Une révérence au chaos, une mémoire à nos origines primates, une parodie de l'absurde?
21 septembre 2012
Critique du spectacle Ne meurs pas tout de suite, on nous regarde de Manuel Roque.
- Mandana Anahita (Bio)

Manuel Roque dans «Ne meurs pas tout de suite, on nous regarde».
Crédit photo : Sandra Lynn Bélanger
Comment définir le jeu merveilleux de Manuel Roque et de Lucie Vigneault, tous deux danseurs interprètes au cœur de la Compagnie Marie Chouinard? Ces artistes de talent s’engagent dans une interprétation bestiale du comportement humain. C’est presque un prélude à l’angoisse hystérique et à la honte flamboyante du narcissisme humain. Il est temps de bien écouter ce que les artistes cherchent à nous dire.
Une scène remplie de ballons colorés ouvre la scène. Les artistes sont d’un ennui très gênant dans cet espace qui présage l’amusement et le rire. Le silence devient un marasme d’inconfort et de lassitude qui gagne mon voisin et celui d’à côté. Jusqu’où oseront-ils repousser nos limites? Je suis moi-même très excitée par l’absurde raillerie qui se prélasse sur scène et dans le public. Comment plaire à un auditoire dans ce chaos frénétique? Manuel Roque traverse les angoisses de la petite enfance à travers une amplification d’un comportement bien réel de l’être humain. L’enfant qui veut sa mère par-dessus tout, l’adolescent qui cherche à se faire remarquer et à plaire. Le jeune adulte enragé et révolté. Le duo se tisse doucement lorsque Lucie interprète majestueusement à son tour, de façon très caricaturale, le comportement névrotique de la gent féminine dès sa plus jeune enfance jusqu’au méandre du règne animal que contient la psyché humaine.
Est-il plus facile de tenir tête à l’indécent macabre de notre confort, en assourdissant les habitudes et les pensées névralgiques qui accablent notre mental? Les interprètes Roque et Vigneault lèvent ce flambeau de la réussite et nous ont tenu tête! Ce n’était pas un jeu d’enfant de crier la rage au ventre dans une salle estomaquée par le ridicule frénétique qui encombrait l’atmosphère. Si Manuel Roque gravit rapidement les échelons dans sa carrière, il l’incarne aisément dans son gestuel chorégraphique en nous imposant des figures corporelles scéniques digne d’un « boot camp » théâtral.
Où est-ce que nous sommes?
Moi je dirai dans la psyché humaine, le débarras des refoulements où les émotions enragées se rigidifient habituellement dans le soma humain. Notre duo incarne inlassablement ces pulsions enragées au travers du développement humain et d’une recherche laborieuse de la kinésique humaine. Quelque part le jeu de scène cherche à nous miroiter l’angoisse et la névrose de l’être dès son plus jeune âge, pendant l’adolescence et l’âge adulte. Par l’allégresse développée dans l’expression cathartique des corps et des voix, cette pièce devient de plus en plus ludique et drôle, nous exposant à une identification presque inconfortable de l’insalubrité de notre existence. Un exutoire philanthropique qui en valait vraiment la peine! Magnifique travail.
Merci encore une fois à Tangente dans le cadre des laboratoires de mouvement contemporain. Ce projet a également reçu le soutien du Conseil des arts, du Cirque du soleil, et du festival Quartiers Danses.
Le spectacle à lieu jusqu'au 23 septembre. Pour plus de détails visitez le site web de Tangente.
http://www.tangente.qc.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=55&lang=fr
Extraits du spectacle.
Une scène remplie de ballons colorés ouvre la scène. Les artistes sont d’un ennui très gênant dans cet espace qui présage l’amusement et le rire. Le silence devient un marasme d’inconfort et de lassitude qui gagne mon voisin et celui d’à côté. Jusqu’où oseront-ils repousser nos limites? Je suis moi-même très excitée par l’absurde raillerie qui se prélasse sur scène et dans le public. Comment plaire à un auditoire dans ce chaos frénétique? Manuel Roque traverse les angoisses de la petite enfance à travers une amplification d’un comportement bien réel de l’être humain. L’enfant qui veut sa mère par-dessus tout, l’adolescent qui cherche à se faire remarquer et à plaire. Le jeune adulte enragé et révolté. Le duo se tisse doucement lorsque Lucie interprète majestueusement à son tour, de façon très caricaturale, le comportement névrotique de la gent féminine dès sa plus jeune enfance jusqu’au méandre du règne animal que contient la psyché humaine.
Est-il plus facile de tenir tête à l’indécent macabre de notre confort, en assourdissant les habitudes et les pensées névralgiques qui accablent notre mental? Les interprètes Roque et Vigneault lèvent ce flambeau de la réussite et nous ont tenu tête! Ce n’était pas un jeu d’enfant de crier la rage au ventre dans une salle estomaquée par le ridicule frénétique qui encombrait l’atmosphère. Si Manuel Roque gravit rapidement les échelons dans sa carrière, il l’incarne aisément dans son gestuel chorégraphique en nous imposant des figures corporelles scéniques digne d’un « boot camp » théâtral.
Où est-ce que nous sommes?
Moi je dirai dans la psyché humaine, le débarras des refoulements où les émotions enragées se rigidifient habituellement dans le soma humain. Notre duo incarne inlassablement ces pulsions enragées au travers du développement humain et d’une recherche laborieuse de la kinésique humaine. Quelque part le jeu de scène cherche à nous miroiter l’angoisse et la névrose de l’être dès son plus jeune âge, pendant l’adolescence et l’âge adulte. Par l’allégresse développée dans l’expression cathartique des corps et des voix, cette pièce devient de plus en plus ludique et drôle, nous exposant à une identification presque inconfortable de l’insalubrité de notre existence. Un exutoire philanthropique qui en valait vraiment la peine! Magnifique travail.
Merci encore une fois à Tangente dans le cadre des laboratoires de mouvement contemporain. Ce projet a également reçu le soutien du Conseil des arts, du Cirque du soleil, et du festival Quartiers Danses.
Le spectacle à lieu jusqu'au 23 septembre. Pour plus de détails visitez le site web de Tangente.
http://www.tangente.qc.ca/index.php?option=com_content&view=article&id=55&lang=fr
Extraits du spectacle.