Ginette Laurin et Jens Van Daele unissent leurs forces
17 avril 2017
Article à propos du spectacle Tierra de Ginette Laurin et Jens Van Daele présenté par Danse-Cité.
- Oliver Koomsatira
Dans le cadre de ses Traces-Chorégraphes, Danse-Cité présentera Tierra, une collaboration entre les créateurs Ginette Laurin et Jens van Daele, du 25 au 29 avril prochain à la Cinquième Salle de la Place des Arts. Nous nous sommes entretenus avec Audrey Bergeron, interprète dans la pièce ayant collaboré avec Ginette Laurin sur plusieurs autres créations depuis 2013, pour en apprendre davantage sur le spectacle et son processus. Nous avons d’abord demandé à Audrey de nous parler du processus de création, qui a débuté à l’automne 2016 à Montréal : « Dans les studios du CCOV, nous avons travaillé avec Ginette Laurin qui a entamé quatre différents tableaux, qui serviraient de points de départ. L'un d'entre eux explorait l'idée du cercle impliquant une énergie qui force à toujours se relever et continuer, un autre au sol, évoquant une ambiance caverneuse, sensuelle et animale, une séquence de groupe linéaire, abstraite et mathématique puis un dernier duo empreint d'humanité et de sensibilité. »
Suite à ces deux semaines de création, Audrey et sa collègue Patricia van Deutekom se sont dirigées vers le Vieux Continent pour poursuivre le travail avec le reste de l’équipe : « Emportant avec nous le legs chorégraphique de Ginette, nous avons poursuivi la création à Arnhem aux Pays-Bas, sous la direction de Jens van Daele. Nous avons alors transmis le matériel chorégraphique aux trois autres danseuses du projet : Elaine Gadet, Naomi Schwarz et Merle Schiebergen. Avec une approche davantage collaborative avec les danseurs, [Jens] a partagé avec chacune de nous des lignes directrices personnelles. L'une devait être rebelle et en résistance contre les catastrophes naturelles, l'autre nomade, l'autre devait désirer rester dans le noyau, l'utérus de la terre-mère, l'autre devait se battre contre elle-même et moi, en m'inspirant autant jeunesse que vieillesse et apporter de la lumière. Pour ce faire, il nous a écrit chacune un poème que nous avons dû traduire en mouvement, chacune à notre façon. Nous avons aussi construit ensemble des sections de groupe. À la fin, nous avons assemblé ensemble tous les morceaux, après avoir changé beaucoup de fois l'ordre des tableaux. Nous avons travaillé deux semaines avec les musiciens, qui ont composé la trame musicale. Cette musique, alliant musique électronique et percussions, a permis de rallier les morceaux dans un seul univers. Jouée en live, les musiciens suivent parfois nos mouvements et parfois nous suivons la musique. Même à certains moments, ce n'est pas clair qui suit qui, ce qui crée une complicité aussi entre la danse et la musique. Une conversation sensible. »
Suite à ces deux semaines de création, Audrey et sa collègue Patricia van Deutekom se sont dirigées vers le Vieux Continent pour poursuivre le travail avec le reste de l’équipe : « Emportant avec nous le legs chorégraphique de Ginette, nous avons poursuivi la création à Arnhem aux Pays-Bas, sous la direction de Jens van Daele. Nous avons alors transmis le matériel chorégraphique aux trois autres danseuses du projet : Elaine Gadet, Naomi Schwarz et Merle Schiebergen. Avec une approche davantage collaborative avec les danseurs, [Jens] a partagé avec chacune de nous des lignes directrices personnelles. L'une devait être rebelle et en résistance contre les catastrophes naturelles, l'autre nomade, l'autre devait désirer rester dans le noyau, l'utérus de la terre-mère, l'autre devait se battre contre elle-même et moi, en m'inspirant autant jeunesse que vieillesse et apporter de la lumière. Pour ce faire, il nous a écrit chacune un poème que nous avons dû traduire en mouvement, chacune à notre façon. Nous avons aussi construit ensemble des sections de groupe. À la fin, nous avons assemblé ensemble tous les morceaux, après avoir changé beaucoup de fois l'ordre des tableaux. Nous avons travaillé deux semaines avec les musiciens, qui ont composé la trame musicale. Cette musique, alliant musique électronique et percussions, a permis de rallier les morceaux dans un seul univers. Jouée en live, les musiciens suivent parfois nos mouvements et parfois nous suivons la musique. Même à certains moments, ce n'est pas clair qui suit qui, ce qui crée une complicité aussi entre la danse et la musique. Une conversation sensible. »
Tierra signifiant « terre » en espagnol, les chorégraphes ont porté un regard sur l’homme et son habitat. Nous avons demandé à Audrey de nous parler de sa perception de l’approche que les créateurs ont eu envers cette thématique. Voici ce qu’elle nous a partagé : « J'ai l'impression que Ginette Laurin a été inspirée davantage par les forces extérieures invisibles, quelque chose de mystique voire spirituelle, ainsi que sur les liens complexes qui nous unissent. Sa façon de créer est très instinctive et fait ressortir le détail. De son côté, Jens est préoccupé par la question politique et est très touché par la situation actuelle du monde. Aussi nostalgique, je pense qu'il est très sensible aux fins (qu'il déteste) et donc inspiré par l'idée que toute poussière redevient poussière. Sa méthode de travail fait ressortir l'individu. »
Ayant participé à plusieurs créations signées par Ginette Laurin, de quelle manière ce spectacle et son processus se distingue-t-il des expériences précédentes que l'interprète a vécu avec la chorégraphe?
