Marc Boivin et Kate Holden en duo à l'Usine C
5 avril 2015
Article sur le spectacle Would de Mélanie Demers présenté par l'Usine C.
- Oliver Koomsatira
Le spectacle Would de Mélanie Demers, qui a connu un succès fulgurant à Toronto, sera présenté à l'Usine C du 8 au 11 avril. Cette oeuvre a d'ailleurs reçu cinq nominations pour la qualité de sa chorégraphie, les performances masculines et féminines, la conception sonore et celle des éclairages. La pièce explore entre autres les échecs, les chutes et les actes manqués. Nous nous sommes entretenus avec Marc Boivin, interprète dans le spectacle, pour en savoir plus sur le processus de création ainsi que le parcours du spectacle à ce jour. En premier lieu, comment le spectacle a-t-il commencé? « La pièce a été présentée à Toronto, au Harbourfront Center Theater du 19 au 21 septembre 2013. C’était une co-production de firstthingsfirst (la compagnie que dirige Kate Holden avec Kate Franklin) et Danceworks. La pièce faisait partie d’un programme mix intitulé With a trace, les deux autres chorégraphies étaient de Peggy Baker (solo repris par Kate Holden) et Valerie Calam (nouveau solo pour Kate Franklin). » Comment le public torontois a-t-il reçu le spectacle? « Le spectacle a été reconnu, presqu’en bloc avec 10 nominations aux prix Dora Mavor Moore, dont 5 nominations pour WOULD. Mais au-delà de la reconnaissance par les prix, la communication de cette pièce avec le public a été instantanée, ce qui est plutôt agréable à vivre. Et évidemment, jamais gagné… nouveau public, nouveau rapport, nouvelle rencontre… » Mentionnons que dans toute cette foulée de nominations Marc Boivin a pour sa part remporté le prix Dora Mavor Moore (2014).
Ce qui distingue particulièrement le travail de Mélanie Demers est sans doute sa capacité à utiliser la parole de manière efficace et évocatrice dans ses oeuvres, sans pour autant compromettre la danse. Comment ce déroule le processus d'agencement de la voix et le corps en mouvement? Est-ce que ça passe par des improvisations? « Le texte est effectivement sorti d’improvisations dirigées. Ce qui reste du texte est issu du travail à trois, à Mélanie, Kate et moi. Au départ, il n’y a pas « d’appartenance » comme tel aux bouts de texte, la recherche est ouverte, les propositions viennent de partout de l’un ou l’une comme de l’autre, même d’excès de jeu (en dehors du sérieux de la répétition !). Puis tranquillement certains bout de textes sont organisés, placés ici et là, dit par Kate ou moi. Une bonne part de liberté demeure, je pense entre autre parce que cela impose à l’interprète une réelle exigence, celle d’être en équilibre entre ce qui est placé et ce qui ne l’est pas, entre un ancrage que permet le travail de préparation et la déstabilisation qui vient avec l’exigence de réagir à l’inspiration, à la proposition de l’autre, et tout ce que cela implique dans la variation de rythme et de dénouement dans chacune des sections. » Comment se vit le travail du texte en temps que danseur? « Je n’ai pas énormément d’expérience avec la parole sur scène, et je n’ai pas de formation d’acteur comme tel. Dans ce contexte-ci j’ai l’impression que la parole a double emploi. Elle est à la fois porteuse de sens, elle révèle les jeux de l’esprit et dans ce sens Mélanie a encore une fois mis en scène, pour Kate et moi, ce difficile équilibre à maintenir en tant qu’interprète entre une forme placée, travaillée, des bribes de textes sélectionnées, et une ouverture au hasard, à la continuation de la recherche, à l’ajustement à l’inspiration du moment. »
Sur quoi se base, d'ailleurs, la prise de parole? La réflexion sur les échecs, par exemple, est-elle fictive ou autobiographique? « « Fictif » ou « autobiographique » impliquerait que la pièce évolue à partir d’une narration ce qui n’est pas le cas. De leurs intérêts initiaux, je pense qu’échecs, chutes et gestes manqués sont devenus des éléments d’inspiration et de recherche, imprégnés dans le processus de création de Mélanie, sans qu’on les aies discutés d’emblée. Ces intérêts thématiques, Kate et moi les avons découverts en les rencontrant concrètement, dans le travail. La pièce a été créée, en jouant avec des mises en état de corps, des mises en situation, de la parole et diverses « manipulations chorégraphiques ». » Suite à de telles improvisations et explorations, comment le toute trouve-t-il sa forme? « J’ai l’impression que c’est entièrement un état d’être particulier, souvent relié avec une tâche à accomplir, que recherche Mélanie, que ce soit via la parole ou le mouvement. Ainsi le travail en est un de chercher ensemble à reconnaître les paramètres qui vont permettre à l’interprète de recréer l’état propre à la proposition chorégraphique, à ce qu’elle demeure réelle, actualisée à chaque fois et, en parallèle, Mélanie organise cette matière chorégraphiquement. Ainsi, la pièce a moins été créée en échangeant longuement sur ces idées d’échecs, de chutes et de gestes manqués mais en entrant dans des explorations où Mélanie pouvait se voir elle-même interpellée par l’énergie d’une action ou d’un état qui peut se rapprocher de ces aspects thématiques. »
