Quatre créations pour la 6e Biennale de gigue contemporaine
26 mars 2015
Article sur la 6e Biennale de gigue contemporaine présentée par BIGICO et Tangente.
- Oliver Koomsatira
Quand on dit gigue, souvent les gens pensent au temps des fêtes, à Riverdance ou aux
« mononcs » qui jouent de la cuillère de bois après un souper de famille. Par contre, c'est loin d'être le cas quand on parle de gigue contemporaine. De jeunes artistes adoptent cette forme artistique pour s'exprimer et briser toute convention traditionnelle qui peut exister. C'est ainsi que la 6e Biennale de gigue contemporaine a lieu en collaboration avec BIGICO et Tangente du 26 au 29 mars au Studio Hydro-Québec du Monument National. Quatre chorégraphes, dont Isabelle Boulanger, Sandrine Martel-Laferrière, Philippe Meunier et Ian Yaworski, y présenterons de courtes pièces. Nous avons échangé avec eux pour en savoir plus sur leurs oeuvres.
Premièrement, comment ont-ils découvert la gigue et qu'est-ce que celle-ci représente pour eux? Philippe Meunier nous partage : « J’ai découvert la gigue à travers l’ensemble folklorique Les Pieds Légers, puis Les Bons Diables à Laval. Mais ce n’est qu’en 2002 que j’ai réellement apprivoisé mes pieds en entrant dans la compagnie Les Sortilèges, alors qu’un désir de ré-inventer une nouvelle gigue se pointait dans mon horizon. La gigue est, certes, un moyen de locomotion, un essentiel outil de percussion mais surtout, une méthode d’expression aux capacités illimitées. » Pour Ian Yaworski, c'est à Drummondville qu'il y fut initié : « J’ai découvert la gigue auprès de l'Ensemble Folklorique Mackinaw de Drummondville. La gigue fait partie de notre patrimoine. Ce sont nos racines que trop de gens ignorent. Il est important pour moi de la transformer au goût du jour pour faire ma part à sa diffusion. » Sandrine Martel-Laferrière l'a quant à elle découverte assez jeune : « J’ai découvert la gigue adolescente lorsque Riverdance gagnait en popularité. Quand j’ai commencé à prendre des cours, j’ai découvert une nouvelle façon de bouger, de m’exprimer par le travail des chevilles, des pieds. Un travail qui part du sol. L’énergie qui se dégageait de la gigue m’a tout de suite rejointe. » Finalement, une collaboration inédite fait en sorte qu'Isabelle Boulanger, chorégraphe de danse contemporaine, apporte un regard extérieur sur la forme : « J'ai découvert la gigue lorsque Lük m'a invité à la 5e biennale de gigue. Pour l'instant, la gigue ne représente pas quelque chose de différent des autres formes de danse. Elle me rappelle les danses traditionnelles et les soirées canadiennes (je pense que j'associe la gigue à la cuillère qu'on se tape sur la cuisse.....ouain...) »
« mononcs » qui jouent de la cuillère de bois après un souper de famille. Par contre, c'est loin d'être le cas quand on parle de gigue contemporaine. De jeunes artistes adoptent cette forme artistique pour s'exprimer et briser toute convention traditionnelle qui peut exister. C'est ainsi que la 6e Biennale de gigue contemporaine a lieu en collaboration avec BIGICO et Tangente du 26 au 29 mars au Studio Hydro-Québec du Monument National. Quatre chorégraphes, dont Isabelle Boulanger, Sandrine Martel-Laferrière, Philippe Meunier et Ian Yaworski, y présenterons de courtes pièces. Nous avons échangé avec eux pour en savoir plus sur leurs oeuvres.
