3 danseurs virtuoses + 1 comédienne renommée x 1 chorégraphe ingénieux = 1 spectacle percutant.
19 octobre 2011
Critique de Fragments - Volume I de Sylvain Émard.
-Oliver Koomsatira
Laurence Ramsay et Manuel Roque dans «Fragments - Volume I» de Sylvain Émard. Photo de Robert Etcheverry.
Armé de 3 danseurs virtuoses et d'une comédienne de renom, Sylvain Émard a présenté sa dernière création Fragments - Volume I à la Cinquième Salle de La Place des arts. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la danse contemporaine, Sylvain Émard est un chorégraphe qui a créé plus d'une vingtaine d'oeuvres originales au cours des 23 dernières années. Parallèlement à son propre travail, il a également collaboré avec Robert Lepage sur l'opéra 1984 de Lorin Maazel. Parmi les nombreuses récompenses qu'il a reçu au courant de sa carrière artistique, mentionnons le prestigieux prix Jean A. Chalmers pour l'ensemble de son oeuvre chorégraphique.
L'oeuvre est séparée en 4 sections distinctes. La première est un solo interprété par Manuel Roque, danseur et chorégraphe récipiendaire de deux prix Gemini dans la catégorie Best performance in a performing arts programme or series. Dès les premiers instants du solo, le concept d'éclairage d'André Rioux et l'univers musical de Michel F. Côté captent notre attention comme si on venait de se réveiller dans une autre dimension. L'image est puissante et la gestuelle subtile nous hypnotise. Peu à peu, le soliste déboule à travers les séquences complexes et évocatrices de son créateur. Tous les gestes sont articulés, ressentis et chargés. Le spectacle commence de façon puissante et divertissante.
Le second solo, dansé par Catherine Viau, suit un peu la trajectoire du précédent avec toute sa prouesse, sa précision et sa virtuosité. Nous avons l'impression que chaque mouvement est absolument spontané. Impossible de prédire ce qui se passera à la prochaine respiration. C'est d'ailleurs l'une des grandes forces du spectacle et de son chorégraphe. Nous sommes surpris à chaque nouvelle séquence, si bien que notre attention et notre intérêt sont maintenus même s'il n'y a aucun décor ou trame narrative pour supporter la soliste. Catherine Viau a, parmi plusieurs autres forces artistiques, une grande expressivité, une technique précise et une grande présence scénique qui rayonne à travers la salle. Nous avons l'impression que la danseuse est sous l'emprise d'un esprit et qu'elle perd le contrôle de son corps pour devenir la toupie fulgurante du chorégraphe.
Sous un angle complètement différent, le troisième solo est interprété par la grande comédienne Monique Miller. Non seulement cette femme a-t-elle 60 ans de carrière, mais elle s'est aussi vue décerner le prix de la meilleur comédienne au Festival d'art dramatique de Montréal et a été nommée grande officière de l'Ordre national du Québec. Une comédienne dans un spectacle de danse contemporaine? Oui, c'est bien ça! Ce solo va puiser dans les forces de son interprétation théâtral plutôt que dans la virtuosité de sa danse. Dans ce solo beaucoup plus minimaliste, nous suivons cette femme qui paraît chercher quelqu'un, quelque chose. Sa mémoire semble faire défaut, elle n'arrive pas à trouver ce qu'elle cherche. C'est abstrait, on ne sait pas exactement qui elle est. A-t-elle l'Alzheimer? Notre cerveau essais de comprendre pendant qu'on l'observe se démêler de sa confusion de manière touchante. Sous les éclairages mystérieux et la composition musicale ensorcelante nous suivons moment par moment sa quête déchirante.
Pour la grande finale, nous retrouvons à nouveau Manuel Roque sur scène, cette fois-ci accompagné de Laurence Ramsay qui a gradué de la School of Toronto Dance Theatre et qui a ensuite suivi une formation à l'École national de cirque de Montréal. C'est un duo théâtral et évocateur, construit comme l'ultime défi olympique de la danse, avec des séquences physiques qui frôlent l'impossible. Les danseurs nous transportent dans ce monde mystérieux qui les lie. La musique de Jan Jelinek nous envoûte pendant que les 2 danseurs passent à travers toutes les couleurs, les textures et les subtilités imaginables, parfois à l'unisson, parfois à contre-temps. L'intérêt est suscité du début jusqu'à la fin et nous aurions même le désir que ce duo continue, devienne une pièce en elle-même. C'est peut-être possible étant donné que ce dernier fait partie de Fragments - Volume I. Avec un titre comme ça, pas besoin d'être un génie comme Sylvain Émard pour comprendre qu'il puisse y en avoir un deuxième un jour. Tout-de-même, nous l'espérons.