Suite à la présentation du spectacle la semaine prochaine, Marc Boivin continuera de son côté de multiples projets de création et d'enseignement : « Après ce spectacle, je reprendrai mes activités d’enseignement et le travail avec la Fondation Jean-Pierre Perreault et je prépare un nouveau projet d’improvisation avec Lori Freedman, clarinettiste, pour un festival de nouvelle musique à Kitchener-Waterloo, en juin prochain, le Open Ears Festival. Puis, de nouveaux projets de création sont prévus à l’automne 2015, dont un, de retour en studio avec Mélanie, très heureux de ça, à suivre. » Pour plus de détails sur le spectacle, visitez le site web de l'Usine C. http://www.usine-c.com/would/
Ce qui distingue particulièrement le travail de Mélanie Demers est sans doute sa capacité à utiliser la parole de manière efficace et évocatrice dans ses oeuvres, sans pour autant compromettre la danse. Comment ce déroule le processus d'agencement de la voix et le corps en mouvement? Est-ce que ça passe par des improvisations? « Le texte est effectivement sorti d’improvisations dirigées. Ce qui reste du texte est issu du travail à trois, à Mélanie, Kate et moi. Au départ, il n’y a pas « d’appartenance » comme tel aux bouts de texte, la recherche est ouverte, les propositions viennent de partout de l’un ou l’une comme de l’autre, même d’excès de jeu (en dehors du sérieux de la répétition !). Puis tranquillement certains bout de textes sont organisés, placés ici et là, dit par Kate ou moi. Une bonne part de liberté demeure, je pense entre autre parce que cela impose à l’interprète une réelle exigence, celle d’être en équilibre entre ce qui est placé et ce qui ne l’est pas, entre un ancrage que permet le travail de préparation et la déstabilisation qui vient avec l’exigence de réagir à l’inspiration, à la proposition de l’autre, et tout ce que cela implique dans la variation de rythme et de dénouement dans chacune des sections. » Comment se vit le travail du texte en temps que danseur? « Je n’ai pas énormément d’expérience avec la parole sur scène, et je n’ai pas de formation d’acteur comme tel. Dans ce contexte-ci j’ai l’impression que la parole a double emploi. Elle est à la fois porteuse de sens, elle révèle les jeux de l’esprit et dans ce sens Mélanie a encore une fois mis en scène, pour Kate et moi, ce difficile équilibre à maintenir en tant qu’interprète entre une forme placée, travaillée, des bribes de textes sélectionnées, et une ouverture au hasard, à la continuation de la recherche, à l’ajustement à l’inspiration du moment. »
Sur quoi se base, d'ailleurs, la prise de parole? La réflexion sur les échecs, par exemple, est-elle fictive ou autobiographique? « « Fictif » ou « autobiographique » impliquerait que la pièce évolue à partir d’une narration ce qui n’est pas le cas. De leurs intérêts initiaux, je pense qu’échecs, chutes et gestes manqués sont devenus des éléments d’inspiration et de recherche, imprégnés dans le processus de création de Mélanie, sans qu’on les aies discutés d’emblée. Ces intérêts thématiques, Kate et moi les avons découverts en les rencontrant concrètement, dans le travail. La pièce a été créée, en jouant avec des mises en état de corps, des mises en situation, de la parole et diverses « manipulations chorégraphiques ». » Suite à de telles improvisations et explorations, comment le toute trouve-t-il sa forme? « J’ai l’impression que c’est entièrement un état d’être particulier, souvent relié avec une tâche à accomplir, que recherche Mélanie, que ce soit via la parole ou le mouvement. Ainsi le travail en est un de chercher ensemble à reconnaître les paramètres qui vont permettre à l’interprète de recréer l’état propre à la proposition chorégraphique, à ce qu’elle demeure réelle, actualisée à chaque fois et, en parallèle, Mélanie organise cette matière chorégraphiquement. Ainsi, la pièce a moins été créée en échangeant longuement sur ces idées d’échecs, de chutes et de gestes manqués mais en entrant dans des explorations où Mélanie pouvait se voir elle-même interpellée par l’énergie d’une action ou d’un état qui peut se rapprocher de ces aspects thématiques. »
Suite à la présentation du spectacle la semaine prochaine, Marc Boivin continuera de son côté de multiples projets de création et d'enseignement : « Après ce spectacle, je reprendrai mes activités d’enseignement et le travail avec la Fondation Jean-Pierre Perreault et je prépare un nouveau projet d’improvisation avec Lori Freedman, clarinettiste, pour un festival de nouvelle musique à Kitchener-Waterloo, en juin prochain, le Open Ears Festival. Puis, de nouveaux projets de création sont prévus à l’automne 2015, dont un, de retour en studio avec Mélanie, très heureux de ça, à suivre. » Pour plus de détails sur le spectacle, visitez le site web de l'Usine C. http://www.usine-c.com/would/