Premièrement, comment ont-ils découvert la gigue et qu'est-ce que celle-ci représente pour eux? Philippe Meunier nous partage : « J’ai découvert la gigue à travers l’ensemble folklorique Les Pieds Légers, puis Les Bons Diables à Laval. Mais ce n’est qu’en 2002 que j’ai réellement apprivoisé mes pieds en entrant dans la compagnie Les Sortilèges, alors qu’un désir de ré-inventer une nouvelle gigue se pointait dans mon horizon. La gigue est, certes, un moyen de locomotion, un essentiel outil de percussion mais surtout, une méthode d’expression aux capacités illimitées. » Pour Ian Yaworski, c'est à Drummondville qu'il y fut initié : « J’ai découvert la gigue auprès de l'Ensemble Folklorique Mackinaw de Drummondville. La gigue fait partie de notre patrimoine. Ce sont nos racines que trop de gens ignorent. Il est important pour moi de la transformer au goût du jour pour faire ma part à sa diffusion. » Sandrine Martel-Laferrière l'a quant à elle découverte assez jeune : « J’ai découvert la gigue adolescente lorsque Riverdance gagnait en popularité. Quand j’ai commencé à prendre des cours, j’ai découvert une nouvelle façon de bouger, de m’exprimer par le travail des chevilles, des pieds. Un travail qui part du sol. L’énergie qui se dégageait de la gigue m’a tout de suite rejointe. » Finalement, une collaboration inédite fait en sorte qu'Isabelle Boulanger, chorégraphe de danse contemporaine, apporte un regard extérieur sur la forme : « J'ai découvert la gigue lorsque Lük m'a invité à la 5e biennale de gigue. Pour l'instant, la gigue ne représente pas quelque chose de différent des autres formes de danse. Elle me rappelle les danses traditionnelles et les soirées canadiennes (je pense que j'associe la gigue à la cuillère qu'on se tape sur la cuisse.....ouain...) »
Qu'est-ce qui distingue la gigue traditionnelle de la gigue contemporaine? Les chorégraphes nous partagent comment ils actualisent cette forme. Philippe nous
explique : « Cette tendance d’actualiser la gigue ne date pas d’aujourd’hui puisqu’en la rendant « scénique », comme les ensembles folkloriques le font depuis des décennies, on la retire inévitablement de son contexte d’origine, la cuisine de matante Jacqueline. Cette tendance m’a donc inévitablement toujours accompagné. Ce n’est pas le désir d’actualiser la gigue qui est au centre de mes créations, mais le fait d’exprimer des états, des idées et des émotions avec la gigue, ce qui donne peut-être l’aspect contemporain. » Pour Ian, l'objectif est de l'ordre de la diffusion : « Je transforme la gigue avec l’objectif de la faire découvrir à un public qui ne serait pas aller voir un spectacle de gigue, mais qui veut bien voir de la danse contemporaine. » Sandrine exprime pour sa part une perspective plus émotionnelle : « Je vois la gigue contemporaine comme l’occasion de m’exprimer comme être humain. Pour moi, la gigue est une danse qui part du cœur. Le travail des pieds est une fenêtre sur le cœur, sur les émotions. » De son côté, Isabelle ne voit pas ce processus comme étant si différent de ses précédents : « Ma démarche ne s'inscrit pas dans la gigue, mais dans la danse contemporaine. J'aborde toujours mes créations comme un designer aborde les tendances. Je m'inspire de ce qui est actuel, je suis sensible aux tendances et je cherche à inscrire mon travail dans le ''très'' présent. »
explique : « Cette tendance d’actualiser la gigue ne date pas d’aujourd’hui puisqu’en la rendant « scénique », comme les ensembles folkloriques le font depuis des décennies, on la retire inévitablement de son contexte d’origine, la cuisine de matante Jacqueline. Cette tendance m’a donc inévitablement toujours accompagné. Ce n’est pas le désir d’actualiser la gigue qui est au centre de mes créations, mais le fait d’exprimer des états, des idées et des émotions avec la gigue, ce qui donne peut-être l’aspect contemporain. » Pour Ian, l'objectif est de l'ordre de la diffusion : « Je transforme la gigue avec l’objectif de la faire découvrir à un public qui ne serait pas aller voir un spectacle de gigue, mais qui veut bien voir de la danse contemporaine. » Sandrine exprime pour sa part une perspective plus émotionnelle : « Je vois la gigue contemporaine comme l’occasion de m’exprimer comme être humain. Pour moi, la gigue est une danse qui part du cœur. Le travail des pieds est une fenêtre sur le cœur, sur les émotions. » De son côté, Isabelle ne voit pas ce processus comme étant si différent de ses précédents : « Ma démarche ne s'inscrit pas dans la gigue, mais dans la danse contemporaine. J'aborde toujours mes créations comme un designer aborde les tendances. Je m'inspire de ce qui est actuel, je suis sensible aux tendances et je cherche à inscrire mon travail dans le ''très'' présent. »
