Germán Jauregui, Jason Martin et Marie Chouinard en spectacle
24 mai 2017
Article à propos du spectacle des finissants de l'École de danse contemporaine de Montréal présenté à la Maison de la culture Frontenac.
- Oliver Koomsatira
À chaque année, près d'une vingtaine d’étudiant(e)s en danse contemporaine terminent leurs études à l’École de danse contemporaine de Montréal. La culmination de leur formation donne lieu à une série de représentations intitulée Les danses de mai. Pour cet événement spécial, l’école invite des chorégraphes, tant de la relève qu’établis, pour créer ou remonter une pièce de leur répertoire. Généralement, c’est une opportunité en or autant pour les étudiant(e)s que pour les chorégraphes. Pour les finissant(e)s, ça leur permet d’avoir une expérience de travail ressemblant au vrai monde de la danse professionnelle tout en développant des contacts. Pour les chorégraphes, ça leur permet de travailler avec un grand groupe d’interprètes sans avoir à penser au financement de leur pièce. Cette année, les chorégraphes invités sont Germán Jauregui, Jason Martin et Marie Chouinard (représentée par Isabelle Poirier). En premier lieu, ils nous partagent un peu d’information sur leur pièce.
Pour Germán Jauregui, c’est simple, vous devrez vous déplacer pour savoir de quoi traite sa pièce Reviens, le soir : « Expliquer une oeuvre est impossible car il n'appartient pas au domaine du rationnel, l’action d'expliquer une oeuvre est à la base une mutilation, une sorte de trahison à l’oeuvre. Le public doit la recevoir sans aucune traduction. » Pour Jason Martin, il traite pour sa part de sujets humains : « Souffle se veut être une pièce qui pointe l’attention sur la nécessité de se dépasser pour avoir accès à son humanité. Au seuil de l’épuisement, les interprètes se vident, retirent des couches. Dans une bulle et partageant le même air, le même combustible, dans une respiration commune, un souffle collectif, chacun se découvre et se montre plus lucide face à la réalité. De ce dépassement jaillit une vérité primaire, la danse se veut libératrice, défaite de toutes chaînes morales ou sociales, pleinement habitée. Dans cette pièce, la notion d’équipe est aussi importante, l'idée même de faire partie d'une seule et même entité, de nourrir ensemble un plus grand que soi. Il faut savoir se fixer un but personnel pour grandir et évoluer, mais ce n’est que lorsque chacun parvient à se dépasser, à s’oublier, qu’il se met véritablement au service du groupe. » Pour la compagnie Marie Chouinard, voici un petit topo de son oeuvre 24 Préludes de Chopin : « En 1999, Marie Chouinard a approché la création des 24 Préludes de Chopin comme 24 petites histoires autonomes, 24 états d’âme. Depuis 18 ans, cette œuvre tourne continuellement dans le monde. Elle a été présentée plus de 160 fois dans 24 pays, et a été acclamée dans les plus grands théâtres et festivals, notamment la Biennale de Venise, ImPulzTanz (Vienne), le Centre National des Arts (Ottawa), la Place des Arts (Montréal), le Théâtre de la Ville (Paris) et Julidans (Amsterdam). Pour cette transmission faite aux finissants de l’École de danse contemporaine de Montréal, la mise en scène – habituellement pour une dizaine de danseurs – a été complètement réinterprétée et adaptée à un groupe de 22 interprètes par Isabelle Poirier, répétitrice à la COMPAGNIE MARIE CHOUINARD et danseuse lors de la création de cette œuvre. »
Pour Germán Jauregui, c’est simple, vous devrez vous déplacer pour savoir de quoi traite sa pièce Reviens, le soir : « Expliquer une oeuvre est impossible car il n'appartient pas au domaine du rationnel, l’action d'expliquer une oeuvre est à la base une mutilation, une sorte de trahison à l’oeuvre. Le public doit la recevoir sans aucune traduction. » Pour Jason Martin, il traite pour sa part de sujets humains : « Souffle se veut être une pièce qui pointe l’attention sur la nécessité de se dépasser pour avoir accès à son humanité. Au seuil de l’épuisement, les interprètes se vident, retirent des couches. Dans une bulle et partageant le même air, le même combustible, dans une respiration commune, un souffle collectif, chacun se découvre et se montre plus lucide face à la réalité. De ce dépassement jaillit une vérité primaire, la danse se veut libératrice, défaite de toutes chaînes morales ou sociales, pleinement