« C'est la première fois que je participais à une telle collaboration entre deux chorégraphes. Puisque la chorégraphie a été créée à relais, en deux étapes, je me suis sentie d'abord "à la maison" avec Ginette, puis ensuite "en terrain inconnu" avec Jens. Dans tous les sens du terme (Montréal/Pays-Bas). C'était aussi un défi d'aller continuer la création aux Pays-Bas, et d'être en quelque sorte la "représentante" du travail de Ginette. Je me suis rendue compte que sa signature est aussi empreinte dans mon corps et qu'au côtés de danseurs issus d'une autre culture et d'une différente formation, elle contrastait et devenait encore plus claire. Respiration, rythme plus lent, précision du geste et utilisation du visage sont entre autres quelques éléments que j'ai essayé de préserver au coeur du tourbillon dynamique, technique et volontaire générés par Jens et les autres danseuses. Ceux qui connaissent le travail de Jens ont trouvé que cette pièce est plus nuancée, que la nouvelle douceur qui s'y trouve permet de mettre en valeur les parties énergiques. J'ai hâte de connaître les réactions du public montréalais vis-à-vis de l'influence de Jens sur la signature de Ginette! C'est encore un mystère pour moi.
Ayant participé à plusieurs créations signées par Ginette Laurin, de quelle manière ce spectacle et son processus se distingue-t-il des expériences précédentes que l'interprète a vécu avec la chorégraphe?
« C'est la première fois que je participais à une telle collaboration entre deux chorégraphes. Puisque la chorégraphie a été créée à relais, en deux étapes, je me suis sentie d'abord "à la maison" avec Ginette, puis ensuite "en terrain inconnu" avec Jens. Dans tous les sens du terme (Montréal/Pays-Bas). C'était aussi un défi d'aller continuer la création aux Pays-Bas, et d'être en quelque sorte la "représentante" du travail de Ginette. Je me suis rendue compte que sa signature est aussi empreinte dans mon corps et qu'au côtés de danseurs issus d'une autre culture et d'une différente formation, elle contrastait et devenait encore plus claire. Respiration, rythme plus lent, précision du geste et utilisation du visage sont entre autres quelques éléments que j'ai essayé de préserver au coeur du tourbillon dynamique, technique et volontaire générés par Jens et les autres danseuses. Ceux qui connaissent le travail de Jens ont trouvé que cette pièce est plus nuancée, que la nouvelle douceur qui s'y trouve permet de mettre en valeur les parties énergiques. J'ai hâte de connaître les réactions du public montréalais vis-à-vis de l'influence de Jens sur la signature de Ginette! C'est encore un mystère pour moi.
Pour terminer, suite au passage de Tierra à la Place des Arts, Audrey sait-elle si il y aura une suite au projet? « Je crois que Tierra à Montréal est peut-être la fin du projet, après plus de 38 représentations au total, dont 33 aux Pays-Bas. À moins que d'autres opportunités se présentent à l'international, au plus grand désir de Jens de faire connaître son travail en dehors de son pays où il tourne déjà beaucoup. » Elle ajoute « qu’il se trame une discussion à propos d'une autre collaboration entre Ginette et Jens, une version plus longue du duo entamé entre Patricia et moi pour 2019. À suivre… » Pour obtenir plus de détails sur le spectacle Tierra, consultez le site de Danse-Cité.
http://www.danse-cite.org/fr/spectacles/2017/tierra
http://www.danse-cite.org/fr/spectacles/2017/tierra