Maintenant, qu'en est-il de leurs créations? Comment le processus s'est-il déroulé? Philippe nous parle de Set Vicieux : « Je concocte depuis 4 mois un solo de 30 minutes basé sur l’impact émotif de la gigue et de la percussion corporelle sur le corps en mouvement. En utilisant une trame sonore classique, Les Tableaux d’une Exposition, du compositeur Moussorgski, je sors complètement la gigue de son cadre traditionnel. J’ai d’abord créé des séquences en relation avec des états ou des émotions que m’inspire mon quotidien que j’ai transposé sur la musique. J’ai ensuite enrobé les séquences avec mon vocabulaire chorégraphique que je développe depuis plusieurs années. » Ian présentera L'indifférence à l'aide de cinq interprètes : « Ce sont 5 danseurs qui tentent de négocier afin de tenir un discours uni et cohérent. J’ai commencé la création avec cet objectif en tête. Pour bien respecter la thématique, toute la création s'est faite sans musique pour m’assurer que les interprètes et moi ne soyons pas influencés par celle-ci. Tout part du rythme, qu’il soit dans le mouvement ou dans la gigue. » De son côté, Sandrine a basé la recherche de son solo sur une technologie afin de créer Une gigue sur le coeur : « Il s’agit d’une pièce où je vais danser sur le rythme de mon cœur. Un système technologique me permettra de faire entendre le rythme réel de mes pulsations cardiaques au public. J’ai travaillé à partir d’un outil technologique basé sur un cardiofréquencemètre pour créer ma pièce. Celui-ci permet d’entendre un son synchronisé au rythme de mes battements cardiaques. L’accès à ce son m’a d’abord permis de me connecter à mon rythme interne lors de ma recherche en studio. Ainsi, j’ai pu improviser pour faire émerger la gestuelle et les rythmes de ma chorégraphie. Par la suite, j’ai pu assembler les séquences pour créer ma pièce. » Encore une fois, que ce soit pour de la gigue ou de la danse contemporaine, Isabelle maintien son approche à la création pour Fente ta gigue ! : « J'ai abordé cette création comme n'importe quelle autre. J'ai considéré les danseurs de gigue comme je considère ceux avec qui j'ai l'habitude de travailler. Je me suis inspirée de leurs forces et de leurs faiblesses, donc la gigue est apparue sans que j'aie à la traiter de manière particulière. »
Ce ne sera certainement pas la fin du parcours pour ces jeunes artistes car ils ont tous l'intention de faire diffuser leur travail ailleurs. Philippe se concentre sur son solo : « Par rapport à ce projet, Set vicieux, j’ai l’intention de mettre mon chapeau de gestionnaire et tenter de le diffuser davantage. » Même écho pour Ian : « Cette pièce est une première ébauche. Je termine un cycle de création avec cette pièce. Je veux, dans un future rapproché, attacher mes trois dernières créations pour en faire une trilogie. Ce serait une soirée d’environ une heure. Elle me permettrait de diffuser mon travail plus facilement et faire découvrir la gigue et la gigue contemporaine à un public qui n’y a pas accès. » Pour Sandrine, le message est assez clair si vous êtes diffuseur : « Je souhaite rediffuser ma pièce ailleurs. Des intéressés? » Pour ce qui est d'Isabelle, elle veut prendre des vacances, semble-t-il. Ou peut-être lancer un solo d'humour : « Après mon passage à Tangente, je ferais d'autres passages ailleurs. J'espère sortir mon vélo bientôt. Je vais aussi aller au soleil chaud de la Floride, revenir bronzée et faire chier tout le monde au passage. À mon retour de Floride, je ferai un passage vers un appartement avec des caméras pour tourner le Pop-up #6. Au passage, je vais manger des spaghetti. Après ce troisième passage, j'espère passer par une cabane à sucre, et faire un passage souterrain. En revenant, je vais surement avoir une grande collection de passages. » Vous êtes maintenant au courant de ce qui se passe à Tangente. Pour plus de détails, visitez le site web de Tangente. http://www.tangente.qc.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=133
Les interprètes dans le spectacle.
Fente ta gigue ! : Olivier Arseneault, Sébastien Chalumeau, Kim Henry et Jonathan C. Rousseau.
L'indifférence : Sébastien Chalumeau, Sandrine Martel-Laferrière, Marie-Laurence Lamothe-Hétu, Marianne Larose et Antoine Turmine.
Les interprètes dans le spectacle.
Fente ta gigue ! : Olivier Arseneault, Sébastien Chalumeau, Kim Henry et Jonathan C. Rousseau.
L'indifférence : Sébastien Chalumeau, Sandrine Martel-Laferrière, Marie-Laurence Lamothe-Hétu, Marianne Larose et Antoine Turmine.