds sur le dos de Brian Brooks en tenant son équilibre comme si sa vie en dépendait pendant que le corps écrasé du chorégraphe commence à tourner lentement au sol sans le faire débarquer. Ça évolue jusqu'à ce que le danseur se trouve à se déplacer, les pieds sur les mains de Brian. Ensuite, le délicieux solo comique de Brian Brooks sur la chanson I'm losing my Edge de LCD Soundsystem nous démontre le calibre d'interprétation indéniable du chorégraphe. En gros, c'est le genre de danseur qu'on peut regarder pendant des heures grâce à sa précision, sa rapidité, sa capacité de moduler sa qualité de mouvement et de varier ses choix à la seconde près. Bref, un véritable maître à l'oeuvre dans son élément comme un poisson dans l'eau. Très inspirant à voir ! Je pourrais continuer longtemps, en fait, j'en ai écrit plus… mais je vais m'arrêter ici, vu que vous avez probablement autre chose à faire !
En somme, Brian Brooks Moving Company devrait être vue par n'importe qui qui aime la danse ou comme initiation à quiconque n'en a jamais vu. C'est certain que ça servira d'hameçon incassable qui donnera instantanément la fièvre de la danse au plus frileux. Une autre très belle soirée offerte par Tangente ! Pour plus de détails sur les spectacles, visitez le site web de Tangente.
http://www.tangente.qc.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=60&lang=fr
Vidéo de Raphaëlle Perreault.
Pour n'importe qui souhaitant voir un vraiment bon spectacle, ou faire une étude sur ce qu'est un bon spectacle, je crois que les extraits de Big City, I'm Going to Explode, Descent et Motor sont idéaux à cet égard. Ce qui est le plus ingénieux de l'agencement du spectacle est probablement sa durée expéditive. Le chorégraphe ne tente pas d'allonger ses oeuvres afin de remplir une durée spécifique, il se rend droit au but de ce qu'il a à dire et lorsque c'est terminé, c'est tout. Point final. Pas besoin de faire un 20 minutes avec 5 minutes de contenu. Non, on a fait le tour en 5 minutes, c'est tout. Next ! Cette formule est fantastique et ça a l'impact de nous ouvrir l'appétit au lieu de nous donner une indigestion. D'ailleurs, je crois que je n'aurais aucune misère à revoir le spectacle encore et encore, il était si riche dans sa gestuelle, si captivant. Je n'exagère pas quand je dis que c'était tout simplement phénoménal.
En plus de détails, voici quelques passages qui étaient particulièrement fracassants. Le tout début de la première oeuvre commence avec des virevoltes de bras synchronisées au centimètre/seconde près; absolument hypnotisant. À vrai dire, la pièce commence en nous déboîtant carrément la mâchoire. Elle continue avec une idée brillante : Bryan Strimpel se met les deux pieds sur le dos de Brian Brooks en tenant son équilibre comme si sa vie en dépendait pendant que le corps écrasé du chorégraphe commence à tourner lentement au sol sans le faire débarquer. Ça évolue jusqu'à ce que le danseur se trouve à se déplacer, les pieds sur les mains de Brian. Ensuite, le délicieux solo comique de Brian Brooks sur la chanson I'm losing my Edge de LCD Soundsystem nous démontre le calibre d'interprétation indéniable du chorégraphe. En gros, c'est le genre de danseur qu'on peut regarder pendant des heures grâce à sa précision, sa rapidité, sa capacité de moduler sa qualité de mouvement et de varier ses choix à la seconde près. Bref, un véritable maître à l'oeuvre dans son élément comme un poisson dans l'eau. Très inspirant à voir ! Je pourrais continuer longtemps, en fait, j'en ai écrit plus… mais je vais m'arrêter ici, vu que vous avez probablement autre chose à faire !
En somme, Brian Brooks Moving Company devrait être vue par n'importe qui qui aime la danse ou comme initiation à quiconque n'en a jamais vu. C'est certain que ça servira d'hameçon incassable qui donnera instantanément la fièvre de la danse au plus frileux. Une autre très belle soirée offerte par Tangente ! Pour plus de détails sur les spectacles, visitez le site web de Tangente.
http://www.tangente.qc.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=60&lang=fr
Vidéo de Raphaëlle Perreault.
Vidéo de Brian Brooks Moving Company.