Orlando de Deborah Dunn, création d’une pièce inspirée du roman de Virginia Woolf
15 mars 2012
Critique du spectacle Orlando de Deborah Dunn présenté par l'Agora de la danse.
- Mandana Anahita (Bio)

Le spectacle « Orlando » de Deborah Dunn. Photo de Michael Slobodian.
Qui n’a pas déjà rêvé de changer d’époque ou de retourner dans une vie antérieure? La chorégraphe originaire de Vancouver présente une interprétation singulière du roman d’un auteur britannique du début XX ème siècle. Virginia Woolf est une des premières figures féministes marquantes dans l’histoire de la littérature britannique en révélant son roman en 1928. Orlando, un personnage androgyne dont Dunn fait le personnage principal de cette pièce chorégraphique. Il est interprété brillamment par la danseuse contemporaine Audrey Juteau.
Six interprètes enveloppent la scène de l’Agora de la danse et intègrent avec succès le théâtre et la danse, en naviguant entre ces deux composantes avec fluidité et humour. Orlando est un formidable tissage chorégraphique entre la danse contemporaine, le style ballet victorien, le contact-improvisation dans des jeux de contrepoids, ajouté à cela un humour théâtrale digne du cinéma muet de Chaplin. Je suis, page par page, les révélations du livre. Rien n’y manque, je retrouve dans cette lenteur lyrique une proposition nouvelle d’une danse théâtralisée, me permettant de ressentir le mélodrame aussi aisément que dans une pièce de théâtre grâce au travail corporel et gestuel. Les éléments scéniques tels que les objets de scène ou les costumes par exemple deviennent en eux-mêmes des composantes narratives en se juxtaposant au bruitage sonore. Un langage dansé se compose alors, les mots ne devenant qu’une cadence humoristique au travers des chapitres.
Cette histoire traverse les époques en un temps éclair. Grâce au travail chorégraphique et scénographique, je plonge successivement dans divers univers du personnage qui se transforme et se transporte au travers des époques. Orlando (Audrey Juteau) entouré de cinq autres personnages-interprètes traversent littéralement cinq siècles (16ème au 20ème siècle) par une mise en scène à la fois narrative et chorégraphique. Le choix de cinq interprètes n’est peut-être pas un hasard, lorsque la danseuse flotte et se laisse porter d’un interprète à l’autre tout comme le personnage d’Orlando, d’une époque à l’autre.
Pour mieux vous guider, je serais tentée de vous raconter l’histoire d’Orlando, un personnage mi-homme mi-femme dans une quête existentielle qui relève du pouvoir de dire « Non » à une époque où la femme avait peu de choix. Mais ce qui a le plus retenu mon attention c’est moins l’apogée du féminisme en tant que tel mais plutôt le travail de recherche chorégraphique suggérant les phrasés mélodramatiques qui traduisaient les valeurs narratives de cette époque telles que la prouesse, la vanité, la candeur, l’avarice, la romance ou les tabous. Deborah Dunn et ses collaborateurs sont parvenus à développer et élaborer une recherche gestuelle et de mouvements par l’expression corporelle, la technique contemporaine et de contact-improvisation.
Dunn, anciennement scénographe et conceptrice de costume, accordent tout naturellement une grande place aux costumes et à leur pouvoir de communication. En effet, chaque vêtement, aussi excentrique que lyrique, apporte plus qu’un attribut théâtral ou scénique. En fait, il contribue de façon enrichissante à nourrir l’interprétation chorégraphique. Chaque interprète deviendra tour à tour un homme ou une femme, lorsqu’au cours de la pièce les interprètes Natalie Zoé Gauld, Alexandre Parenteau, Nicolas Patry, Sara hanley, Nancy Rivest et Audrey Juteau auront un espace dédié à un solo caractérisant le personnage qu’ils incarnent. L’avant-gardisme de Woolf ajouté à la créativité de Dunn transforme le costume en une composante narrative alimentant les transitions scéniques et la métamorphose du personnage androgyne. Ce personnage est déchiré en deux, il lutte entre la difficulté de créer et de trouver l’amour véritable. « Entre biographie et conte fantastique, Orlando est une odyssée d’une poésie folle ».
