2 spectacles. 4 continents. 9 danseurs. 1 salle vide.
22 sept. 2011
Critique de Reach Our Soul de Yann Lheureux et de Portraits de Georges-Nicolas Tremblay.
-Oliver Koomsatira
Georges-Nicolas Tremblay. Crédit de la photo Susan Paulson.
Le public montréalais vient tout juste de recevoir un spectacle magique. Reach Our Soul du chorégraphe français Yann Lheureux a littéralement transformé la salle Jean-Eudes hier soir. Il est difficile de ne pas en dire trop sa pièce, puisqu'elle est très conceptuelle et que sa magie provient en grande partie de ces concepts ingénieux. Ce serait comme révéler la fin d'un bon film policier, de dire le «punch» d'une blague hilarante, ou bien de donner la réponse à une devinette. En espérant que vous aurez la chance de voir ce spectacle de vos propres yeux, je ne vous donne que quelques pistes pour ne pas gâcher votre expérience.
Au niveau de l'esthétique de la gestuelle, on peut dire que ça ressemble au style contemporain/urbain de Rubberband Dance ou Destins Croisés. Beaucoup de glissades au sol, de mélange de passes breakdance métamorphosées, avec quelques traces de capoeira. Bref, un délice visuel pour ceux et celles qui aiment cette forme hybride qui coule.
Côté émotionnel, c'était un spectacle touchant, très personnel, intime. Nous en apprenons beaucoup sur l'histoire de ces danseurs et nous avons presque l'impression de devenir leurs amis. Ils nous révèlent beaucoup de vérités sur eux qui s'avèrent à être également vrai pour nous, qui que nous soyons. C'est un spectacle qui tente de briser les barrières qui nous séparent. Que ce soit des barrières géographiques, culturelles, linguistiques, psychologiques, émotionnelles, tous les moyens sont utilisés pour rapprocher le public et les interprètes.
C'est une pièce qui fait rire, qui donne des frissons, qui émerveille, qui transporte, qui transforme. Beaucoup de théâtralité, beaucoup d'humour absurde, beaucoup de beaux effets visuels et sonores. Bref, les sens et les émotions sont stimulés et nous en ressortons transformés. Ce qui est triste, mais pas surprenant, c'est que même si le spectacle était phénoménal et gratuit, la salle était presque vide. Pourquoi? Si jamais vous pouvez aller voir cette pièce, que ce soit à Montréal ou ailleurs dans le monde, saisissez l'opportunité car ces danseurs viennent de très loin et leurs vies personnels les sépareront probablement à nouveau.
En deuxième partie, il y a eu le chorégraphe Georges-Nicolas Tremblay, de Montréal cette fois-ci, qui a présenté sa nouvelle création Portrait. À première vue, la pièce semble traiter de l'amour romantique. Avec différents tons, différents points de vue, différents personnages, nous découvrons les défis qu'engendrent les relations affectives, ou du moins nous en sommes rappelés. Parfois avec de l'humour plutôt sombre, parfois avec une touche plus dramatique, nous devenons témoins du tourment des personnages dans leur quête à trouver ce bien-être amoureux.
La clarté théâtrale des personnages est toutefois meublée par des solos physiques et un duo très détaillé et complexe. Le corps vient exprimer la douleur qu'ils ressentent et la maladresse dont ils souffrent. Il y'en a pour tous les goûts avec des moments crus, osés, absurdes, doux, étranges. C'est une étude, comme le mentionne le programme, qui vaut la peine d'être étudiée. Surtout avec les interprètes Alexandre Carlos, Marc-André Goulet, Claudine Hébert, Merryn Kritzinger et Philippe Poirier qui commande la scène avec une présence confiante tout au long du spectacle.
Vous pouvez encore assister à ces 2 pièces le 22 septembre et à un duo de Georges-Nicolas Tremblay le 25 septembre. Visitez site de Quartiers Danses pour plus de détails.
http://www.quartiersdanses.com/2011/08/yann-lheureux-france-georges-nicolas-tremblay-montreal/
http://www.quartiersdanses.com/2011/08/francoise-sullivan-georges-nicolas-tremblay-genevieve-bolla-montreal/