habitée. Dans cette pièce, la notion d’équipe est aussi importante, l'idée même de faire partie d'une seule et même entité, de nourrir ensemble un plus grand que soi. Il faut savoir se fixer un but personnel pour grandir et évoluer, mais ce n’est que lorsque chacun parvient à se dépasser, à s’oublier, qu’il se met véritablement au service du groupe. » Pour la compagnie Marie Chouinard, voici un petit topo de son oeuvre 24 Préludes de Chopin : « En 1999, Marie Chouinard a approché la création des 24 Préludes de Chopin comme 24 petites histoires autonomes, 24 états d’âme. Depuis 18 ans, cette œuvre tourne continuellement dans le monde. Elle a été présentée plus de 160 fois dans 24 pays, et a été acclamée dans les plus grands théâtres et festivals, notamment la Biennale de Venise, ImPulzTanz (Vienne), le Centre National des Arts (Ottawa), la Place des Arts (Montréal), le Théâtre de la Ville (Paris) et Julidans (Amsterdam). Pour cette transmission faite aux finissants de l’École de danse contemporaine de Montréal, la mise en scène – habituellement pour une dizaine de danseurs – a été complètement réinterprétée et adaptée à un groupe de 22 interprètes par Isabelle Poirier, répétitrice à la COMPAGNIE MARIE CHOUINARD et danseuse lors de la création de cette œuvre. »
Maintenant, qu’en est-il du processus créatif? Germán Jauregui nous explique brièvement : « Je leur ai donné un cadre, un contexte précis, après ils ont rentré, cherché et trouvé l'expression physique et physiologique la plus juste et honnête possible. » De son côté, Jason Martin nous en dit plus : « Lorsque je débute une nouvelle création, je m’appuie d’abord sur le travail du corps, le corps porteur d'une tension, d'une frénésie, d'une réalité bestiale et instinctive. En studio, je crée rapidement du mouvement très précis, chaque mouvement génère une émotion pure, une vérité, et je crois qu’il faut l’écouter, l’embrasser, l’accepter. J’ai poussé les élèves de l’EDCM à être à l'écoute de leurs pulsions et d’avoir le désir de se dépasser. Cela a créé une pièce empreinte d’une sincérité, il ne restait alors plus qu’à assembler les morceaux pour partager ce qui jaillissait instinctivement chez eux. Souffle n’est que le reflet de l’humanité de ces élèves qui ont su ne faire qu’un avec la création. »
Pour Isabelle Poirier, elle a eu le défi de préserver l’intégrité d’une oeuvre existante tout en l’adaptant au contexte pédagogique de l’école : « Dans un premier temps, lors du stage d'été de l’EDCM, j’ai eu l’occasion de diriger des ateliers d’interprétation en amont de l’apprentissage précis de la chorégraphie, afin d’aider les étudiants à comprendre les intentions, le caractère et la sensibilité de chaque prélude. Ces explorations préparatoires avaient pour objectif d'amorcer un travail de compréhension des qualités fondamentales du mouvement (colonne vertébrale, souffle, etc.) et de l’interprétation (musicalité, changements d'état, mobilité du visage, etc.) qui rythment les œuvres de Marie Chouinard. Au début des répétitions cet hiver, tous les étudiants ont appris les 24 préludes afin de les incorporer et d’approfondir leur compréhension de l'œuvre entière. Lors de cet apprentissage, j'ai commencé à faire des essais pour changer le nombre d'interprètes de certains préludes. La chorégraphie originale est construite pour une dizaine de danseurs. Pour ce groupe de 22 étudiants, Marie et moi nous nous sommes entendues pour refaire la mise en scène et permettre ainsi à ce grand groupe d’étudiants d’interpréter, dans ce cadre pédagogique, plus de préludes, tout en gardant intacts les intentions et le travail dans l'espace. » Elle nous donne un exemple du genre d’adaptation qui a été nécessaire pour accomplir le processus : « Par exemple, pour le prélude no 6 qui, à l'origine, convie 5 interprètes, j'ai mis en scène les 22 étudiants. Pour le prélude no 13 qui est un solo pour un danseur, j'ai intégré les 8 hommes de la cohorte. De même, le solo no 15 est maintenant interprété par 8 étudiants. Par ailleurs, j'ai aussi gardé parfois la version originale de la chorégraphie pour maintenir intacte, par exemple, la force d'un solo. Après avoir déterminé combien d’interprètes étaient nécessaires à chacun des préludes, j'ai effectué un casting en tenant compte des forces de chaque danseur, tout en assurant une équité au niveau des rôles afin que chacun puisse se mesurer à l'œuvre de façon équitable. Par la suite, nous avons commencé à assembler les préludes de façon chronologique. D’une répétition à l’autre, les étudiants étaient de plus en plus confiants quant à l’exécution du mouvement et la musicalité de l’œuvre. De plus en plus, ils incarnaient ces différents états de corps de façon vibrante. L'exécution d'un prélude doit, non pas être « subie », mais vécue. L'expérience du répertoire de Marie est ainsi portée avec une grande fougue, du studio à la scène. »