Pour plus détails sur l'oeuvre qui a lieu jusqu'à ce samedi, visitez le site web de l'Agora de la danse. http://www.agoradanse.com/en/spectacles/2012/orlando
Extraits de Orlando.
Six interprètes enveloppent la scène de l’Agora de la danse et intègrent avec succès le théâtre et la danse, en naviguant entre ces deux composantes avec fluidité et humour. Orlando est un formidable tissage chorégraphique entre la danse contemporaine, le style ballet victorien, le contact-improvisation dans des jeux de contrepoids, ajouté à cela un humour théâtrale digne du cinéma muet de Chaplin. Je suis, page par page, les révélations du livre. Rien n’y manque, je retrouve dans cette lenteur lyrique une proposition nouvelle d’une danse théâtralisée, me permettant de ressentir le mélodrame aussi aisément que dans une pièce de théâtre grâce au travail corporel et gestuel. Les éléments scéniques tels que les objets de scène ou les costumes par exemple deviennent en eux-mêmes des composantes narratives en se juxtaposant au bruitage sonore. Un langage dansé se compose alors, les mots ne devenant qu’une cadence humoristique au travers des chapitres.
Cette histoire traverse les époques en un temps éclair. Grâce au travail chorégraphique et scénographique, je plonge successivement dans divers univers du personnage qui se transforme et se transporte au travers des époques. Orlando (Audrey Juteau) entouré de cinq autres personnages-interprètes traversent littéralement cinq siècles (16ème au 20ème siècle) par une mise en scène à la fois narrative et chorégraphique. Le choix de cinq interprètes n’est peut-être pas un hasard, lorsque la danseuse flotte et se laisse porter d’un interprète à l’autre tout comme le personnage d’Orlando, d’une époque à l’autre.
Pour mieux vous guider, je serais tentée de vous raconter l’histoire d’Orlando, un personnage mi-homme mi-femme dans une quête existentielle qui relève du pouvoir de dire « Non » à une époque où la femme avait peu de choix. Mais ce qui a le plus retenu mon attention c’est moins l’apogée du féminisme en tant que tel mais plutôt le travail de recherche chorégraphique suggérant les phrasés mélodramatiques qui traduisaient les valeurs narratives de cette époque telles que la prouesse, la vanité, la candeur, l’avarice, la romance ou les tabous. Deborah Dunn et ses collaborateurs sont parvenus à développer et élaborer une recherche gestuelle et de mouvements par l’expression corporelle, la technique contemporaine et de contact-improvisation.
Dunn, anciennement scénographe et conceptrice de costume, accordent tout naturellement une grande place aux costumes et à leur pouvoir de communication. En effet, chaque vêtement, aussi excentrique que lyrique, apporte plus qu’un attribut théâtral ou scénique. En fait, il contribue de façon enrichissante à nourrir l’interprétation chorégraphique. Chaque interprète deviendra tour à tour un homme ou une femme, lorsqu’au cours de la pièce les interprètes Natalie Zoé Gauld, Alexandre Parenteau, Nicolas Patry, Sara hanley, Nancy Rivest et Audrey Juteau auront un espace dédié à un solo caractérisant le personnage qu’ils incarnent. L’avant-gardisme de Woolf ajouté à la créativité de Dunn transforme le costume en une composante narrative alimentant les transitions scéniques et la métamorphose du personnage androgyne. Ce personnage est déchiré en deux, il lutte entre la difficulté de créer et de trouver l’amour véritable. « Entre biographie et conte fantastique, Orlando est une odyssée d’une poésie folle ».
Pour plus détails sur l'oeuvre qui a lieu jusqu'à ce samedi, visitez le site web de l'Agora de la danse. http://www.agoradanse.com/en/spectacles/2012/orlando
Extraits de Orlando.