Une oeuvre très intéressante et assez accessible pour quelqu'un qui n'a jamais vu de danse contemporaine auparavant. Si vous êtes intéressés à voir des danseurs bouger avec grâce et vivacité, Fragments - Volume I est présenté jusqu'au 29 octobre à la Cinquième Salle de La Place des arts. Définitivement un spectacle à ne pas manquer. Pour plus de détails, visiter le site web de Danse Danse.
http://www.dansedanse.net/DDA_1112/en/sed.php
Extraits vidéos de Fragments - Volume I
L'oeuvre est séparée en 4 sections distinctes. La première est un solo interprété par Manuel Roque, danseur et chorégraphe récipiendaire de deux prix Gemini dans la catégorie Best performance in a performing arts programme or series. Dès les premiers instants du solo, le concept d'éclairage d'André Rioux et l'univers musical de Michel F. Côté captent notre attention comme si on venait de se réveiller dans une autre dimension. L'image est puissante et la gestuelle subtile nous hypnotise. Peu à peu, le soliste déboule à travers les séquences complexes et évocatrices de son créateur. Tous les gestes sont articulés, ressentis et chargés. Le spectacle commence de façon puissante et divertissante.
Le second solo, dansé par Catherine Viau, suit un peu la trajectoire du précédent avec toute sa prouesse, sa précision et sa virtuosité. Nous avons l'impression que chaque mouvement est absolument spontané. Impossible de prédire ce qui se passera à la prochaine respiration. C'est d'ailleurs l'une des grandes forces du spectacle et de son chorégraphe. Nous sommes surpris à chaque nouvelle séquence, si bien que notre attention et notre intérêt sont maintenus même s'il n'y a aucun décor ou trame narrative pour supporter la soliste. Catherine Viau a, parmi plusieurs autres forces artistiques, une grande expressivité, une technique précise et une grande présence scénique qui rayonne à travers la salle. Nous avons l'impression que la danseuse est sous l'emprise d'un esprit et qu'elle perd le contrôle de son corps pour devenir la toupie fulgurante du chorégraphe.
Sous un angle complètement différent, le troisième solo est interprété par la grande comédienne Monique Miller. Non seulement cette femme a-t-elle 60 ans de carrière, mais elle s'est aussi vue décerner le prix de la meilleur comédienne au Festival d'art dramatique de Montréal et a été nommée grande officière de l'Ordre national du Québec. Une comédienne dans un spectacle de danse contemporaine? Oui, c'est bien ça! Ce solo va puiser dans les forces de son interprétation théâtral plutôt que dans la virtuosité de sa danse. Dans ce solo beaucoup plus minimaliste, nous suivons cette femme qui paraît chercher quelqu'un, quelque chose. Sa mémoire semble faire défaut, elle n'arrive pas à trouver ce qu'elle cherche. C'est abstrait, on ne sait pas exactement qui elle est. A-t-elle l'Alzheimer? Notre cerveau essais de comprendre pendant qu'on l'observe se démêler de sa confusion de manière touchante. Sous les éclairages mystérieux et la composition musicale ensorcelante nous suivons moment par moment sa quête déchirante.
Pour la grande finale, nous retrouvons à nouveau Manuel Roque sur scène, cette fois-ci accompagné de Laurence Ramsay qui a gradué de la School of Toronto Dance Theatre et qui a ensuite suivi une formation à l'École national de cirque de Montréal. C'est un duo théâtral et évocateur, construit comme l'ultime défi olympique de la danse, avec des séquences physiques qui frôlent l'impossible. Les danseurs nous transportent dans ce monde mystérieux qui les lie. La musique de Jan Jelinek nous envoûte pendant que les 2 danseurs passent à travers toutes les couleurs, les textures et les subtilités imaginables, parfois à l'unisson, parfois à contre-temps. L'intérêt est suscité du début jusqu'à la fin et nous aurions même le désir que ce duo continue, devienne une pièce en elle-même. C'est peut-être possible étant donné que ce dernier fait partie de Fragments - Volume I. Avec un titre comme ça, pas besoin d'être un génie comme Sylvain Émard pour comprendre qu'il puisse y en avoir un deuxième un jour. Tout-de-même, nous l'espérons.
Une oeuvre très intéressante et assez accessible pour quelqu'un qui n'a jamais vu de danse contemporaine auparavant. Si vous êtes intéressés à voir des danseurs bouger avec grâce et vivacité, Fragments - Volume I est présenté jusqu'au 29 octobre à la Cinquième Salle de La Place des arts. Définitivement un spectacle à ne pas manquer. Pour plus de détails, visiter le site web de Danse Danse.
http://www.dansedanse.net/DDA_1112/en/sed.php
Extraits vidéos de Fragments - Volume I