Pour Isabelle Poirier, elle a eu le défi de préserver l’intégrité d’une oeuvre existante tout en l’adaptant au contexte pédagogique de l’école : « Dans un premier temps, lors du stage d'été de l’EDCM, j’ai eu l’occasion de diriger des ateliers d’interprétation en amont de l’apprentissage précis de la chorégraphie, afin d’aider les étudiants à comprendre les intentions, le caractère et la sensibilité de chaque prélude. Ces explorations préparatoires avaient pour objectif d'amorcer un travail de compréhension des qualités fondamentales du mouvement (colonne vertébrale, souffle, etc.) et de l’interprétation (musicalité, changements d'état, mobilité du visage, etc.) qui rythment les œuvres de Marie Chouinard. Au début des répétitions cet hiver, tous les étudiants ont appris les 24 préludes afin de les incorporer et d’approfondir leur compréhension de l'œuvre entière. Lors de cet apprentissage, j'ai commencé à faire des essais pour changer le nombre d'interprètes de certains préludes. La chorégraphie originale est construite pour une dizaine de danseurs. Pour ce groupe de 22 étudiants, Marie et moi nous nous sommes entendues pour refaire la mise en scène et permettre ainsi à ce grand groupe d’étudiants d’interpréter, dans ce cadre pédagogique, plus de préludes, tout en gardant intacts les intentions et le travail dans l'espace. » Elle nous donne un exemple du genre d’adaptation qui a été nécessaire pour accomplir le processus : « Par exemple, pour le prélude no 6 qui, à l'origine, convie 5 interprètes, j'ai mis en scène les 22 étudiants. Pour le prélude no 13 qui est un solo pour un danseur, j'ai intégré les 8 hommes de la cohorte. De même, le solo no 15 est maintenant interprété par 8 étudiants. Par ailleurs, j'ai aussi gardé parfois la version originale de la chorégraphie pour maintenir intacte, par exemple, la force d'un solo. Après avoir déterminé combien d’interprètes étaient nécessaires à chacun des préludes, j'ai effectué un casting en tenant compte des forces de chaque danseur, tout en assurant une équité au niveau des rôles afin que chacun puisse se mesurer à l'œuvre de façon équitable. Par la suite, nous avons commencé à assembler les préludes de façon chronologique. D’une répétition à l’autre, les étudiants étaient de plus en plus confiants quant à l’exécution du mouvement et la musicalité de l’œuvre. De plus en plus, ils incarnaient ces différents états de corps de façon vibrante. L'exécution d'un prélude doit, non pas être « subie », mais vécue. L'expérience du répertoire de Marie est ainsi portée avec une grande fougue, du studio à la scène. »
Pour conclure, voici maintenant quelques passages de la part de finissantes, exprimant comment leur formation leur ont servi. Jessica Dupont-Roux nous partage sa réflexion : « Durant ma formation, j'ai surtout appris à faire confiance en l'artiste et en l'individu que je suis. » Voici aussi un passage de Cyndie Forget-Gravel : « L’École de danse contemporaine de Montréal m’a énormément fait grandir. Les apprentissages que j’y ai fait ont participé à forger l’artiste et l’être humain que je suis. J’ai découvert énormément sur moi et sur ce que j’avais envie d’accomplir dans mon futur. L’authenticité, la force, la persévérance, les défis, la nouveauté et l’inconnu sont quelques éléments qui me passionnent dans la danse et qui me pousseront à toujours travailler plus fort pour atteindre mes buts. Mon entrée dans le monde professionnel de la danse contemporaine me stimule plus que jamais, et ça ne fait que commencer. »
Pour plus de détails sur le spectacle, visitez leur site web.
http://www.edcmtl.com/fr/formation-superieure/spectacles/les-danses-de-mai
Pour plus de détails sur le spectacle, visitez leur site web.
http://www.edcmtl.com/fr/formation-superieure/spectacles/les-danses-de-mai